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Il ne faut pas s’arrêter au critère du coût

La fibre reste inégalée en matière de haut débit et de distance, de sécurité et de qualité de transmission

Depuis des années, dans les réseaux d’entreprise, on oppose fibre optique et cuivre. Il y a dix ans, lorsque sont apparus les premiers systèmes de câblage en fibre, on prévoyait la mort prochaine du cuivre. Celui-ci venait tout juste de se hisser au niveau du 10 Mbit/s – notamment avec le 10 BaseT -, et l’on pensait qu’il avait atteint ses limites. Mais il a trouvé des ressources insoupçonnées. Et lorsque le 100 Mbit/s est apparu, il a répondu présent. Idem avec le Gigabit. De la catégorie 3 destinée au banal téléphone, on est passé à la catégorie 5 pour les données. On parle maintenant de catégorie 5e (enhanced) pour le Gigabit Ethernet, et même de catégorie 6 – une bande passante de 200 MHz, au lieu des 100 MHz de la catégorie 5.En fait, autant que le câble lui-même, ce sont les progrès de l’électronique dans les éléments actifs qui ont permis cette escalade dans les débits. Pour autant, il serait illusoire de croire que le cuivre tient la dragée haute à la fibre dans tous les cas de figure. Ces hauts débits, le cuivre n’est capable de les transporter que sur quelques dizaines de mètres. Portée généralement adaptée à une distribution sur un étage (câblage horizontal), mais insuffisant comme câblage vertical dans une tour ou, plus encore, comme réseau fédérateur dans un campus (hôpital, université, site de production, etc. ). Dès qu’il faut allier haut débit (Gigabit) et distance (plusieurs centaines de mètres, voire des kilomètres), la question ne se pose même pas : la fibre s’impose.Mais il est d’autres cas où, là encore, l’utilisateur n’a pas le choix. Par exemple, en matière de sécurité. Le câble de cuivre émettant un rayonnement, on peut le pirater assez facilement. Avec la fibre, c’est autre chose. Pour entrer en tiers sur une liaison, il faut pratiquer une dérivation. Or, qui dit dérivation dit perte d’énergie. Et en mesurant les puissances à l’émission et à l’arrivée, compte tenu de la perte naturelle en ligne, il est possible de détecter toute intrusion.

Courant électrique contre lumière

a qualité de la transmission en milieu perturbé constitue un autre domaine réservé de la fibre. Le cuivre est très sensible aux rayonnements électromagnétiques. A tel point qu’on est obligé de torsader les conducteurs dans un même câble afin qu’ils ne se perturbent pas les uns les autres avec leurs propres rayonnements. Avec la montée en performance et en débit, cette sensibilité s’est même accrue. Les règles de câblage sont draconiennes. Un câble métallique ne peut passer, par exemple, à moins de vingt centimètres d’un tube au néon. Que dire pour un environnement industriel dans lequel haute tension et moteurs électriques sont autant d’agresseurs. La fibre véhiculant de la lumière (des photons), et non des microcourants électriques, ignore ces dangers mortels pour le cuivre. En outre, parce qu’il transporte du courant, le câble peut se révéler dangereux dans certains milieux. Des risques d’étincelles existent, en effet, susceptibles de provoquer explosions ou incendies.Enfin, un câblage en fibre devient plus rentable en cas de perspectives de croissance rapide du trafic. En cuivre, pour faire face à la montée des débits, il faudra refaire tout ou partie du câblage – passer de la catégorie 5 à la catégorie 5e, voire à la catégorie 6 -, alors que la fibre est plus adaptée à ce genre d’évolution. Finalement, il en coûtera davantage que de poser directement de la fibre (surtout pour la partie transport).Reste la question du prix. Et, là, difficile de généraliser, les avis entre experts divergeant. Pour les uns, un système de câblage en fibre revient jusqu’à 40 % plus cher qu’un câblage cuivre. Pour les autres, de 10 à 15 % seulement. Enfin, il en est qui estiment qu’un câble tout cuivre de catégorie 6 est même plus onéreux. Chaque réseau est particulier et le chiffrage des frais se fait au cas par cas.

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ean-Pierre Soulès