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Avast serait-il un vulgaire marchand de données ? Le PDG s’explique

Bannies par Mozilla et Opera, les extensions de navigateur de cet éditeur n’avaient pas seulement une fonction de protection, elles servaient aussi à collecter des données de navigation pour des études marketing.

À quel genre de trafic l’éditeur de logiciel antivirus Avast se livre-t-il ? La semaine dernière, quatre extensions de navigateur ont été bannies par Mozilla et Opera, après avoir été épinglées dans une note de blog de Wladimir Palant, le créateur d’AdBlock Plus. Selon lui, ces logiciels collectaient beaucoup trop de données de navigation de la part des utilisateurs, une pratique inhabituelle qu’il estime liée à l’activité de Jumpshot, une société de marketing web qu’Avast a rachetée en 2013.

Celle-ci, justement, se vante sur son site web d’avoir accès aux données de navigation de « 100 millions de consommateurs en ligne et 20 millions d’utilisateurs d’applis mobiles ». Un trésor de données qui lui permettrait de savoir « ce que les utilisateurs recherchent, comment ils interagissent avec une marque ou un produit, et ce qu’ils achètent », et cela « quel que soit la catégorie, le pays ou le domaine ».

Une collecte parfaitement anonyme

Faut-il en conclure que les extensions de sécurité d’Avast étaient en réalité des mouchards publicitaires ? Pas tout à fait. Interrogé par Forbes, Ondrej Vlcek, le PDG d’Avast, explique que les données de navigation étaient certes collectées dans un but marchand, mais de façon anonyme. Toutes les informations pouvant identifier un utilisateur étaient supprimées avant que ces données ne soient stockées : noms, adresses IP, numéros de sessions, etc.

Anonymisées, ces données permettaient de réaliser des études comportementales générales. Par exemple, pour savoir combien d’internautes passaient d’un site à l’autre lors d’une campagne publicitaire. Mais en aucun cas il n’aurait été possible d’analyser le comportement d’un internaute en particulier, comme le ferait un mouchard publicitaire. Le dirigeant estime que cette façon de faire serait assez proche des études médicales qui, basées sur les données de cohortes de personnes anonymes, permettent de dégager des tendances pathologiques.

Manque de transparence

Cette collecte de données n’est d’ailleurs pas terminée. Avast, qui génère quelques dizaines de millions d’euros par an avec ces études marketing, peut toujours s’appuyer sur son principal fournisseur, à savoir le navigateur Chrome. À ce jour, Google n’a pas jugé utile d’interdire ces extensions, ce qui n’est finalement pas très étonnant.

En dépit des explications données par M. Vlcek, certains utilisateurs risquent quand même de se sentir floués. Tout le monde n’a pas forcément envie de participer à des études marketing, même de façon anonyme. Il eût été judicieux de la part d’Avast d’informer les utilisateurs de façon spécifique sur cette collecte, au moment de l’installation de l’extension, et de ne pas se contenter d’une page web relative à sa « politique de confidentialité », planquée quelque part sur son site.

Source: Forbes

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Gilbert Kallenborn