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Je joue, donc je suis

Une idée reçue, contre laquelle je m’insurge vaillamment dès que j’en ai l’occasion, est que le jeu vidéo isole les joueurs. Il paraît même que ça peut les abrutir. Je dis non.

Hier encore, alors que j’attendais tranquillement mon tour de payer chez Leclerc, j’entendais deux femmes se plaindre : ” Ha, là, là, si vous saviez… Mon Cédric passe tout son temps devant sa Nintendo, il ne sort plus, il ne voit plus ses amis… “ Et l’autre de lui répondre : ” Vous savez, c’est pareil pour mon Jean-François. D’ailleurs, je ne sais même pas s’il a encore des amis ! “ Elles étaient juste devant moi dans la file d’attente, et, tandis qu’elles continuaient leurs jérémiades, je pouvais observer dans leur caddie les raisons de leur discussion : chacune avait, malgré ses réticences, acheté un jeu pour son rejeton.Mesdames, sachez que le jeu vidéo n’isole pas vos enfants, mais que, au contraire, il les rapproche les uns des autres. Et je vais encore plus loin. Non seulement, il ne les abrutit pas, mais je suis convaincu qu’il peut les aider à développer certaines capacités intellectuelles.Prenez, au hasard, les Pokemon. On pensera ce que l’on voudra de la subtilité et de la finesse de ce jeu (je fais moi-même partie de ceux qui considèrent que l’on n’a rien inventé de plus débile depuis le Club Dorothée), mais il suffit de regarder les attroupements dans les cours d’école pour se rendre compte que son véritable intérêt réside non pas dans la phase en solo, celle où le joueur recherche et capture ses petits monstres, mais dans la suivante, où il compare sa collection avec celle de ses petits camarades, commente les capacités de son Pikachu ou de son Parasect, échange ses monstres, etc. Et c’est pareil pour la plupart des jeux. Quel que soit leur âge, les joueurs adorent en parler entre eux, se raconter leurs performances. Ils ont besoin de se retrouver en communauté pour partager leur expérience.Il est peut-être moins évident de se rendre compte que le jeu peut aussi stimuler l’intellect. Pourtant, un bon joueur doit d’abord faire travailler sa mémoire. Par exemple, dans un jeu de course, il faut connaître par c?”ur tous les circuits et leurs difficultés. Dans un jeu de baston, ce sont les pouvoirs et les coups spéciaux des combattants qu’il faut mémoriser (et là, franchement, c’est pas donné à tout le monde !). Et je ne parle même pas des jeux de réflexion et de stratégie, pour lesquels la démarche intellectuelle est sans doute plus évidente.Bref, à mon sens, ce débat n’a pas lieu d’être. En plus d’être divertissant, le jeu vidéo peut aussi être un véritable stimulant. Comme toujours, le tout, cest de ne pas en abuser.Prochaine chronique le mardi 20 février

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Stephan Schreiber