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Facebook veut encore plus de bots dans Messenger

11 000 bots ont été créés depuis le lancement de Messenger Platform. Son directeur David Marcus dresse aujourd’hui un premier bilan de cette innovation et annonce l’intégration de l’assistant Facebook M d’ici deux ou trois ans.

Français passé par Genève, David Marcus a été président de Paypal avant de prendre la tête des activités de messagerie de Facebook en 2014 au poste de vice-président. Il a notamment été l’artisan de l’autonomisation de Messenger. Présent sur le salon Viva Technology ce vendredi 1er juillet, il revient pour nous sur l’ouverture il y a deux mois et demi de Messenger Platform. Cet outil permet aux développeurs tiers de créer leur propre bot pour interagir avec les utilisateurs de Messenger après qu’ils se soient abonnés. Une petite révolution dans le monde des messageries.

01net : Quel est le bilan que vous tirez des premiers mois de Messenger Platform ?

David Marcus : on compte à ce jour plus de 11 000 bots qui ont été créés depuis le début et 23 000 développeurs qui se sont inscrits sur la plate-forme.  Nous considérons que c’est un succès.

Les utilisateurs se plaignent de messages trop fréquents et de sollicitations hors sujet. Que leur répondez-vous ?

Facebook Messenger garde un droit de regard sur les bots avant leur déploiement et nous n’acceptons pas ceux qui ne respectent pas notre charte de qualité ou nos règles de confidentialité. Nous avons aussi la possibilité de les bloquer après coup et d’être alerté lorsqu’un bot est trop souvent désactivé.  Quant aux utilisateurs, ils peuvent désactiver les notifications et bloquer les bots.

Mais je n’ai pas de problème pour reconnaître que les premiers bots n’étaient pas tous de qualité. De la même manière qu’il y a eu beaucoup de sites atroces au début du Web, et ensuite des appli mobiles atroces avec les premiers smartphones. Aujourd’hui, nous avons suffisamment de recul pour voir ce qui fonctionne. Voyage SNCF en France ou encore American Express aux Etats-Unis marchent très bien, par exemple.

David Marcus, vice-président de Facebook et directeur de Facebook Messenger.
01net.com – David Marcus, vice-président de Facebook et directeur de Facebook Messenger.

Quels sont les bots qui fonctionnent bien justement ?

Ce qui est sûr, c’est qu’un bot ne peut pas être la réplique d’un site internet. Si celui de la NBA rencontre un grand succès, c’est parce qu’il ne commente pas les résultats tout le long d’un match. Au lieu de cela, il envoie une vidéo très courte après chaque rencontre, comme une sorte de résumé. On a aussi remarqué que les médias qui suscitaient le plus d’adhésion étaient ceux qui étaient les plus pointus et qui n’envoyaient pas plus d’une notification par jour. Les informations générales ont moins de succès.

Autre formule qui marche, le bot dating de Meetic en France, qui vient d’être lancé en démonstration et qui s’articule autour de deux personnages, Lara et Tom. Les internautes passent un petit test en dialoguant avec eux, ce qui aboutit ou non à une inscription. Dans ce cas-là, le bot peut remplir la même fonction qu’un formulaire. Sauf que cela est bien plus plaisant et plus pratique à utiliser et pas besoin de s’identifier.

Nous travaillons maintenant à ce que toutes les interactions ne soient pas forcément conversationnelles. Que les gens puissent cliquer sur des images ou sur une liste de réponses possibles sans avoir besoin de prendre la peine d’écrire. On espère lancer aussi très bientôt la possibilité de commander une pizza ou un taxi depuis un bot dans Facebook Messenger en France comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis.

A partir de quel moment considérez-vous qu’un bot rencontre le succès ?

Quand les marques obtiennent un résultat supérieur à ce qu’elles auraient eu avec un site ou une appli en termes d’audience et de transformation.

Mais ces bots ne sont-ils pas une menace de perte d’audience pour les médias et les marques ?

Non, je ne pense pas. Aujourd’hui, on n’utilise pas plus de 5 à 10 applications mobiles. Il devient donc extrêmement difficile pour une nouvelle application de s’imposer à grande échelle. Si vous voyagez une fois avec KLM, par exemple, nous n’allez pas vouloir télécharger son appli. Nous offrons une solution alternative et hybride avec les bots. Vous pouvez donner tous les critères de votre réservation au cours d’une conversation et conserver toutes les informations de votre voyage et votre historique, centralisés dans Facebook Messenger. Même chose pour réserver une chambre hôtel avec le bot Hôtel InterContinental.

Ce que je crois aujourd’hui, c’est qu’il vaut mieux que nous ajoutions de la valeur à Facebook Messenger plutôt que de créer des services qui n’existent pas encore.

Avez-vous toujours pour projet de proposer un mode chiffré en option sur Facebook Messenger ?

Oui. Je ne peux pas en dire plus à ce stade.

Où en est le projet Facebook M ?

Nous continuons à avancer. Je pense que nous serons en mesure de l’intégrer dans nos serveurs d’ici deux ou trois ans. Le projet est piloté par Alexandre Lebrun, le fondateur de la start-up Wit.ai que nous avions rachetée l’année dernière, en partenariat avec Yann LeCun qui dirige le FAIR. Pour le moment nous testons Facebook M à toute petite échelle aux Etats-Unis et nous comptons l’ouvrir à des développeurs tiers.

Le principe est de s’appuyer à la fois sur une intelligence artificielle et des ressources humaines pour répondre aux questions des internautes formulées en langage naturel. Au départ, l’intelligence artificielle n’était même capable de dire le temps qu’il fait à Bordeaux. Depuis, nous avons beaucoup progressé. Les hommes sont là pour apporter de la valeur ajoutée aux réponses et permettre à la machine de mieux comprendre les requêtes. Mais Facebook M sera difficile à internationaliser.

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Par : Opera

Amélie CHARNAY