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Boucle Locale : la radio au service du haut-débit

Boucle locale radio : liaison hertzienne permettant de raccorder un abonné au réseau d’un opérateur alternatif sans passer par l’infrastructure locale de France Télécom.

La BLR constitue une véritable menace pour le monopole local de France Télécom et ce, depuis le 1er janvier 2001, date de la libéralisation du marché français des télécommunications. Ce système de transmission par les airs apparaît en effet comme le moyen le plus souple pour contourner un opérateur historique toujours réticent à partager ses centraux téléphoniques et ses fils de cuivre, même au prix de coûteuses licences d’exploitation. Facile à mettre en ?”uvre et autorisant le haut débit, la BLR a un autre avantage : son coût d’installation est inférieur de 40 % à celui qu’occasionnerait la mise en place d’un réseau filaire. La BLR devrait donc entraîner une concurrence accrue sur le marché des télécoms, et alléger d’autant les factures téléphoniques des particuliers et des entreprises. À une condition toutefois : que ses promoteurs trouvent enfin des fonds pour financer un déploiement dans l’Hexagone, dont le coût total en quatre ans atteindrait 1,2 milliard d’euros, selon les estimations du cabinet Tactis.

Principe de fonctionnement : le haut débit par réseau hertzien

La BLR est une technologie de connexion sans fil fixe et bidirectionnelle. Sans fil, car elle utilise des ondes radio (faisceau hertzien) comme moyen de transmission. Fixe, car le récepteur n’est pas mobile comme peut l’être un terminal GSM. Bidirectionnelle enfin, car la liaison se fait dans le sens opérateur-client et vice versa. En pratique, une connexion par BLR nécessite d’installer sur le toit du client une antenne plate (26 cm de diamètre pour FirstMark) orientée vers celle de l’opérateur et un terminal client (NT), sur lequel seront connectés les équipements télécoms de la maison ou de l’entreprise. La BLR autorise un accès à haut débit (de 64 kbit/s à 4 Mbit/s en standard, et jusqu’à 16 Mbit/s pour des grands comptes) à Internet, ainsi qu’aux services voix, données et images. Côté opérateur, la station de base comprend quatre antennes sectorielles de 90?’ d’ouverture, chacune reliée à une baie électronique assurant les connexions avec le réseau principal. Une station locale dessert en moyenne entre 200 et 300 abonnés. La BLR se fonde sur deux bandes de fréquences radio : 3,5 GHz pour les licences nationales et les DOM-TOM, et 26 GHz pour les licences nationales et régionales. Pour l’une comme pour l’autre, plus la distance entre la station de base et l’antenne de l’abonné est élevée, moins la qualité de transfert des données sera bonne. Et, au-delà d’un rayon de six à dix kilomètres, la BLR devient totalement inopérante.

Acteurs : un déploiement freiné par la crise

Le décollage de la BLR française accumule les retards. Au terme d’un appel à candidatures, l’ART avait accordé 54 licences d’exploitation de la BLR (dont deux au niveau national, 44 en région et huit dans les DOM-TOM), réparties entre une douzaine d’opérateurs spécialisés. Au 31 décembre 2001, aucun n’avait tenu les engagements de déploiement imposés par l’ART. Et, en l’espace d’une année, seules 175 stations de base ont été installées dans 30 unités urbaines de plus de 50 000 habitants, avec environ un millier d’entreprises clientes. Les opérateurs disposant d’une licence nationale, FirstMark (Groupe Suez) et Squadran (groupe LDCOM), restent les deux seuls véritablement actifs. Du côté des opérateurs régionaux, qui, pour la plupart, sont incapables de trouver des sources de financement, la concentration est de mise avec une multiplication des rachats (Belgacom par LDCOM, Broadnet par Altitude…) et des abandons (dépôt de bilan de Landtel). Une situation floue et des résultats médiocres qui devraient pousser l’ART à mettre bientôt en place de nouvelles règles. À l’étranger, les incertitudes sont les mêmes. Après avoir suscité l’engouement aux États-Unis, la BLR accumule désormais les faillites (Winstar, Advanced Radio Telecom, Teligent, etc.). En Europe, les signes de désaffection sont également nombreux, notamment en Allemagne.

Alternatives : la DSL, une avancée prometteuse

La BLR doit faire face à la montée en puissance des technologies DSL, une avancée prometteuse pour le haut- débit, d’autant qu’elle utilise les câbles téléphoniques de cuivre. Les tarifs de l’ADSL, sa variante la plus répandue notamment auprès du grand public, sont très proches de ceux de la boucle locale radio. En attendant SDSL, dont le débit, contrairement à l’ADSL, est symétrique. La BLR concurrence également les lignes spécialisées, louées aux opérateurs, dont le prix est plus élevé.

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Rémi Langlet