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Fronde salariale chez Comdirect France

Depuis plus d’une semaine, les salariés français du courtier en ligne Comdirect font grève pour éviter un licenciement au compte-gouttes. A ces difficultés sociales s’ajoutent celles du mandat de vente de la filiale française de la Commerzbank.

Alors que Comdirect France est en vente, les appels au dialogue avec la direction lancés par le comité d’entreprise de la société sont restés sans réponse.En l’absence de communication, les salariés se sont mis en grève mardi dernier. L’intersyndicale (CFDT-CTFC) demande aujourd’hui que la cession du courtier en ligne soit accompagnée de mesures sociales clairement définies : ” Départs négociés pour ceux qui souhaitent quitter l’entreprise, garantie d’emploi sur trois ans pour ceux qui désirent rester “, peut-on lire sur un communiqué de presse.

Mépris du droit français

Un délégué CFDT s’insurge contre le mode de gestion de la crise sociale : ” Les Allemands méprisent le droit français, ils ont envoyé par avion lundi dernier des salariés allemands pour prendre la place des travailleurs en grève. C’est totalement illégal “, raconte-t-il. Sans faire de commentaires, la direction française confirme.Selon le délégué, la direction française de Comdirect aurait par ailleurs tout fait pour mettre le comité d’entreprise à l’écart des négociations de cession de l’entreprise à ses acheteurs potentiels. ” Nous avons été contactés par deux candidats pour négocier le volet social du rachat, mais la banque en charge du dossier pour Commerzbank les a menacés de les éliminer de la course s’ils continuaient. Ils ont arrêté. “Vraisemblablement pressée par le temps, la Commerzbank aurait ainsi tenté de brûler les étapes légales d’une cession. ” La direction française a tenté de fausser le fonctionnement du CE en organisant une réunion d’information et de consultation en même temps. Or, un avocat nous a précisé que ces ordres du jour devaient faire l’objet de réunions séparées. La direction voulait ainsi nous faire prendre des décisions sans connaissance réelle des dossiers, et sans possibilité de consulter des spécialistes “, continue le délégué syndical.Sur ce point précis, aucune confirmation n’a été donnée par la direction, même si l’on sait que toutes les négociations en cours sur le rachat sont faites indépendamment du comité d’entreprise, au nom du ” devoir de réserve”.

En attendant l’année prochaine

En attendant, ” le mouvement se durcit de jour en jour “, constate le délégué, convaincu que la direction cherche à éviter le plan social pour ” licencier les gens au goutte à goutte l’année prochaine, après la vente “.Les conséquences pour le bon fonctionnement actuel de Comdirect sont nombreuses : plus de deux tiers des 58 salariés sont en grève. Le service informatique tourne tout seul, deux personnes seulement assurent le back-office, ce qui pose de sérieux problèmes en termes de gestion des risques.En effet, en tant que courtier, Comdirect doit vérifier la fiabilité de tout passage d’ordre. Cela n’est plus le cas, ce qui pourrait réserver de belles surprises à la filiale de la Commerzbank ou à son repreneur.Demain matin, une réunion extraordinaire devrait se tenir afin d’informer enfin le CE sur l’avenir des salariés. Même s’ils on perdu l’espoir de mener à bien de réelles négociations, ces derniers entendent continuer la grève tant qu’ils nauront pas été entendus.

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Mélusine Harlé