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Java fait un pas de plus vers le libre

En ouvrant davantage son langage plate-forme aux tenants du logiciel libre, Sun compte faire émerger un écosystème puissant autour du processus JCP et du projet NetBeans, tout en souhaitant pouvoir continuer à garantir
l’interopérabilité.

Java sera-t-il open source ? Pour son premier JavaOne en tant que CEO, Jonathan Schwartz n’a pas attendu pour poser la question à Rich Green, le patron du logiciel chez Sun, réinstallé à ce poste depuis
seulement dix jours. ‘ La question est plutôt de savoir comment ‘, a répondu celui-ci avant d’expliquer le dilemme auquel est confronté le constructeur depuis plusieurs années. D’un côté,
une pression constante pour le pousser à partager le contrôle de l’évolution de son langage et de la plate-forme. De l’autre, l’impérieuse exigence de la compatibilité, dont Sun insiste pour en être le garant.‘ Pour de nombreux développeurs, l’ouverture peut être synonyme de mauvaise nouvelle ‘, commente Rich Green, insistant sur les risques de divergences autour du standard défini par le
JCP (Java Community Process).
‘ Le côté pile de l’ouverture est que la compatibilité est cruciale, explique-t-il. Le grand avantage de Java est sa cohérence dans le temps et sa
capacité d’évolution. Notre objectif est de réussir à mener les deux de front. ‘

Quatre nouveaux produits ouverts

Chaque année, Sun profite de Java One pour annoncer le reversement de ses produits aux communautés open source. Ce fut d’abord le cas de la suite bureautique Star Office, devenue Open Office, du serveur
d’applications précédemment connu sous le nom de Sun ONE, puis d’une partie de ses outils de développement, regroupés au sein de la communauté NetBeans. Enfin, le système d’exploitation Solaris est lui-même devenu un projet
open source. Pour l’édition Java One 2006, qui vient de se dérouler à San Francisco, c’est au tour du moteur d’exécution BPEL, provenant du rachat l’an dernier de SeeBeyond, du portail Java Portal
Server 7, de l’implémentation de référence JMS (Java Message Queue System) et de l’outil Java Studio Creator, qui rejoint le projet NetBeans.Parallèlement, des modifications substantielles ont été apportées à la licence de distribution de la plate-forme Java 5 (un kit de développement et un moteur d’exécution), qui limitait la possibilité de l’incorporer
aux différentes distributions Linux. La nouvelle licence DLJ (Distro License for Java) fait sauter ces obstacles et reçoit le soutien appuyé de Mike Shuttleworth, à l’origine de la distribution Ubuntu, très populaire
auprès des développeurs : ‘ Notre objectif est d’offrir le choix le plus large à nos utilisateurs développeurs. Dans cette logique, nous discutons aussi avec Adobe, par exemple, pour l’intégration de
Flash. ‘
Dans la foulée, les deux compères ont annoncé le support par Sun de la distribution Ubuntu sur les serveurs Sun Niagara. Les distributions Debian et Gentoo se sont également associées à l’annonce de cette nouvelle licence,
applaudie au passage par Novell, qui n’a pourtant pas les mêmes contraintes.

Rejoindre la communauté NetBeans

Jonathan Schwartz le laisse entendre, le passage de Java à l’open source sera en quelque sorte conditionné à la participation des développeurs au processus JCP (Java Community Process),
qui détermine les évolutions du langage et de la plate-forme. Pour beaucoup, celui-ci est surtout contrôlé par Sun et, à un degré moindre, par un club très fermé de très gros éditeurs tels que BEA, IBM ou Oracle. Tout au long de la manifestation,
les responsables de Sun ont multiplié les appels à rejoindre en masse le JCP¨et la communauté NetBeans. ‘ Le JCP n’est pas seulement une affaire de poids lourds, clame Jonathan Schwartz devant un parterre de
développeurs. Les utilisateurs doivent faire entendre leur voix, pas seulement les grands éditeurs. ‘Il en va de même pour le projet d’environnement de développement NetBeans, qui est toujours largement perçu comme à la traîne du projet concurrent Eclipse, initié par IBM et supporté par plus d’une centaine
d’acteurs. Selon Sun, la nouvelle version 5.5 de NetBeans est la première à supporter la dernière spécification Java EE 5, et propose une approche plus intuitive que l’assemblage de modules qui caractérise Eclipse en général.
Ce qui devrait séduire les nouveaux développeurs.Pour Rich Green, la participation active des développeurs à l’évolution de NetBeans est cruciale à la fois en termes de gestion de la qualité et de promotion de l’écosystème. Sur scène, Jonathan Schwartz reçoit fort à
propos le soutien de Jboss en la personne de son fondateur Marc Fleury, coiffé d’un élégant béret, et de Motorola, par la voix de son président Ed Zander, ancien numéro 2 de Sun. Un soutien significatif, dans la mesure où les deux
acteurs sont également membres de la communauté Eclipse, en tant que fournisseurs de plug-ins.Les systèmes mobiles, représentés sur scène par Ed Zander, constituent d’ailleurs l’un des grands vecteurs de progression pour Java, à la fois le langage et la plate-forme Mobile Edition (ME). Pour Jonathan Schwartz, ces
systèmes, à 200 millions d’unités vendues par an, dépassent désormais largement les ventes de PC, Motorola annonçant même la commercialisation de 90 milllions de périphériques en six mois. Ed Zander, de son côté, indique que
Motorola ‘ évolue aussi vite que possible vers une plate-forme Java-Linux ‘, tout en insistant sur l’importance de la cohérence de Java et sur la nécessité de résoudre les problèmes de sécurité
et de respect des droits d’auteur que posent les nouvelles applications de ces petites machines.

Quel modèle économique pour Sun ?

Avec une part croissante de son catalogue logiciel accessible gratuitement dans le monde open source, Sun fait désormais face à une évolution majeure, esquissée il y a quelque temps avec les propositions de poste de travail à 100 $
par utilisateur et par an, déjà initiées à l’époque par l’actuel CEO. ‘ Sun sera le seul organisme de standardisation constructeur de machines ‘, plaisantait un développeur souhaitant
conserver l’anonymat.Jonathan Schwartz, quant à lui, indique que la croissance des services autour du système d’exploitation Solaris, distribué à 5 millions d’exemplaires l’an dernier, n’est pas étrangère à ces nouvelles
résolutions. Reste à savoir si les développeurs lui donneront raison en répondant à ses appels.

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Philippe Davy