En quelques années, les réseaux IP ont proliféré, connectant aussi bien les dorsales de télécommunication que les sites distants d’entreprise. Encore balbutiante il y a deux ou trois ans, la notion de qualité de service (QoS) est devenue aujourd’hui impérative. “Nous sommes sortis du débat technologique. Aujourd’hui, nous en venons aux fondamentaux des services, notamment en matière de téléphonie sur IP “, atteste Laurent Auzély, responsable du développement de la voix sur IP chez Telindus.
Les mécanismes de la qualité de service
Entre l’acheminement d’une requête Internet, le transport d’une conversation téléphonique ou encore le transfert de données entre filiales d’une entreprise, les exigences en matière de qualité de service varient fortement.A minima, la qualité de service se définit comme la moindre perte possible de paquets IP. Elle se traduit aussi par “le bon dimensionnement des réseaux d’acheminement et, dans le cas de la téléphonie sur IP, par le respect d’un temps de latence inférieur à 150 millisecondes”, détaille Jérôme Dilouya, responsable marketing produit d’Easynet.Pour répondre à ces différents besoins, l’ IETF (Internet Engineering Task Force) a mis au point plusieurs mécanismes de gestion de la qualité de service. Ainsi, MPLS (multiprotocol label switching) établit les meilleures routes possibles au sein des résaux d’opérateurs. DiffServ (différentiation de services) définit les niveaux de priorité entre les paquets IP acheminés par les réseaux : il gère la classification des flux, les files d’attente, le niveau de service dû (selon la nature du flux et le client) et la bonne livraison des paquets.
Des mécanismes de gestion adaptés
” DiffServ s’est généralisé à la jonction entre réseaux locaux et réseaux étendus. Ce protocole et ses quatre classes de priorité permettent en effet de définir les différents services proposés, et la façon de les traiter tout au long du réseau “, détaille Hector Avalos, directeur technique de Juniper Networks France.“Grâce à DiffServ, le modèle de comportement des routeurs en matière de classes de service est clairement défini, et ce quelle que soit la marque. Les équipements peuvent ainsi communiquer entre eux, de façon homogène “, ajoute Jean-Marc Barozet, consultant technique chez Cisco France.Les deux concurrents présentent sur le salon des routeurs qui incorporent les fonctions Diffserv. Ainsi, Juniper présente les modèles T320 et M40e, qui intègrent ce protocole dans le système d’exploitation interne. L’équipementier est fidèle en cela à son parti pris d’insérer systématiquement dans ses produits des fonctions de QoS prises en charge par des composants électroniques spécialisés (ASIC).Chez Cisco, les mécanismes de QoS sont gérés de façon logicielle ou matérielle, en fonction de la puissance et du prix du routeur. Autre fabricant à miser sur la qualité de service, Quick Eagle profite de Networld+Interop pour annoncer l’ajout de fonctions logicielles de QoS dans son dernier modèle commercialisé, le WAN 4230.
La barrière financière
A ce jour, seules les grandes entreprises ont les moyens de recourir à la téléphonie sur IP, tant l’investissement initial en équipements réseaux est important. Les opérateurs présents à Networld+Interop anticipent tout de même cette évolution, à l’instar de Flag Telecom ?” qui ouvre un noeud de réseaux IP/MPLS à Paris, à l’attention des ISP ?”, ou de Global Crossing ?” qui annonce un trafic VoIP mondial de deux milliards de minutes sur son réseau, en croissance de 255 % entre les premier et troisième trimestres 2002.La prochaine évolution consistera-t-elle à facturer des flux IP selon leur nature ? Cela n’est apparemment pas à l’ordre du jour chez les opérateurs : “Au plan technique, ce serait ingérable, tant il faudrait ajouter de processeurs dans les routeurs “, conclut Jean-Jacques Vigne, responsable avant-ventes de Colt France.
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