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Fusions et acquisitions : le retour attendu des TMT…

Les opérateurs s’attendent à une franche reprise du mouvement de concentration dans les télécoms, médias et informatique.

Moins d’argent, moins d’opérations, moins de variété : 2001 a marqué une rupture dans les opérations de fusions et acquisitions dans les entreprises de technologies, médias et télécoms. La chute est sévère, après trois années de progression : 37 % d’opérations en moins, selon le relevé effectué par Thomson Financial.En termes financiers, le trou d’air est encore plus fort : le montant total 2001 a été divisé par trois, de plus de 1600 milliards d’euros (10 495 milliards de francs) à 517 milliards. Et cela malgré la conclusion, en fin d’exercice, d’accords de poids, comme le rachat de Comcast par AT&T (80 milliards d’euros) et l’incursion de Vivendi Universal dans la télévision américaine. Malgré, aussi, la comptabilisation du projet d’alliance entre Hewlett-Packard et Compaq (28 milliards d’euros), dont on connaît la faible probabilité d’aboutir.En termes qualitatifs, on relève que les opérations de taille mondiale se concentrent autour d’un nombre restreint de secteurs d’activité ?” les télécoms, l’informatique et les médias ?” au détriment des sociétés de technologie pure et des dot-com.

Le rebond des marchés devrait galvaniser les ” fusacs “

Enfin, les accords transnationaux semblent marquer le pas. Sur les dix plus gros deals faisant intervenir un opérateur américain, huit sont purement nationaux. Un peu moins flagrante en Europe (quatre opérations sur les dix premières concernent un groupe non communautaire), cette forme d’endogamie y reste dominante. Cette conjonction de facteurs négatifs a fait régresser le marché des ” fusacs “, pour les valeurs technologiques, sous ses niveaux de 1998. Les causes premières de ce reflux sont limpides.En amont, la crise boursière a fait fondre la valorisation des technologiques, et la crise économique a, sur le terrain, différé ou figé les velléités de rapprochement. Une mécanique élémentaire qui peut faire penser que 2002 sera d’une autre eau. Un rebond des marchés, prélude à une franche reprise économique, serait de nature à relancer les opportunités de rapprochements, et les ambitions des raiders.Bruno Rossi, qui a piloté l’étude, estime que le courant d’affaires devrait reprendre significativement dans la seconde partie de l’année. “Le terrain est encore instable, les opérateurs restent marqués par l’échec HP-Compaq, et les banquiers sont encore en porte-à-faux. Mais ces petits traumatismes s’oublient en quelques mois. Quant au choc lié aux 11 septembre, je ne crois pas qu’il ait un effet sur les “fusacs””, argumente le stratège de Thomson Financial.

Ce qui reste à consolider

Quels seront les industries sujettes en priorité à cette éventuelle relance des ” fusacs ” ? Un peu les mêmes. Les télécoms et les services, secteurs qui n’ont pas achevé leur consolidation. Les médias, compartiment qui a exagérément été ” corrigé ” par les marchés.À la traîne, encore, les sociétés directement liées à internet, qu’elles soient productrices de contenu ou conceptrices d’infrastructures. Selon le baromètre annuel du site américain Webmergers.com, les rachats d’adresses de sites ont été divisés par deux, aux États-Unis, en 2001. En 2000, 910 sites avaient changé de mains, pour près de 90 milliards de dollars (101 milliards d’euros), contre 523 pour 13,5 milliards de dollars en 2001.Ce mouvement ne devrait pas s’inverser de sitôt, ne serait-ce que du fait de la faible valorisation des dot-com. Où faudra-t-il chercher les gros appétits de TMT en 2002 ? Les professionnels misent à nouveau, de ce côté-ci de l’Atlantique, sur les habituels prédateurs des eaux européennes : opérateurs historiques des télécoms, géants des médias et des services connexes.” Le groupe français à surveiller reste indéniablement Vivendi “, note Bruno Rossi. Thomson Financial ne se risque pas à l’exercice de la prévision chiffrée, mais un ” retour sur les ni-veaux de 1998 “ ne surprendrait pas. Le rebond des montants investis, sur cette base,serait de l’or- dre de 40 %. ” Cela n’ira pas tout seul, nuance un responsable d’une banque d’affaires. La baisse des taux est une bonne chose, mais, en Europe, on n’en a pas vu la couleur. Alors que les freins administratifs et réglementaires du Vieux Continent sont promis à un bel avenir. “

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Jean-Michel Cedro