L’Orpheum Theater de Los Angeles accueille avec la régularité des bâtiments anciens qui ont tout le temps devant eux la conférence E3 d’Ubisoft chaque année. On s’y presse pour y voir les annonces des équipes d’Yves Guillemot.
Grand timonier d’un navire brassé par la tempête Bolloré, le capitaine tient la vague, ses matelots de Montpellier, Annecy, Singapour ou encore Montréal en rangs serrés derrière lui.
Quand Mario rencontre Bwwwwahhh
Mais cette année, le navire amiral a pris des allures de supersonique. Au bout de quelques minutes de conférence, Yves Guillemot se voit rejoint sur scène par Shigeru Miyamoto, où la rencontre entre un dieu japonais et le Saint Esprit du jeu vidéo à la française.
Après moult compliments réciproques, le mur du son est passé, Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle est officialisé. Un jeu tactique frais et drôle qui réinvente l’univers de Mario pour lui rendre hommage et le sublimer à coup de parodie révérencieuse et de délire lapinesque. Le titre sortira en fin d’été, le 29 août 2017 sur Switch et on est d’ores et déjà impatient.
Un miracle n’arrive jamais seul
Après un démarrage pareil, on voit mal comment Ubisoft aurait pu tenir le rythme et surtout finir encore plus en beauté – après tout au-delà de la présence de Shigeru Miyamoto, c’est une déclaration d’amour aux jeux vidéo que les deux hommes ont livré. Mais la société française a réussi par une sorte de miracle ou de tour de force incroyable à garder le cap et à prendre de la vitesse, jusqu’à l’apothéose.
Sautons directement à la conclusion. Un peu comme Half Life 3, on n’osait plus l’attendre… Et pourtant, après quelques mois de teasing, Ubisoft a atteint la vitesse de la lumière avec un trailer exceptionnel pour Beyond Good & Evil 2.
Près de quinze ans que ce jeu en forme de serpent de mer disparaît et réapparaît sur les écrans radar. Au bout des trois minutes et cinquante-et-une secondes de bonheur qu’offre le spectacle du trailer, c’est un Michel Ancel visiblement ému qui est monté sur scène. Au bout de quelques phrases, il a invité Yves Guillemot à le rejoindre, en rappelant que sans ce patron compréhensif, rien n’aurait été possible. Un autre message pour le conquérant Bolloré ? Peut-être pas, pour les actionnaires en tout cas, c’est clairement la preuve que le frère Guillemot est l’homme qu’il faut.
Si le début et la fin de cette conférence d’à peine une heure et quinze minutes ont été une explosion de contentement pour les joueurs et amoureux du jeu vidéo, l’entre-deux a été de haute tenue également.
Avalanche d’excellence
Au point d’ailleurs que le pourtant très attendu Assassin’s Creed Origins passe presque pour un creux dans la vague… ou plutôt dans la dune, car l’action se passe dans l’Egypte ancienne, celle des pharaons. L’effervescence de l’instant a même donné confiance dans ce que pourrait donner The Crew 2, jeu de course qui multiplie les véhicules comme d’autres les pains. A moto et en voiture, normal serait-on tenté de dire, mais également en bateau et en avion… Toujours au travers des Etats-Unis, sur terre, sur mer, sur des rivières, en ville, dans le désert, partout, et, comme vous l’entendez, vous pourrez concourir et faire gronder les moteurs de vos machines. L’inscription bêta est ouverte dès maintenant et le titre devrait sortir début 2018.
Pirates ! Pirates ! Pirates !
Autre point fort de cette conférence, Skull and bones. Développé par Ubisoft Singapour, déjà responsable des batailles navales d’Assassin’s Creed Black Flag, ce jeu de pirate voit grand, loin et frappe fort. Splendide (sur Xbox One X ?), le jeu d’action tactique propose à des joueurs en solo ou en groupe (sous forme de mini armada), de choisir un type de bateau (frégate, brigantine, etc.) et de partir écumer les mers de l’an 1721. Il est ainsi possible de s’affronter en cinq contre cinq et de combattre pour le plus gros butin possible. Attendu pour l’automne 2018, Skull and bones a tout le potentiel des grands jeux.
Oh mon dieu, ils ont ressuscité Kenny !
Passons rapidement sur le très expérimental et difficile à cerner Transference, prévu pour le printemps 2008, jeu en réalité virtuelle produit en partenariat avec Spectrevision, une société qui appartient à l’acteur Elijah Wood… pour évoquer rapidement des deux nouveaux South Park. L’un, The Fractured but Whole, sortira le 17 octobre et a l’air tout ce qu’il y a plus déjanté, tandis que le second, South Park Phone Destroyer, sera lancé courant 2017 sur smartphone, d’où son nom.
Enfin dernier arrêt, intéressons-nous à Starlink Battle for Atlas, un titre ambitieux, prévu pour l’automne 2018, qui repose sur un ensemble de jouets et accessoires. On fixe un vaisseau à sa manette et peut le personnaliser, le modifier en fonction de ses besoins, notamment en changeant le pilote.
Difficile pour l’heure de se faire un avis définitif sur ce jeu, mais il y a assurément des idées. On serait davantage emballé par ce jeu d’exploration spatiale s’il n’y avait pas eu No Man’s Sky récemment. Sans compter qu’à cette crainte de la déception s’ajoute celle d’un modèle économique qui pourrait être une véritable ruine pour l’utilisateur. Imaginez qu’il faille acheter chaque mitrailleuse, lance missile ou autre porte torpille pour pouvoir en bénéficier dans le jeu… L’avenir nous dira qu’en penser !
Une chose est certaine toutefois, la conférence d’Ubisoft a été portée par l’envie du beau jeu, par un amour inconsidéré de l’exploration du potentiel vidéoludique, par des talents qui ne semblent pas se prendre au sérieux mais le sont tout à fait quand il s’agit de produire des titres d’une grande variété. On y trouve des nouveautés, des expérimentations, des séries éprouvées et séduisantes, sur toutes les consoles du moment. Bref, Ubisoft fait un carton plein. Mieux, par son savoir-faire et la construction de sa keynote, il semble devoir remporter une fois encore la palme de la meilleure conférence de l’E3. La passion se perçoit et n’a toujours pas de prix.
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