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Évaluation des salariés : HP et Alcatel aussi sur la sellette

Un groupement de syndicats dénonce le système de notation des employés utilisé à des fins de licenciement.

Big Blue serait-il l’arbre qui cache la forêt ? La révélation d’un système d’évaluation des salariés d’IBM, assorti de quotas et pouvant mener au licenciement pour insuffisance professionnelle, fait tâche d’huile. A l’initiative de la CGT, des syndicats de diverses entreprises high-tech ont tenu une conférence de presse commune le 15 avril dernier, afin de demander l’arrêt de telles pratiques arbitraires qui, à la faveur de la crise, se multiplieraient.Chez HP France, les syndicats ont d’ailleurs saisi la justice sur ce sujet bien avant l’affaire IBM, il y a de cela huit mois. L’audience devait se tenir le 25 avril au tribunal de grande instance de Grenoble. Chaque année, HP attribue à ses salariés des notes de 1 à 5, 1 étant la note la plus basse. Pour Patrick Nowak, délégué CFE-CGC, “un quota de 5 % de notés 1 est, depuis 2001, appliqué dans chaque service “. Un document confidentiel, datant de décembre 2000, explique sans détour le sort réservé aux “faibles contributeurs “. Le “process” dure neuf mois, par tranches probatoires de trois mois, assorti de plans d’amélioration et d’actions correctives. Si le PRB1 (Process Ranking Bank 1) ne redresse pas la barre, il fait l’objet d’une sanction “pouvant aller jusqu’au licenciement “.“L’évaluation existe depuis toujours chez HP mais elle n’a jamais été appliquée de façon aussi explicite “, estime Patrick Nowak. Si le plan social de septembre 2001 (356 suppressions de postes) s’est fait sur la base du volontariat, le délégué syndical entend se montrer très attentif dans le contexte de l’éventuelle fusion HP-Compaq.Au sein d’Alcatel, les faits sont moins tranchés. La grille de cotation, elle aussi établie de 1 à 5, ne concernerait que la population cadre. “Elle a été mise en place il y a trois ans, déclare Daniel Garrel, délégué syndical CGT. A l’époque, le groupe baignait dans l’euphorie. Aujourd’hui, en situation de régression d’activité, l’objectif est dévié.” Il en tient pour preuve une note interne de 2001 imposant des quotas par service. Dénoncée, cette note aurait depuis disparu, mais pas les quotas.

Discrète réévaluation des notés 4 chez IBM

ST Micro Electronics souhaite, quant à lui, prévenir toute dérive. “Officiellement, le classement de A à E ne comporte ni fourchette ni quotas, avance Jean-François Gautier, secrétaire FO. L’entreprise n’est pas en situation de dégraisser mais il vaut mieux tirer la sonnette d’alarme avant.”Enfin, du côté d’IBM France, la procédure avance… lentement. Alors que la ministre Elisabeth Guigou annonçait la conclusion du rapport de l’inspection du travail pour courant mars, elle ne devrait intervenir qu’en juin. Après les présidentielles. L’inspecteur de Nanterre doit, notamment, vérifier si des pratiques discriminatoires liées à l’âge, au sexe ou à l’état de santé ont été opérées. En attendant, Jean-Michel Daire, délégué CFDT, a observé un coup de frein brutal des licenciements et un repli discret de notés 4, réévalués 3. “La direction a allumé un contre-feu en réunissant les syndicats. En dépit des paroles rassurantes, nous n’avons pas obtenu les ratios des salariés notés 4 par tranche d’âge demandés. Nos calculs montrent pourtant une proportion plus élevée chez les plus de cinquante ans.”La médiatisation a aussi libéré la parole en interne. “Les collaborateurs s’expriment plus facilement et les managers ?” contraints de sacrifier certains de leurs employés ?” se sentent soulagés.” Chez IBM depuis 1968, Jean-Michel Daire a toujours connu le système dévaluation. “En rythme de croisière, le pourcentage de notés 4 oscillait entre 0,3 et 0,5 % pour grimper à 3 % en 2001.”

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Xavier Biseul