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Avec Boston Dynamics, Softbank devient un géant de la robotique humanoïde

Après avoir raflé Aldebaran il y a trois ans, la holding japonaise est en passe d’acquérir Boston Dynamics et Schaft auprès d’Alphabet. Trois sociétés qui possèdent toutes un savoir-faire inégalé dans le domaine des androïdes.

Opérateur fixe et mobile mais aussi très gros investisseur dans la tech, le géant nippon Softbank vient de révéler des ambitions insoupçonnées en matière de robotique. Certes, il avait déjà acquis le français Aldebaran en 2014. Mais ce domaine ne semblait pas voué à devenir une activité majeure pour la holding. Le rachat en cours du fleuron américain Boston Dynamics et de la start-up japonaise Schaft change complètement la donne.

Des chercheurs en avance sur le reste de la communauté scientifique

On ne présente plus Boston Dynamics, cette entreprise installée dans le Massachusetts et travaillant essentiellement pour des projets à long terme de l’armée américaine et notamment son agence de recherche Darpa. Il ne se passe pas un mois sans que la société fasse une démonstration époustouflante de son savoir-faire dans une vidéo postée sur YouTube. Atlas, Spot, ou plus récemment Handle (voir la vidéo ci-dessous), tous ses robots nous ont impressionnés par leur fluidité, leur puissance ou la rapidité de leurs mouvements.

Or, à partir du moment où un robot se tient sur deux jambes, son équilibre est extrêmement difficile à préserver. Les résultats de Boston Dynamics sont donc d’autant plus louables. Ses chercheurs possèdent une avance indéniable sur le reste de la communauté scientifique mondiale. « Marc [Raibert, le fondateur] et son équipe de Boston Dynamics sont les leaders technologiques évidents des robots dynamiques avancés », a d’ailleurs déclaré le fondateur de Softbank Masayoshi Son dans un communiqué de presse.

Difficile en revanche, de savoir exactement où en est Schaft. Le site internet de la pépite japonaise a été fermé dès son rachat par Google en 2013. On sait qu’elle a remporté la demi-finale du concours de robotique de la Darpa avec son androïde du même nom qui s’était montré particulièrement stable dans les épreuves. On avait été étonné ensuite de découvrir le design étrange de son robot bipède d’assistance dévoilé en avril 2016 (voir vidéo ci-dessus). Une machine très efficace mais qui n’a pas vocation à être commercialisée à moyen terme.

La vision très pragmatique de Softbank

Cette montée en puissance de Softbank, c’est aussi le produit des errements de Google. Il y a quatre ans, le groupe américain créait un département robotique dirigé par le créateur d’Android Andy Rubin et s’emparait sous son impulsion de Boston Dynamics et Schaft, ainsi que de cinq autres sociétés de robotique. A l’époque, l’hypothèse la plus probable était que Google récupère toutes ses compétences pour les utiliser dans un domaine comme la logistique. Trop compliqué ? Trop long ? Trop cher à mettre en œuvre ? L’Américain est resté muet sur son échec et Andy Rubin a omis lui aussi de fournir les raisons de ce naufrage.  

Andy Rubin.
AFP PHOTO / Yoshikazu TSUNO – Andy Rubin en 2013.

Il se pourrait bien que Softbank réussisse là où Google a échoué. Parce que sa stratégie est extrêmement pragmatique. Prenons l’exemple de ce qu’il a fait avec Aldebaran. Avant le rachat, les machines Nao et Pepper de la société française étaient des robots de recherche, bluffants mais impossible à commercialiser auprès du grand public en raison de leur prix trop élevé, de leur complexité d’utilisation et de leurs usages qui restaient encore à trouver.

Laissant de côté les avancées technologiques pour se concentrer sur la distribution de Pepper, Softbank Robotics a tout misé sur les entreprises. Il a ainsi réussi à le transformer en agent d’accueil dans une multitude de boutiques au Japon et en France. Il est devenu depuis un véritable atout pour des banques et concessions automobiles dont il a dopé les ventes. «Nous sommes à un tournant historique. Pepper peut changer notre façon de faire du shopping», annonçait Julien Seret, chargé du marché de professionnels chez Softbank Robotics sur le salon Innorobo au mois de mai dernier. Softbank a ainsi réussi de façon très ingénieuse à trouver dans le même temps un business model et un usage à son robot.

Le robot Pepper au Japon
YOSHIKAZU TSUNO / AFP – Le robot Pepper est également utilisé au Japon dans les boutiques Nescafé.

En s’emparant des robots de Boston Dynamics, nous n’imaginons pas une seconde que Softbank caresse le rêve de les commercialiser auprès du grand public. Car ils sont encore plus sophistiqués et dispendieux que ceux d’Aldebaran. Mais il reste toujours possible d’utiliser les expérimentations et les compétences de leurs concepteurs pour améliorer Pepper ou créer un autre robot humanoïde de service encore plus performant à destination des entreprises. Le fondateur de Boston Dynamics Marc Raibert a d’ailleurs déclaré que sa mission serait de « repousser les limites de ce que les robots avancés peuvent faire » mais aussi et surtout de « créer des applications utiles dans monde plus intelligent et plus connecté».  Si c’est le cas, Softbank n’attendra pas de longues années avant de révéler ses desseins.

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Amélie Charnay