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L’incroyable volant rectangulaire de Tesla va-t-il voir le jour ?

Lors de l’annonce de ses nouveaux Model S Plaid et Model X, le constructeur californien a dévoilé un nouveau volant, le Yoke, qui interroge autant par sa forme que par sa possibilité d’être interdit à la commercialisation.

Tesla pourra-t-il homologuer un jour son volant Yoke ? Présenté en même temps que les nouvelles versions de la Model S et de la Model X, le volant rectangulaire de Tesla fait partie intégrante du nouvel habitacle prévu par la marque pour ses futurs véhicules. Au format rectangulaire, dépourvu de partie supérieure et de comodos, il semble directement inspiré de celui de KITT, la voiture futuriste de David Hasselhoff dans la série K-2000. D’autres y voient un clin d’oeil aux commandes d’avions ou aux volants de Formule 1. Mais quelque soit l’inspiration des designers de Tesla, une question subsiste : ce volant si particulier sera-t-il interdit ?

Le volant de KITT, la voiture de K2000

Le Yoke est-il un volant comme les autres ?

L’usage du Yoke est assez similaire à celui d’une volant classique, du moins en apparence. Bien qu’il offre une préhension moins franche, il permet évidemment de diriger la voiture. « Pas de levier, pas de changement de vitesse »… en épurant son accessoire de tous les boutons et comodos habituels, Tesla propose une nouvelle façon de conduire dans laquelle, l’accès aux clignotants, aux essuie-glaces ou encore à l’Autopilot se fait via différentes zones tactiles avec un retour haptique. En effet, à l’heure actuelle que ce soit pour activer ou désactiver l’Autopilot ou encore pour changer de mode de conduite, le conducteur d’une Tesla doit passer par un comodo au niveau du volant. 

Tesla – Le nouvel habitacle des Tesla Model S et Model X.

Mais dans l’esprit de Tesla, ce volant semble avoir un véritable rôle à jouer, et pas uniquement esthétique. En effet, cette disparition parcellaire du volant classique est perçue par le constructeur comme un pas supplémentaire vers la voiture 100% autonome, son objectif à terme. Si le volant offre moins d’options en apparence, c’est bien parce que Tesla prévoit que celles-ci soient gérées à terme par une intelligence artificielle. C’est ce que révèle un document obtenu par le site spécialisé Electrek. Selon cette note internet, l’IA serait en mesure de « déterminer le mode de conduite à adopter. Par exemple, si la voiture fait face à un mur, elle sélectionnera automatiquement la marche arrière une fois que le conducteur aura appuyé sur la pédale de frein ». 

Tesla – De subtiles commandes tactiles pour remplacer les comodos.

Les touches haptiques sur le volant, ainsi que le sélecteur de modes de conduite au niveau de la console centrale doivent être perçus comme une étape intermédiaire dans le long chemin qui mène vers la conduite autonome. Leur objectif serait de ne pas trop perturber les habitudes de conduite des automobilistes tout en les amenant progressivement vers un changement plus important. 

Peut-il être homologué ?

C’est la question centrale autour de ce volant Yoke. Pourra-t-il un jour voir le jour ? Le souci ne repose pas vraiment sur la capacité du constructeur à le fabriquer mais bien à le faire homologuer. Et le problème est double, car il ne suffit pas que sa vente soit autorisée aux Etats-Unis pour qu’il soit disponible dans les Tesla vendues en France. En effet, la réglementation européenne pourrait aussi être un frein à sa commercialisation.

Tesla – Un demi-volant avant la disparition du volant ?

Que dit Tesla ? Pour le constructeur californien, la cause semble entendue : son volant est apte pour le marché américain. Mais le constructeur n’est-il pas allé un peu vite en besogne ? En effet, quelques jours après l’annonce des volants Yoke, interrogée par le site Road&Track, la NHTSA (l’autorité américaine en matière de régulation automobile) a refusé de se prononcer sur la conformité de l’accessoire. Pire, l’organisme a précisé ne pas avoir été consulté en amont par Tesla. L’organisme refuse de se prononcer : « Pour le moment, la NHTSA ne peut pas déterminer si le volant répond aux normes fédérales de sécurité des véhicules automobiles. Nous contacterons le constructeur pour plus d’informations », expliquent-ils. Si Tesla est si sûr de son coup, c’est que la législation américaine est très succincte sur l’aspect du volant, les seuls pré-requis concernent la colonne de direction ce qui laisse la porte ouverte a diverses interprétations stylistiques pour sa forme. 

Seulement disponible aux Etats-Unis ?

Et pour le Vieux continent ? Pour l’Europe et la France, Tesla est nettement moins affirmatif. « Toutes les spécifications sont indiquées pour les modèles américains, les spécifications des modèles européens seront disponibles à l’approche des premières livraisons  », indique le communiqué de la marque. Si l’homologation paraît improbable, le constructeur pourrait tout de même profiter d’un relatif vide juridique en la matière. En effet, selon les textes européens, il n’y a pas de format indiqué pour le volant, mais seulement la nécessité de disposer d’une colonne de direction mécanique. D’après la directive européenne en la matière le volant doit fournir « un contrôle continu dans le but d’assister le conducteur à suivre une direction ». Il doit également y avoir une « relation continue entre l’angle de de commande et l’angle de braquage ». 

Tesla – Le volant du Roadster ou une première version du Yoke.

Difficile là aussi de trouver matière à interdiction à mois que le régulateur ne voit pas au-delà de l’ergonomie particulière du Yoke arguant qu’il réduit la sécurité à bord du véhicule. En effet, avec un volant dépourvu de sa partie supérieure, certaines manoeuvres telles que les marches arrière, certaines manoeuvres de parking ou encore les grands braquages pourraient devenir plus complexes à réaliser. 

Néanmoins, deux décisions européennes récentes semblent aller dans le sens d’une homologation. Aux Pays-Bas d’une part, ou l’autorité locale la Rijksdienst voor het Wegverkeer (RDW) a déjà donné son feu vert indiquant que « la forme du volant n’est prescrite nulle part dans la législation de l’UE ou de la CEE-ONU ». En Grande-Bretagne, ensuite, où le le Département des Transports a confirmé au Sunday Times, que la forme du volant n’était pas un critère de régulation. En France, le débat ne fait que débuter. Damien Adam, député de Seine -Maritime et président du groupe d’études dédié aux véhicules terrestres vient de saisir le ministère des Transports.

Est-ce que Tesla a un plan B ?

La non homologation du Yoke serait évidemment un coup dur pour le constructeur californien. Non seulement parce qu’il rend l’habitacle des Model S et X si particulier mais aussi et surtout parce que Tesla semble miser sur ce petit rectangle pour proposer un autre style de conduite. 

En effet, certains fans du constructeur n’ont pas attendu très longtemps pour imaginer des fonctions propores au Yoke, comme par exemple, celle d’activer le mode « mini-roquettes » sur le futur Roadster. L’activation des propulseurs de fusée issus de Space X pourrait effectivement être l’un des rôles de ce volant peu ordinaire, mais nous entrons là dans le domaine de l’expectative. 

En revanche, ce qui semble se confirmer depuis l’annonce des nouvelles Model S et Model X, c’est que le Yoke pourrait être proposé en option. Ainsi, des internautes ont repéré sur le configurateur américain de Tesla une image de l’intérieur de la nouvelle Model S Plaid avec un volant classique, tout ce qu’il y a de plus circulaire. À moins que Tesla n’anticipe déjà une interdiction de son volant rectangulaire…

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Dimitri Charitsis