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Fiac : La création numérique construit son marché

La nouvelle édition de la Foire Internationale d’art contemporain de Paris s’ouvre à l’Art numérique. Celui-ci doit cependant convaincre pour s’imposer, telle la vidéo en son temps.

Cette année, pour la première fois, la Foire internationale d’art contemporain (Fiac), qui se tient du 10 au 15 octobre à Paris, consacrera un espace de 500 m2 à l’art vidéo.Et parmi les 160 galeries présentes Porte de Versailles, une petite dizaine proposeront des ?”uvres numériques, à l’instar de Palix, l’une des pionnières parisiennes en matière d’art multimédia.
 Nous exposerons des artistes comme Orlan, Catherine Ikam ou Aziz et Cucher, annonce Yvonamor Palix, directrice de la galerie. Des artistes qui ont acquis une notoriété et qui se vendent. 

Un public particulier

Le marché de l’art numérique décolle… mais en douceur :
En 1993, première année où nous proposions des ?”uvres multimédias à la Fiac, nous vendions trois pièces. Cette année, nous espérons atteindre la douzaine
“, ajoute-t-elle.De fait, en 2000, l’étude parisienne Cornette de Saint-Cyr réussissait à vendre aux enchères un site de Fred Forest pour 27 440 euros (180 000 francs). Bien que l’exploit n’ait pas été renouvelé, Pierre Cornette de Saint-Cyr veut y voir
la certitude que l’art numérique va trouver son public
.Et de citer François-Henri Pinault, patron de PPR, qui serait sur le point d’ouvrir un musée personnel d’art multimédia, ou le succès grandissant des photos numériques de Nicole Tran Ba Vang, qui se vendent entre 1980 et 6 100 euros, soit un prix comparable à une photo classique bien cotée.
C’est par la photo numérique que les collectionneurs viennent d’abord à cet art, confirme Jean-Luc Soret, cofondateur du festival de création numérique Art-outsiders. Le “web art” ou les installations vidéo supposent de disposer de moyens techniques spécifiques pour les exposer. Sans oublier le problème de la réplication des ?”uvres : ” Le marché de l’art est basé sur la rareté. Or, cette logique est contradictoire avec celle du réseau, qui favorise la profusion, la circulation, l’interactivité (collaboration de plusieurs auteurs) et la non-appropriation marchande “, explique Edmond Couchot, universitaire spécialisé dans l’art numérique.À l’instar du marché de la photo, qui n’a décollé que lorsque les collectionneurs ont appris à ne plus vouloir absolument une ?”uvre unique, l’art numérique devra convaincre de la valeur de CD-Rom ou bandes vidéo numérotés. Et éduquer le collectionneur à voir dans les écrans des cimaises tout aussi prestigieuses que les murs de leur demeure.

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Sophie Janvier-Godat