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Directeur des systèmes d’informationDavantage tacticien que technicien

La tâche d’un directeur des systèmes d’information (DSI) est d’assurer la cohérence de toutes les structures informatiques. Il anticipe également les besoins de l’entreprise, et doit pour cela veiller à la bonne intégration des nouvelles technologies dans l’existant. Il doit faire preuve d’une parfaite connaissance des métiers de l’entreprise pour mener à bien sa mission.

Qu’est-ce qui a changé dans le métier de DSI avec l’arrivée d’internet ? J’ai surtout vu la construction d’un nouveau support de communication, note Marc Nuisière, conseiller technique au ministère de l’Emploi et de la Solidarité. Le double axe esthétique et ergonomique des contenus est beaucoup plus présent que dans les projets habituels.”À la Société générale, Fabrice Penot, directeur de la e-Transformation, estime plutôt qu’internet a “changé beaucoup de choses dans le travail quotidien. De telles applications sont devenues stratégiques pour l’entreprise et il faut en assurer la bonne exploitation au même titre que pour les applications critiques. Quand l’e-mail ne fonctionne pas, c’est aussi grave qu’un arrêt de l’application de gestion de compte.”Chez Renault Automation, Michel Dufour, responsable des systèmes d’information de l’établissement d’Évry, analyse qu’internet, “au travers de la messagerie, a facilité les relations avec les fournisseurs et les clients. Nous gagnons du temps et c’est une bonne chose que d’avoir ouvert le réseau de l’entreprise.” C’est clair : le bilan de 5 ou 7 ans d’internet dépend de l’importance de ce canal au sein des sociétés. Pourtant, une chose est sûre : personne ne peut aujourd’hui se passer du Réseau des réseaux. Le premier besoin, qui est certainement le plus répandu, cible la communication interne et externe de l’entreprise avec la messagerie électronique. Viennent ensuite la communication via les sites web et les intranets, et enfin le transactionnel.

Internet s’implante grâce au transactionnel

“Un peu avant les années 2000, il fallait être devin ou visionnaire pour convaincre les p-dg et les autres directions d’investir en recrutement dans des technologies qui évoluent tous les 6 mois, constate Didier Lieven, Webservices Manager à La Redoute. Nous avons donc mis des budgets à l’extérieur, considérant cela comme une sorte de laboratoire. Aujourd’hui, nous réalisons 4 % de notre chiffre d’affaires avec internet. C’est une réalité : les entreprises ne peuvent pas se passer des nouvelles technologies. L’évolution des métiers est tellement forte que, demain, toutes les DSI vont devoir prendre en charge des compétences Java, XML, etc., qui sont le pendant de Cobol et de DB2.”C’est sûr, le Net marque des points dès que la rentabilité économique est prouvée. Mais la mise en ?”uvre des nouvelles technologies au sein de l’existant devient une mission qui complique singulièrement le travail des directions informatiques. Au point qu’un partage des pouvoirs est une réflexion à la mode.

La nouvelle place du DSI

“Le métier de DSI change, constate Didier Lieven. Le profil est davantage axé sur le système d’information dans sa globalité plutôt que sur l’aspect spécifiquement technique. Le schéma classique a toujours été de placer des techniciens à la tête de la direction informatique et ce schéma est en train de changer à cause des problèmes liés à l’intégration des nouvelles technologies.” Assurer la cohérence des systèmes d’information nécessite une vision plus globale des métiers de l’entreprise que de la technique pure et dure.À la Société générale, Fabrice Penot partage cet avis : “Un modèle à l’américaine, avec un DSI plus proche des métiers et pas forcément issu du milieu technique, secondé par un directeur technique, spécialiste des nouvelles technologies, n’est peut-être pas une mauvaise idée “. Le problème vient du fait que l’ouverture du réseau de l’entreprise vers l’extérieur dépasse le simple cadre technique. Adopter internet ne consiste pas seulement à installer des serveurs supplémentaires, l’entreprise doit également revoir sa politique de sécurité, définir de nouveaux objectifs aux niveaux des services marketing et communication. Les DSI sont débordés par la pléthore d’offres et d’annonces, et il leur devient difficile de concilier à la fois l’opérationnel et le décisionnel.

Le chant des sirènes des technologies miracles

“Les DSI s’appuient sur des chefs techniques, cela signifie bien qu’il existe un fractionnement des technologies. Internet a accentué ces disparités et le rôle du DSI consiste principalement à assurer des relations pertinentes entre les métiers de l’entreprise”, résume Didier Lieven.Le principal souci du DSI est de ne pas céder aux sirènes du marketing, sans pour autant passer à côté de ce qui est bon pour l’entreprise. Le foisonnement des offres et des annonces, parfois présentées comme des technologies miracles, peut s’avérer un véritable piège dans lequel s’embourbe l’entreprise. Les investissements finissent par être colossaux et débouchent sur des promesses non tenues. “Clairement, nous mettons plus de temps à nous décider, reconnaît Vincent Richel, directeur informatique des serres Richel. Je consulte de plus en plus largement autour de moi, je rédige des cahiers des charges qui font appel aux capacités des sociétés externes et je cerne plus finement les besoins de l’entreprise. Il faut ensuite jauger la capacité des réponses à s’adapter à nos besoins. Cela prend plus de temps.” Internet ne laisse pas vraiment le droit à l’erreur.

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Lionel Sarrès