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Google, Free, Orange et les autres imaginent les télécoms en 2020

La Lettre de l’Arcep, dans son dernier numéro, a demandé à plusieurs acteurs d’imaginer le secteur dans 12 ans. Morceaux choisis.

Dans le
numéro de novembre/décembre de sa lettre d’information, l’Arcep, le gendarme français des communications et des postes, s’essaie à l’anticipation. Ainsi, l’autorité a
demandé à plusieurs acteurs du marché des télécoms d’imaginer à quoi ressemblera, selon eux, le secteur en 2020. A l’occasion, Didier Lombard, PDG de France Télécom/Orange nous livre une belle lapalissade : 2020, c’est dans
‘ une douzaine d’années ‘. Eh oui ! Et d’ajouter heureusement que ‘ c’est le même intervalle qui nous sépare des années 90, quand la France s’initiait au mobile
(2 millions d’utilisateurs en 1996 contre 56 millions aujourd’hui) et découvrait Internet (500 000 en accès bas débit contre 1 millions en haut débit à la mi-2008) ‘.
Voilà, le décor est planté.
Morceaux choisis de ces exercices de style.

Didier Lombard (France Télécom/Orange) : engager ‘ une nouvelle logique de régulation favorable aux investissements ‘

Le discours est posé. On y reconnaît la patte de l’opérateur historique France Télécom. Didier Lombard part d’un constat simple : ‘ L’utilisateur des services de télécommunications n’est déjà plus un client
passif à l’extrémité d’une ligne (le client dans la première vie des réseaux). Il est devenu lui-même un “noeud” extrêmement actif d’une multitude de réseaux humains et sociaux ‘.
Il faut donc l’alimenter, en
déployant ‘ des infrastructures très haut débit ‘. De nouveaux services qui seront diffusés sur de nouvelles générations de terminaux. Et tout cela ne pourra pas se faire sans
‘ une nouvelle logique de régulation favorable aux investissements.
Tous les ingrédients de notre réussite sont réunis. La recette est connue. Mais le temps presse ‘, avertit Didier
Lombard.

Google : Grâce à Internet, une des solutions pour ‘ une société à basse émission de carbone ‘

Chez Google, on ne prend pas l’environnement à la légère. ‘ Nous générons notre propre énergie renouvelable et avons bâti l’une des plus importantes installations solaires construite par une entreprise aux
Etats-Unis ‘,
explique le géant de l’Internet. Internet justement… Quel rôle le réseau peut-il jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique ? ‘ Qu’il s’agisse de bâtiments
intelligents, de réseaux électriques intelligents, de téléréunions, de télétravail, ou de dématérialisation des procédures (…) Internet est une partie de la solution pour tendre vers une économie à basse émission de
carbone ‘,
souligne Google. Le groupe américain insiste notamment sur la dématérialisation. Un phénomène qui ‘ implique de faciliter la disponibilité en ligne de services publics et commerciaux, de
remplacer certains voyages par de la vidéoconférence et d’utiliser les outils en ligne de collaboration, de traitement de texte, de tableur et de présentation, le fameux “cloud computing” ‘.

Xavier Niel (Iliad/Free) : Quoi de neuf en 2020 ? Tout a peut-être déjà été inventé…

‘ Pas de révolution en terme d’usage. ‘ C’est la prédiction paradoxale du fondateur du groupe Iliad (maison mère de Free), Xavier Niel. Selon lui, la vraie révolution a déjà eu lieu, ou
plutôt elle est en cours : la fibre optique. ‘ Aujourd’hui avec la fibre optique, l’abonné a plus de débit chez lui que la capacité totale possible de la totalité des fréquences allouées aux
télécoms ‘,
souligne Xavier Niel. De la fibre optique partout ? Certes non ! ‘ Collectivement, nous avons fait le choix de la concurrence (…) et la concurrence c’est le choix du plus
grand nombre, parce qu’elle s’exerce là où elle est rentable ‘.
Résultat : avoir ou non la fibre optique, être ou non connecté relève ‘ d’un choix de vie.
Choisir d’habiter
dans une zone non dense, c’est choisir d’avoir un accès inférieur à la modernité,
explique Xavier Niel, au profit d’un air plus sain, d’un environnement plus agréable, de moins de stress… ‘ On
retrouve, sous une autre forme, l’incontournable binôme de l’Internet et de l’environnement.

Alex Türk (Cnil) : ‘ Vers la disparition de la vie privée ‘

‘ Que reste-il de notre vie privée ? De notre droit à l’intimité ? Doit-on parler de droit à la vie privée ou plutôt de droit à la transparence ?, s’interroge le président de la Cnil,
Alex Türk. A une époque où l’internaute est tout à la fois ficheur et fiché,il devient la cible privilégiée des stratèges d’analyse comportementale (…) certains revendiquent haut et fort
le droit de propriété sur leurs données, la liberté de déterminer sans contraintes l’utilisation qu’ils souhaitent faire de leurs données et bien sûr le droit à l’anonymat.
Et Alex Türk de se demander : Mais avons-nous
réellement ce libre choix aujourd’hui ? ‘
. Si la situation est critique elle ne pourrait semble-t-il qu’empirer d’ici à 2020. Car, comme le note le président de la Cnil, en renonçant à une part de plus en
plus importante de notre vie privée, nous risquons ne effet de porter atteinte de manière irréversible, à notre espace intime et à nos droits fondamentaux ‘.
Près de 25 ans après 1984, le livre
d’Orwell est toujours dans les esprits.

Jean-Bernard Levy (Vivendi) : Un super forfait télécoms et plein d’options

Orwell encore, mais pas vraiment avec Vivendi, l’heure est à l’imagination et à la prospective. A quoi ressemblera notre vie quotidienne en 2020 ? Jeremy Rifkin l’avait déjà théorisé, cela se confirme… Ce sera
‘ l’âge de l’accès ‘, ou plutôt ‘ du forfait ‘, dixit Jean-Bernard Levy, le PDG de Vivendi. ‘ Un forfait de télécommunications qui
incluera de nombreux services : téléphones mobiles pour le foyer
, connexion haut débit pour les ordinateurs, la télévision, le réfrigérateur, la voiture, et l’écoute illimitée de contenus musicaux ‘
,
(estampillés Universal ?). Mais qui dit forfait dit aussi supplément, ou plutôt ‘ options ‘ dans le langage de Vivendi. Des ‘ options ‘
qui seront ‘ de plus en plus sophistiquées ‘. On y retrouvera pêle-mêle des ‘ services domotiques (lumière, chauffage, anti-intrusion) derniers films en qualité haute définition
et à la demande ‘.
Bref 2020, aura un petit air de 2008 mais en mieux. Et, cerise sur le gâteau, ‘ le moyen de paiement sera un moyen de paiement et de signature numérique avec une vraie valeur
juridique ‘.


L’intégralité des contributions est à consulter dans
La lettre de l’Arcep, numéro 64, novembre/décembre

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Philippe Crouzillacq