Son pseudo sur le forum de la Freebox est Militari et il ne décolère pas. Client fidèle de Free depuis 2003 et chercheur en génomique, il commande la Freebox Delta dès le 4 décembre pour bénéficier d’un débit de 10 Gbit/s qui lui permettra plus facilement d’envoyer et de recevoir quantité de données scientifiques. Mais quand il reçoit sa box, il découvre que le module SFP (un émetteur-récepteur permettant de se connecter à la fibre optique) livré n’est que de 1 Gbit/s. Son débit est donc plafonné à une performance dix fois moindre que prévue ! Mais même avec un module adapté, ses débits ne se seraient pas envolés. La faute revient au NRO (Noeud de raccordement optique) auquel il est rattaché qui n’est pas compatible avec la technologie permettant d’obtenir 10 Gbit/s avec la Freebox Delta. Et personne chez le FAI n’est en mesure de lui dire quand la situation évoluera.
« Je trouve la politique commerciale de Free déplorable », nous confie-t-il. « Effectivement ils sont très « disruptifs » et secouent le cocotier sur des promesses agressives en terme de fonctionnalités dont le 10Gb/s, mais ils ne les tiennent pas et se réfugient dans les CGV pour justifier leur incapacité à fournir leurs services comme annoncés lors de leurs grandes messes », ajoute-t-il.
Des cas à Paris, Montpellier et Lyon
Nous avons demandé des compléments d’informations à plusieurs reprises à Free depuis le 4 décembre sans jamais obtenir de réponse satisfaisante. Le directeur général d’Iliad, Thomas Reynaud, nous a précisé il y a deux semaines que le problème ne concernerait qu’un seul NRO de l’Est parisien avec une incidence sur seulement quelques quartiers et environ 150 à 200 abonnés.
Si plusieurs journalistes habitant l’Est parisien nous ont confirmé être touchés, d’autres internautes résidant à Lyon, Montpellier ou l’Ouest parisien nous ont assuré subir la même situation. Le phénomène était passé au départ inaperçu en raison des retards de migrations et de livraisons de la Freebox Delta. Difficile toutefois de déterminer son ampleur. La plate-forme J’alerte l’Arcep n’a pas été saisie de plaintes spécifiques, ni des associations de consommateurs comme l’AFUTT (Association français des utilisateurs de télécommunications). Seuls les anciens abonnés et les premiers à avoir bénéficié de la fibre optique chez Free semblent concernés.
Le poids des origines
Au début du déploiement du FttH, Free avait en effet privilégié la technologie P2P (point à point) : une architecture reposant sur une fibre dédiée par client. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et surtout, les 10 Gbit/s de la Freebox Delta reposent sur le standard 10G-EPON, soit une architecture où une même fibre optique est partagée entre plusieurs abonnés. Pour que les clients en P2P puissent bénéficier du 10 Gbit/s, il faut que les équipements de leur NRO soient changés. Admettons que cela soit fait rapidement. Les abonnés déjà livrés se retrouveront tout de même coincés avec leur module SFP à 1 Gbit/s.
Le problème, c’est que le parcours client de Free ne mentionne à aucun moment l’éventualité qu’un client fibré ne puisse accéder aux 10 Gbit/s. Il est toutefois possible de vérifier la compatibilité de sa ligne en se connectant à sa box et en cliquant sur “Etat de la Freebox” dans les paramètres avancés. Une étape indispensable avant de craquer pour l’offre Freebox Delta. Certains abonnés réclament maintenant un geste commercial compensateur. Et tous regrettent l’absence de communication de Free.
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