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HP-Compaq : l’OPE de l’année

Jouant l’effet de surprise, HP rachète Compaq pour 25 milliards de dollars. Un mouvement de consolidation aux contours flous, qui permet aux deux protagonistes de concurrencer IBM. Mais les obstacles à la réalisation de ce projet sont nombreux.

Une bombe ! HP a choisi le 3 septembre, jour de la fête du travail américaine (Labour Day), pour dévoiler la première grande consolidation du siècle en informatique. Une transaction, initialement évaluée à 25 milliards de dollars (28 milliards d’euros) par échange d’actions, qui hisse le couple HP-Compaq à la deuxième place derrière IBM, qui, ainsi, voit naître un rival de même envergure. A priori, rien ne semblait les inciter à un tel rapprochement. En concurrence souvent directe, les deux constructeurs faisaient plutôt figure de frères ennemis que d’alliés potentiels, même contre Dell qui, depuis le début de l’année, les dominait d’une courte tête. Qu’il s’agisse des PC, des serveurs ou du stockage, la nouvelle entité se retrouve en position dominante par simple effet de masse. “En s’alliant, HP et Compaq se libèrent mutuellement de la pression que Dell faisait peser sur eux”, juge Lou Mazzuccheli, analyste financier. “Notre première motivation est d’unir nos forces pour être plus efficaces”, justifie Carly Fiorina, PDG de HP. En effet, HP et Compaq attendent, comme principal effet de leur union, la réalisation d’importantes économies d’échelle, notamment en matière de fabrication et de distribution. “Cette opération prend tout son sens si vous l’envisagez à long terme, détaille Carly Fiorina. Au-delà du ralentissement économique, les comportements des entreprises ont changé. Elles attendent de nous une approche plus rationnelle et une compétitivité accrue.” Les deux compagnies affirment, à mots couverts, avoir tiré les leçons de la fulgurante ascension de Dell. “Il y a désormais quelque chose de plus déterminant pour la compétitivité d’un constructeur informatique que ses apports technologiques, ajoute Michael Cappellas, PDG de Compaq, et cela tient à la rationalisation de la production et de la distribution.

Un déficit de services à valeur ajoutée

Certes, mais cette compétitivité tient aussi aux leviers de croissance, tels les services à valeur ajoutée. Et sur ce point, les deux acteurs souffrent d’un grave déficit. Ainsi, malgré le rachat de Comdisco en juillet et le rapprochement raté avec PriceWaterHouseCoopers, HP est encore contraint de faire appel à Accenture, tandis que Compaq, même s’il bénéficie de l’expertise de Digital, tire la majorité de ses revenus de la maintenance et de l’assistance technique. Preuve en est, consolidés, les services ne constituent que 19 % du chiffre d’affaires de HP, à 8,9 milliards de dollars (8,1 milliards d’euros), et 18 % de celui de Compaq, à 5,9 milliard de dollars (5,3 milliards d’euros), contre 40 % pour IBM. Premier fabricant de serveurs, HP-Compaq compte sur ces machines pour entrer dans les grandes entreprises et vendre du service. Toutefois, la société devra engager du personnel qualifié. En effet, sur les 65 000 personnes travaillant pour le service, seules 15 000 sont affectées au travail de conseil.Pour l’heure, les deux PDG n’ont donné que quelques grandes directions, laissant dans l’ombre les questions relatives au devenir des différentes gammes et à la façon dont seraient gérés les canaux de distribution existants. “HP restera la seule marque à terme”, indique cependant Carly Fiorina. Les deux PDG se donnent quatre mois, voire un semestre, pour concilier l’inconciliable. Cela s’étend des types d’infrastructures de production opposés (l’un fabrique aux États-Unis, l’autre sous-traite) à, par exemple, une gamme de serveurs qui ne compterait pas moins de sept architectures matérielles différentes et quatre systèmes d’exploitation. Pour l’instant, seules les grandes lignes sont tracées. Selon le communiqué officiel de HP, la future entité sera divisée en quatre divisions, dont une seulement sera présidée par un membre de Compaq. La première sera consacrée aux technologies d’impression, la deuxième aux PC, portables et autres PDA, la troisième aux équipements d’infrastructure, en mêlant stockage, serveurs et logiciels d’entreprise, et, enfin, la quatrième regroupera les activités de services et de conseil des deux constructeurs. Quoi qu’il en soit, après avoir lancé le PC abordable, Compaq disparaît pour avoir vu juste, et initié un mouvement qui l’a dépassé.































































































 Un recouvrement de gammes à revoir 
 Produits     HP     Compaq 
 Serveurs     Superdome (RISC), NetServer, Server Series A, L et N     Himalaya (Mips), AlphaServer et ProLiant 
         
 Systèmes d’exploitation     HP-UX, MPE/iX     Tru64 Unix, NonStop pour Himalaya et OpenVMS. 
         
 Imprimantes     LaserJet, DeskJet et traceur DesignJet     IJ650, 1200 et 1600 
         
 Cartes réseau     EtherTwist     NC3131 ou 6132, Net Intelligent T700VA, T2400 
         
 Stockage RAID     SureStore     Gammes ESA et EMA 
         
 Stockage sur bande     Gammes SureStore, DAT, DLT et Ultrium     Gamme ESL 
 



On le voit, les zones de recouvrement sont nombreuses. Compaq a déjà annoncé la disparition d’Alpha au profit d’Itanium d’ici à cinq ans, vouant les processeurs Mips au même sort. Pour les plates-formes PA-Risc de HP, elles sont elles aussi promises à l’abandon, au profit d’IA-64. Côté stockage, le partage sera plus ardu, chacun ayant largement investi dans ce domaine, que ce soit sur le NAS ou le SAN sur Fibre Channel. Les deux possèdent aussi un catalogue complet de matériels sur disque ou bande.

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Paul-Philipon Dollet, Laurent Sounack et Fabrice Frossard