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Collecte de scans d’iris en France : la CNIL enquête sur Worldcoin

Les gendarmes de la vie privée en France se montrent déjà inquiets de la collecte de scan d’iris par Worldcoin, en l’échange de jetons gratuits de sa nouvelle crypto-monnaie.

Il n’a pas fallu plus d’une semaine avant que la CNIL ne se penche sur l’activité de collecte de scan d’iris organisée par Worldcoin. La Commission nationale de l’informatique et des libertés a annoncé qu’elle était au courant du projet de la société américaine (basée aux îles Caïman), qui a procédé à l’installation dans des cafés et coworking de nombreuses capitales dans le monde de point de rendez-vous où les curieux peuvent venir et finaliser leur inscription en réalisant un scan de leur iris par le biais d’une machine conçue par Worldcoin.

À Paris, c’est dans un café-coworking du cinquième arrondissement qu’il fallait se rendre ces derniers jours afin de rejoindre le projet. Une pratique jugée « douteuse » par la CNIL d’un point de vue de la légalité. L’autorité s’inquiète aussi du stockage des données biométriques qui en découlent et leur potentiel d’utilisation. Contactée par Reuters, l’administration a confirmé qu’elle avait ouvert une enquête, dans laquelle les autorités allemandes en Bavière allaient collaborer. Outre-Manche, les régulateurs anglais de l’ICO (Information Commissionner Office) ont également indiqué dès mardi 25 juillet qu’ils ouvraient une enquête visant, elle aussi, Worldcoin et sa pratique de scan d’iris.

Avant l’annonce officielle de l’ouverture des inscriptions, lundi, Worldcoin a agi dans l’ombre. Pendant ces deux dernières années, plus de deux millions de personnes se sont déjà faites enregistrées des informations biométriques via un scan du visage (enfin, des yeux…) en l’échange, là encore, de 25 jetons de la crypto-monnaies du projet, connue sous le symbole WLD (Worldcoin token). Par ailleurs, ce token n’est pas encore disponible ailleurs que sur l’application World App, et aucune information sur son cours n’est donnée pour l’heure – la crypto-monnaie n’a donc pas de valeur marchande spécifiée. Pas de quoi freiner les curieux inscrits, en majorité intéressés par l’appât du gain.

D’un scan d’iris à un certificat d’humanité et un revenu universel

À quoi servira le jeton ? Derrière le projet de Worldcoin, avec sa crypto-monnaie et son certificat d’humanité, pour prouver que l’on est bien un être humain et pas un robot, le discours tenu est de précéder les futurs problèmes que posera l’émergence de l’intelligence artificielle (IA). Selon l’entreprise, il faudra à terme pouvoir proposer un revenu universel pour tous ceux dont l’IA a remplacé leur travail. Quant à ceux qui ont besoin de pouvoir certifier être un vrai être humain pour signer des documents ou des réalisations numériques, il faudra alors une sorte de NFT qui puisse certifier avec un numéro unique que l’on est bien un humain (unique). D’où le passage par un scan de l’iris.

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© Worldcoin

Contacté par Reuters, Worldcoin n’a pas encore commenté l’ouverture des enquêtes conjointes de la CNIL, des autorités bavaroises et de l’ICO anglais. En avril, c’était le média BuzzFeed qui réalisait une enquête sur les dessous du projet. On pouvait alors lire que « Worldcoin est déjà aux prises avec une foule de problèmes, allant de la gestion d’opérateurs Orb en colère à des inquiétudes quant au fait que l’entreprise utilise sa crypto-monnaie comme moyen d’amasser des millions de données biométriques ». En réponse, Worldcoin s’était engagé à rendre anonymes les informations d’iris enregistrées, mais encore aujourd’hui aucun calendrier n’a été présenté sur ce point.

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Source : Reuters