C'est quoi l’audio haute résolution ?

Avec un échantillonnage plus précis du son analogique, cette technologie promet un son numérique de meilleure qualité que les traditionnels CD audio.
Marketing oblige, les constructeurs ne manquent pas une occasion d'apposer sur leurs appareils des sigles pompeux pour indiquer la présence de nouvelles technologies « révolutionnaires ». Ainsi, depuis quelques mois fleurissent sur certains casques et enceintes, notamment, des labels « HD audio » ou « Hi-Res Audio ». Que signifie cet « audio haute résolution » (ou haute définition) ? Concrètement, il s’agit d’un son numérique 24 bits/96 kHz au minimum, qui offre donc une meilleure qualité que les 16 bits/44,1 kHz du CD audio. Si l'on devait synthétiser à outrance, on pourrait dire qu'il s'agit d'un écart d'échantillonage comparable à celui qui peut séparer le Blu-ray du DVD.
Comment est-ce possible ? Pour bien comprendre, il est important de revenir au principe du son numérique. A l’origine, le son est une donnée analogique, comme peut l'être la variation de la pression de l’air ou d’un signal électrique au cours du temps. Pour numériser le son, on prélève des échantillons à intervalles réguliers que l’on code en une série de bits. Lors de la création du CD audio, les constructeurs se sont mis d’accord sur un codage sur 16 bits et un échantillonnage à 44,1 kHz, c’est-à-dire 44100 fois par seconde. Ainsi, une minute de son mono prend environ 5,3 Mo de données et il faut 10,6 Mo pour une minute de stéréo. Lors de la sortie des premiers CD audio en 1984/85, les afficionados du vinyle ont crié à la trahison, accusant le son numérique de ne pas restituer la chaleur du son analogique de leurs bons vieux 33 tours. En effet, le son numérique n’est qu’une approximation plus ou moins précise du son analogique d’origine.

L’échantillonnage du son devient plus précis
Grâce à l’évolution des technologies, les studios d’enregistrement numériques ont adopté une nouvelle norme qui échantillonne désormais le son en 24 bits/96 kHz, voire 192 kHz, au lieu de 16 bits/44,1 kHz. La précision est donc double puisqu’il y a environ deux fois plus d’échantillons enregistrés par seconde et que chaque échantillon bénéficie d’un codage plus précis. Afin de réduire la taille des fichiers (1 minute de stéréo prend 34,6 Mo), il est possible d’appliquer une compression, par exemple celle utilisée par les formats Flac et Alac, mais cette dernière n’est pas destructive, contrairement au MP3 qui comprime en supprimant certaines fréquences. Ces fichiers audio haute définition sont proposés à la vente par des sites tels que Qobuz, mais sont aussi présents sur les nouveaux Blu-ray Pure Audio qu’a lancé Universal Music pour les audiophiles.

Et le matériel ?
Une fois que l’on dispose de fichiers audio 24 bits/96 kHz, il faut pouvoir les lire et les transmettre au casque ou à l’enceinte en limitant la perte de qualité. L’idéal serait de disposer d’un ensemble matériel qui préserve les caractéristiques du son numérique et ne le re-transforme en analogique qu’au dernier moment (juste avant l’envoi aux haut-parleurs). Sony a développé tout une gamme d’appareils dans ce sens (enceintes, casques audio) et a même remis au gout du jour le célèbre Walkman ! Grâce au Wi-Fi, Harman-Kardon utilise une diffusion haute définition pour ses enceintes Omni. Nous avons également testé le casque Hi-Res Audio ATH-MSR7 d’Audio-technica. Signalons aussi le baladeur Pono lancé par le chanteur Neil Young.

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Rivoirard
Il y a déjà quelques années, le marketing a réussi à persuader les gens que leurs photos seraient plus belles avec 15 millions de pixels alors que 2 millions suffisent pour afficher une image en haute définition (1080 lignes par 1900 points) et 3 à imprimer une photo en A4, et cela même sur des smartphones dans lesquels ni la mécanique ni l'optique ne sont capables de suivre. Maintenant, même jeu avec le son : des gens qui n'ont aucune notion de théorie du signal ni du théorème de Shannon se gargarisent avec des bits et des fréquences d'échantillonnage sans savoir qu'échantillonner à 44 kHz suffit pour reconstituer un signal de 22 kHz (alors que la plupart des oreilles n'entendent rien au dessus de 15) et qu'avec 24 bits de profondeur de discrétisation, les derniers bits sont en général noyés dans le bruit. Pour finir, je citerai l'avis de Thierry Soveaux, chroniqueur Hi-Fi de la revue Diapason, un homme qui n'a rien à vendre mais qui a des oreilles pour écouter : "Après des écoutes comparatives fort sérieuses ... rien ne permet d'affirmer que la prétendue haute définition apporte une quelconque plus-value par rapport au 16 / 44 kHz du CD"
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dbu
A quel moment faut-il se calmer?
Coder les couleurs sur 8 bits? Avec 16 millions de nuances?
Coder sur 10 bits et monter à 1 milliard de nuances?
Coder sur 16 bits comme sur certaines stations graphiques et aller jusqu'à près de 300.000 milliards? Quel oeil peut aller jusque là?
Pour le son, c'est pareil. La limite est celle qu'on veut se fixer pour avoir l'air ridicule.
Combien feront la différence au delà du CD? Combien vont investir dans l'équipement?
Il se vendra toujours du haut de gamme mais la vaste majorité des achats d'équipements aujourd'hui se fait sur des enceintes bibliothèques... voire pire. -
jmemarre
Bravo pour cet effort de pédagogie. J'utilise Qobuz Hifi. Sur une chaine avec de très bonne enceinte on fait la différence entre du banal MP3 et du FLAC. Je suis d'accord concernant le MP3 en 320Kb/s, la différence est moins flagrante. Tout dépend également comment les "ingénieurs" du son on réalisé l'enregistrement. Il m'arrive d?écouter Linn radio en streaming c'est du 320K mais la qualité est superbe. Il faut également avoir son oreille exercée pour faire la différence et malheureusement la FM nous envoie du son tellement bricolé avec des compressions de dynamique honteuses pour donner l'impression que sa "pulse" que beaucoup d'oreilles n?ont jamais entendu autre chose. Mais est-ce vraiment ce qu'elles recherchent. Peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse dit le dicton
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Rivoirard
L'auteur de l'article a tout-à-fait raison quand il dit que la différence tient beaucoup plus à la qualité du matériel qu'à la fréquence d'échantillonnage, et d'ailleurs on sait depuis bien longtemps en Hi-Fi que les caractéristiques techniques ne sont absolument pas représentatives de la qualité d'écoute (à part le niveau de bruit). A titre d'exemple, mes SACD sont meilleurs sur un lecteur de CD haut de gamme que sur un lecteur SACD moyen.
Et puisque, d'après certains, plus on échantillonne et meilleurs c'est, cela justifie le fait que, à l'oreille, un bon vieux vinyle, y-a pas mieux ! -
groundlooping
Une autre analogie efficace pour expliquer la différence entre le son sur 16bits et le son encodé sur 24bits est la palette de couleurs.
En 16bits on imagine distinguer du jaune et du rouge, mais rien au milieu
En 24bits, on voit une jaune plus foncé, puis l'orange, le rose, rouge clair, et enfin le rouge.
Le son est plus détaillé dans tout la palette des fréquences audible, le crénelage d'une fréquence à l'autre s'en trouvant lissé pour s'approcher de l'analogique.
C'est perceptible de tout un chacun, mais au début l'oreille doit être exercée.
cordialement.
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