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TikTok, Facebook… Ce que l’on sait de la vaste campagne de désinformation venant de Chine, menée sur les réseaux sociaux

Meta et TikTok ont supprimé de nombreux comptes et pages diffusant des fausses informations sur leurs réseaux sociaux. Selon la maison mère de Facebook, l’opération d’influence et de désinformation proviendrait de Chine, et serait liée à des « individus associés aux forces de l’ordre chinoises ».

TikTok a supprimé 284 comptes, 24 heures après que Meta a annoncé avoir démantelé un vaste réseau de faux comptes, de pages et de groupes diffusant des messages positifs sur la province du Xinjiang en Chine et critiquant les opposants au régime. Il s’agit de « la plus grande opération d’influence secrète multiplateforme connue au monde », rapporte la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp. Dans son dernier rapport publié le 29 août, le groupe de Mark Zuckerberg explique avoir supprimé 7 704 comptes Facebook, 954 pages, 15 comptes Instagram et 15 groupes liés à une opération de désinformation provenant de Pékin. Selon le texte, les plateformes de Meta ne seraient pas les seules à avoir été touchées.

Les réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter), YouTube, Reddit, Pinterest, Medium et TikTok auraient aussi été les vecteurs de diffusion de cette campagne. Le lendemain, c’est justement au tour du réseau social chinois d’annoncer, ce jeudi 31 août, qu’il a, lui aussi, banni 284 comptes : ces derniers ont violé la politique de l’entreprise contre les opérations d’influence, a précisé la plateforme à nos confrères du Guardian.

Messages positifs sur le Xinjiang, critiques des opposants au régime

Que contenaient les messages diffusés ? On pouvait y lire « des commentaires positifs sur la Chine et sa province du Xinjiang », où les Ouïghours, cette ethnie majoritairement musulmane, sont réprimés par le régime chinois. D’autres contenus visaient à publier des commentaires négatifs visant « les États-Unis, les politiques étrangères occidentales », ainsi que des fake news sur les origines de la pandémie du Covid-19, détaille le rapport de Meta. Les « opposants et critiques du gouvernement chinois, y compris les journalistes et les chercheurs », étaient aussi visés. L’objectif de cette campagne était de chercher à influencer des personnalités chinoises vivant hors de Chine, ainsi que des publics cibles vivant à Taïwan, aux États-Unis, en Australie, au Royaume-Uni et au Japon.

Les chercheurs ont pu identifier plusieurs faux comptes, notamment parce qu’ils postaient des contenus similaires, au titre évocateur, comme : « Le bombardement de Nord Stream par les États-Unis est la première étape du “plan de destruction de l’Europe” ». Des hashtags ont aussi été relevés par les chercheurs, à l’image de #ThisispureslanderthatChinahasestablishedasecretpolicedepartmentinEngland – que l’on peut traduire par : « le fait que la Chine ait établi une antenne de police secrète en Angleterre est une pure calomnie ». Il s’agissait d’une réponse à des faits remontant à avril 2023. À New York, la police américaine avait identifié, dans le sud de Manhattan, une antenne de police chinoise clandestine, visant à surveiller et à intimider les dissidents et critiques du gouvernement chinois, expliquait alors un procureur américain. Même chose à Londres, où une cellule similaire avait été détectée. 

Spamouflage, une opération liée à des « individus associés aux forces de l’ordre chinoises »

Ces contenus seraient gérés à partir de différentes régions de Chine, « avec des pointes d’activité en milieu de matinée et en début d’après-midi, heure de Pékin, avec des pauses pour le déjeuner et le dîner, puis une dernière pointe d’activité dans la soirée », écrivent les auteurs du rapport de Meta. Selon le groupe de Mark Zuckerberg, cette tentative d’influence serait rattachée à « Spamouflage », une campagne d’influence de Pékin connue depuis des années qui serait basée en Chine et que Meta tente d’éradiquer depuis 2019. La firme de Menlo Park estime que cette opération comporte des liens étroits avec des « individus associés aux forces de l’ordre chinoises ».

Les comptes utilisés pour cette campagne de désinformation ont été détectés et désactivés par les systèmes automatisés, ajoutent les chercheurs. Cela expliquerait que Spamouflage se soit tourné, désormais, vers des plateformes plus petites.

Le fait que TikTok, le réseau social chinois, supprime aussi des comptes liés à cette campagne est une bonne nouvelle, rapporte Fergus Ryan, cyberanalyste interrogé par nos confrères du Guardian. Mais l’entreprise de ByteDance pourrait encore faire plus, ajoute-t-il, espérant que la société finisse par sortir un rapport similaire à celui de Meta dans les prochains mois, listant toutes les opérations d’influence soutenues par les États.

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Selon Meta, cette campagne de désinformation n’aurait eu, toutefois, que peu d’impact. « Malgré le très grand nombre de comptes et de plateformes qu’il a utilisés, Spamouflage a toujours eu du mal à dépasser sa propre (fausse) chambre d’écho », écrivent les auteurs du rapport. Pour preuve, selon les chercheurs de Meta :  les comptes qui finissaient par suivre les pages gérées par la campagne d’influence étaient eux-mêmes… de faux comptes, provenant du Vietnam, du Bangladesh et du Brésil, soit des régions qui n’étaient pas ciblées par cette campagne d’influence et de désinformation.

Note de la rédaction : cet article a été mis à jour le jeudi 31 août. A été ajouté le fait que TikTok a, lui aussi, supprimé 284 comptes liés à un groupe de désinformation chinois.

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Source : Rapport de Meta du 19 août 2023


Stéphanie Bascou
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