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Joël Flichy (Galileo Partners) : ” 2001 sera l’année test pour les start-up “

Au cours de la même semaine, le fonds de capital-risque Galileo a participé au renflouement de FranceMP3 et approuvé la fermeture du site de e-commerce AbCool, dans lequel il avait investi l’an dernier. Analyse de la situation des start-up Internet françaises avec Joël Flichy, associé chez Galileo Partners.


01net. : Vous étiez l’un des principaux investisseurs du site de vente de jouets AbCool. Quelles sont les raisons qui ont vous ont poussé à décider sa fermeture ?
Joël Flichy : Le marché B-to-C ne se développe pas aussi vite que prévu. Il y a trop de monde. La plupart des start-up vont devoir s’adosser à des sociétés du monde réel si elles veulent s’en sortir.N’est-ce pas ce que vous avez essayé de faire avec AbCool.com ? Si, nous étions en passe de signer une fusion avec la société Partner Jouet. Mais il y avait une condition : AbCool devait clore un second tour de table. Or, la chute de l’américain eToys a été fatale pour AbCool : aucun investisseur n’a voulu tenter l’aventure.Pensez-vous qu’un site comme Perenoel.fr soit voué au même destin ? Tous les bruits courent sur ce site. Ils ont approché Galileo Partners pour reprendre AbCool. Ils annoncent des chiffres qui ne sont pas mauvais, mais on ne sait pas jusqu’à quel point ils sont fiables. Pour AbCool, on a décidé de prendre le temps de liquider à l’amiable. Si d’ici là un repreneur valable se présente, pourquoi ne pas vendre !Pensez-vous que la situation d’AbCool.com soit emblématique de la situation actuelle ? Oui. La plupart des start-up n’ont pas atteint leurs objectifs en termes de chiffre d’affaires. Leurs revenus actuels n’atteignent que 50 % de ce qui avait été prévu l’an dernier, car la croissance se fait attendre. Les financiers sont de plus en plus frileux, les paris se révélant difficiles à gagner.Pour les start-up, point de salut ? 2001 sera une année de test, car la plupart d’entre elles n’auront plus d’argent. Les start-up qui survivront seront gagnantes sur le long terme. Mais d’ici là, 80 % d’entre elles disparaîtront. C’est d’ailleurs une des conditions du succès des autres. Si je prends l’exemple de Meilleurtaux.com, c’est flagrant : la start-up est numéro un sur son marché. Pour qu’elle survive, il faut cependant que 80 % de ses adversaires meurent. C’est assez simple et pas très nouveau comme calcul finalement.Dans votre portefeuille de start-up, quelles sont celles qui vont bien ? Les sociétés de techno marchent très bien, je ne me fais pas de souci pour elles. Pour les start-up de contenu B-to-C, qui représentent à peu près 20 % de notre portefeuille, c’est plus difficile. Mais même dans ce cas, je pense que nous arriverons à sauver des sociétés leader comme meilleurtaux.com, SeniorPlanet ou FranceMP3
[NDLR, lire article de 01net. sur FranceMP3], Il y a aussi les sites qui ont gagné la bataille d’avance.Quels sont ces sites qui se sont imposés ? Des sociétés telles qu’ Aufeminin, Promovacances, RueDuCommerce ou Seloger.Internet est-il toujours un bon investissement ?Oui ! Globalement, on a gagné de l’argent. On a déjà fait près de 250 millions de francs de plus-value. Clust et AbCool auront été des échecs, mais j’espère que ce seront les derniers. Et vous savez, perdre 8 à 9 millions de francs dans notre métier, ça n’est pas très grave.

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Mélusine Harlé