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Internet plombe Wanadoo

La filiale Internet de France Télécom creuse ses pertes à 102 millions d’euros. Quoi que solidement ancrée sur l’activité annuaire, Wanadoo peine à convaincre les marchés de sa différence, et suit les valeurs Internet dans leur descente aux enfers.

En baisse de plus de 40 % depuis le 1er janvier, le cours de Wanadoo atteint, ces deux derniers jours, son plus bas, avec des incursions régulières en dessous des 5 euros. Les 102 millions d’euros de pertes nettes sur l’année 2000, annoncées aujourd’hui, n’arrangent pas la situation de la filiale de France Télécom. D’autant que, lors de son introduction en juillet dernier, Wanadoo affichait fièrement un résultat 1999 cumulé proche de l’équilibre, à -1,9 million d’euros.Pour son premier bilan financier en tant que société cotée, Wanadoo n’a donc pas compensé ses investissements dans Internet avec les revenus issu des Pages Jaunes. Ces derniers représentent encore 67 % du total du chiffre d’affaires, soit 741,5 millions d’euros pour 1 100 millions d’euros au total.L’activité Internet grand public de Wanadoo pèse 359,8 millions d’euros, mais enregistre 331,8 millions de pertes. C’est ce déséquilibre structurel, pressenti par les investisseurs, entre la manne de l’activité d’annuaire et une activité Internet lourdement déficitaire, qui explique la faiblesse du cours actuel de Wanadoo.

Priorité : développer l’activité annuaire hors de France

” Nos résultats sont bien meilleurs que le prédisaient les analystes, déclare le directeur financier de Wanadoo, Wilfried Verstraete. Nos pertes résultent en fait principalement de nos investissements à l’étranger. Sur la France, Wanadoo a même un Ebitda positif. Notre objectif est d’atteindre le même résultat à l’international, Freeserve compris, au quatrième trimestre 2003 .Les bons résultats de Wanadoo France résultent d’un juste équilibre entre les activités annuaires et les activités Internet. La réussite de cette stratégie conforte Nicolas Dufourcq, DG de Wanadoo, dans sa volonté de la reproduire à l’international. Les banques d’affaires apprécient la capacité de Wanadoo à diversifier ses sources de revenus, à l’inverse d’un T-Online ou d’un Tiscali, dont les résultats dépendent principalement de la vente d’accès.L’activité Pages Jaunes de Wanadoo reste principalement confinée à la France, où Wanadoo détient 95 % du marché. Et la route sera longue avant de reproduire la même situation, en Espagne par exemple, où Wanadoo vient d’acquérir le jeune éditeur Indice Multimedia.

Wanadoo, sous-évaluée ou mal évaluée ?

Malgré cela, Morgan Stanley Dean Witter évalue à 9,5 euros la véritable valeur du titre Wanadoo, contre 5,1 aujourd’hui. Pourtant, la banque d’affaires précise aussitôt qu’elle ne fait pas de ce seuil un objectif de cours. Pourquoi ?Selon un analyste du Crédit Suisse Asset Management, la réponse est double : ” Tout d’abord, cela est lié aux marchés en général. Le secteur Internet est massacré. Les investisseurs brûlent ce qu’ils ont survalorisés hier en se désengageant complètement des valeurs Internet. Ensuite, nous constatons que les investisseurs ne savent pas valoriser un groupe comme Wanadoo. Comparer cette société à T-Online, Tiscali, Seat Pagine, ou Yahoo! n’a pas de sens. A la limite, on pourrait dire que Wanadoo est moins une valeur Internet qu’une valeur Pages Jaunes “.” Nous n’avons pas choisi ce benchmark, rétorque Wilfried Verstraete. Nous ne pouvons être comparés à aucune autre valeur en Europe, seulement, les investisseurs ne font pas assez de différences entre elles “. Ainsi, le cours en Bourse du titre Wanadoo suit presque à l’identique l’évolution du marché et celle des valeurs auxquelles il est comparé.

Une stratégie d’acquisition diminuée

La situation ne serait pas aussi inquiétante pour Wanadoo si elle ne risquait pas de contrarier sa politique de développement. ” Des incertitudes sur sa capacité à réaliser son business plan pèsent sur l’entreprise, affirme-t-on au Crédit Suisse Asset Management. Wanadoo est maintenant tétanisé et ne peut poursuivre sa politique d’acquisition “.Ainsi, si Wanadoo est désormais présent en Angleterre depuis le rachat de Freeserve, il lui manque encore une présence en Allemagne. Et selon Nicolas Dufourcq, ” aucune
acquisition importante n’est prévue “. Wanadoo va se focaliser sur la consolidation de ses activités, tout en ” opérant quelques acquisitions naturelles dans la vie d’une entreprise “.Les résultats 2000 et la situation des marchés risquent donc de contraindre Wanadoo à étouffer ses désirs d’expansion. Mais la société garde confiance. Et en attendant un retour à la raison des marchés, Wanadoo ramasse actuellement ses propres actions sur le Premier Marché.

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Frantz Grenier