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Jean-Yves Hardy (Valtech) : ” Les grands comptes investissent aujourd’hui sur le B-to-B “

Au moment où, Web agencies en tête, les sociétés de services Internet sombrent dans la tourmente, Valtech publie des résultats conformes à ses prévisions : 30,1 millions d’euros de chiffre d’affaires au premier trimestre 2001. Jean-Yves Hardy, cofondateur et PDG de Valtech, s’explique sur les perspectives de croissance de sa société.



01net. :
Quel est le positionnement de Valtech sur le marché des agences Web ?
Jean-Yves Hardy :
Valtech est née en 1993. Contrairement à beaucoup de nos concurrents, nous avons estimé dès le départ qu’un positionnement trop marqué sur le ” front end ” [HTML, graphisme…] était risqué sur le long terme. Sur ce marché très axé B-to-B [business to business] nous étions en concurrence avec les free-lance et les agences de publicité.Avec la tempête boursière, les dot-com ont carrément déserté le marché. Et certains grands comptes n’ont pas montré un enthousiasme débordant vis-à-vis d’Internet, en quoi cela a-t-il affecté votre activité ? Nous avons dû licencier cinquante personnes [sur plus d’un millier, NDLR] à la fin de l’année dernière et faire passer nos effectifs du pôle front end de 15 % à 5 % aujourd’hui. C’est une conséquence de la faiblesse des dot-com. Pour le reste, je ne crois absolument pas à la théorie qui veut que les grands comptes aient pris leur temps avec Internet.Les agences Web traversent dans l’ensemble une période difficile. Certaines, comme MarchFirst, sont en faillite, d’autres réduisent leurs effectifs ou sont à vendre. Comment expliquez-vous une telle débâcle ? Sur ce secteur, les erreurs de stratégie ont été énormes, mais c’est le retournement de tendance des marchés boursiers qui aura porté le coup fatal. Pendant longtemps, on a simplement demandé aux sociétés cotées en Bourse de faire de la croissance, et, en l’espace de six à neuf mois, le marché s’est retourné et s’est mis à exiger des profits. Résultat, les capitalisations boursières ont fondu comme neige au soleil et le reste n’a pas suivi…Envisagez-vous de reprendre certaines activités de Web agencies en difficulté ? Non. Car pour parler clairement, nous ne pouvons pas nous permettre d’accueillir de nouveaux collaborateurs ?” aussi talentueux soient-ils ?” sans le carnet de clients qui va avec. Nous préférons donc poursuivre notre politique de consolidation à l’international en renforçant nos positions sur des marchés où nous sommes déjà présents comme les Etats-Unis, l’Allemagne ou l’Angleterre. Valtech réalise déjà 75 % de son chiffre d’affaires hors de France.Comme la plupart de vos concurrents, vous vous êtes lancés dans une boulimie d’acquisitions pour assurer votre développement, comment avez-vous ” digéré ” ces différentes opérations de croissance externe ? A une époque, certaines sociétés, à l’image de MarchFirst aux Etats-Unis, aujourd’hui en faillite, effectuaient une acquisition par semaine. On envoyait un questionnaire par fax, on bouclait la transaction par échange de titres, que les bénéficiaires s’empressaient de revendre sur le marché quelques semaines plus tard. Mais, à aucun moment les dirigeants ne se déplaçaient pour prendre contact avec leurs nouveaux collaborateurs.Comment voyez-vous l’avenir de Valtech ? On ne veut pas se faire racheter. Même si elle a diminué sensiblement, notre capitalisation boursière est encore de 446 millions d’euros. Ce qui nous laisse une bonne marge de man?”uvre. Nous avons un plan de développement sur trois ans, avec une approche globale de nos activités. Nous avons ainsi récemment créé un joint venture en Corée du Sud, et nous continuerons à privilégier une approche locale des marchés. Nous avons réalisé 86 millions d’euros de chiffre d’affaires en l’an 2000, et nous prévoyons 145 millions d’euros cette année.

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Propos recueillis par Philippe Crouzillacq