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Avec PricewaterhouseCoopers, HP brigue la sixième place sur le marché des services informatiques

Avec sa proposition de rachat, HP permet à PricewaterhouseCoopers de se soulager de son activité de conseil. Il entrerait du même coup dans la cour des grands du service et du conseil autour des technologies de l’information.

C’est une surprise. On savait PricewaterhouseCoopers (PwC) décidé à se séparer de son activité Conseil, mais la rumeur laissait plutôt filtrer les noms d’IBM ou encore de Siemens comme repreneurs possibles. C’est finalement HP qui s’est officiellement déclaré ce lundi comme candidat à la reprise de l’entité Conseil du Big Five, pour un montant de 17 à 18 milliards de dollars.La somme peut sembler énorme car elle représente deux fois et demi le chiffre d’affaires annuel du Big Five. Mais elle est à comparer aux 11 milliards de dollars déboursés par Cap Gemini, en mars, pour le rachat d’Ernst & Young Conseil, un autre grand du conseil, soit trois fois le chiffre d’affaires de ce cabinet.Seulement, rien n’est signé entre HP et PwC, et ce dernier garde le silence pour le moment. “Mon contact chez PwC confirme seulement que les discussions vont continuer, mais il ne précise pas à quel stade elles en sont”, souligne Pascal Matzke, analyste au cabinet Giga Group en Grande-Bretagne. Pour lui, HP est une société moins attractive pour les associés de PwC que ne l’était Cap Gemini pour les consultants d’Ernst & Young : “Ces deux sociétés avaient plus d’atomes crochus”, explique-t-il.Dans une lettre adressée à ses employés le 11 septembre, Carla Fiorina, la présidente de HP a précisé, de son côté, qu’il restait des problèmes importants à résoudre avant d’arriver à un accord : “Même si nous sommes excités par la possibilité de renforcer notre équipe avec des individus plein de talent, nous allons continuer à négocier pour défendre au mieux l’intérêt de nos clients, de nos actionnaires et de nos employés.”En rachetant PwC Conseil, HP, resté jusqu’à maintenant très orienté sur la vente et le service autour des produits, peut donc espérer, à l’image d’autres constructeurs ou sociétés de services informatiques, jouer dans la cour des majors du conseil.L’activité conseil du constructeur (essentiellement du conseil technique autour des systèmes d’information) compte, selon une source interne, environ 6 000 personnes (le groupe compte au total 86 000 employés), regroupées dans HP Consulting. Cette activité a fortement progressé au cours du troisième trimestre (+46 %) et l’équipe s’est étoffée, sur ce seul trimestre, de 600 personnes.

Pour PwC, la séparation des activités de conseil et d’audit devenait incontournable

Mais si l’opération réussissait, HP passerait directement du dix-neuvième au sixième rang sur le marché mondial des services autour des systèmes d’information. Il doublerait ses capacités de conseil et proposerait une offre plus riche, mêlant du conseil technique et stratégique. PwC Conseil a réalisé, en 1999, un chiffre d’affaires de 7,17 milliards de dollars, pour 44 000 employés, dont 4,302 milliards sur les technologies de l’information, selon le Global IT Consulting Report (juillet 2000).Pour PwC, la séparation des activités de conseil et d’audit devenait incontournable. Limité au conseil autour des métiers d’audit dans les années 80, le conseil est devenu un métier à part entière qui déborde de son cadre initial et cohabite de plus en plus mal avec des professions qui obéissent à des réglementations particulières. Ainsi, aux Etats-Unis, la Securities Exchange and Regulation ne relâche pas sa pression. Elle a publié le 30 juin 2000 un document intitulé ” Revision of the Commission’s Auditor Independence Requirements ” dans lequel elle trace la ligne jaune à ne pas dépasser entre l’audit et le conseil, obligeant ainsi les Big Five à résoudre d’une manière ou d’une autre ce conflit d’intérêt.” La nature des missions de conseil nous créait des problèmes permanents, précise Patrick Gournelle, le patron d’Ernst & Young en France. […] Nous avions le choix entre promouvoir une activité de conseil indépendante ou trouver un partenaire. “ Ernst & Young a choisi l’option du partenaire en se rapprochant de Cap Gemini ; Andersen Consulting vient d’obtenir son indépendance ; KPMG Consulting a opté pour la deuxième solution. Le groupe, qui compte s’introduire en Bourse, développe un bouquet d’alliances ?” certaines peuvent prendre une forme capitalistique (ainsi Cisco a pris 19,9 % dans le capital du cabinet) ?” mais il n’envisage pas de se faire racheter. ” Nous avons démarré dans cette voie avec des partenaires comme Cisco, Microsoft et Compaq “, précise Carlo d’Asaro Biondi, le patron de KPMG Consulting France.Une fois le cas PwC réglé, viendra le tour de Deloitte & Touche qui a toujours proclamé une volonté d’indépendance.

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Gilles Forestier et Caroline Dupuy