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Auchan rejoint ses confrères en ligne

L’ouverture du cinquième supermarché en ligne français est imminente. Mais sur un créneau très concurrentiel, le modèle logistique reste à définir.

Discrètement, Auchan met la dernière main à son cybermarché, qui doit voir le jour avant la fin du mois. Aucune campagne de promotion n’annoncera la création d’Auchandirect, le dernier arrivé sur un marché quadrillé, depuis 1998, par quatre autres grands de la distribution : Carrefour, Casino, Galeries Lafayette et Cora.” Auchan a toujours eu une stratégie de suiveur “, explique, perfidement, un spécialiste du secteur de la grande distribution. Annoncé à l’été 2000, le supermarché en ligne d’Auchan ne sera accessible, dans un premier temps, qu’aux habitants du sud parisien. Plus précisément, la zone desservie est située entre la petite et la grande couronne, les camionnettes de livraison faisant des incursions dans Paris intra-muros pour livrer les commandes des clients des 13e, 14e et 15e arrondissements.Prudente, la direction du distributeur veut se prémunir à tout prix des problèmes techniques ou logistiques qui pourraient, dès le départ, rebuter les acheteurs potentiels. ” Nous voulons contrôler notre lancement, parce que les démarrages en fanfare amènent sur le site bien plus de visiteurs que d’acheteurs “, explique Claude Palmieri, directeur général d’Auchan Interactive.Pas question, pour le groupe français, de connaître les déboires du supermarché en ligne espagnol Capraboacasa. Lors de son ouverture, le 21 janvier 2001, le site avait eu une affluence record, entraînant rapidement sa fermeture. La maison mère, le catalan Caprabo, devait le lendemain faire état d’un nombre de connexions dix fois supérieur aux capacités du système informatique.Chez Auchandirect, les précautions ont été prises pour éviter un scénario similaire. Son directeur, Claude Palmieri insiste : ” Notre choix de faire figurer le nom d’Auchan dans celui du cybermarché nous oblige à une grande exigence sur la qualité du service. “Ses prédécesseurs sur le marché, C-mescourses (Casino), Ooshop (Carrefour), Télémarket (Galeries Lafayette) et Houra (Cora), avaient préféré masquer tout liens de parenté avec leur maison mère respective, même s’ils reviennent aujourd’hui à moins de discrétion. L’ascendance est ainsi mentionnée sur le site ou sur les affiches publicitaires, comme pour Casino, voire de façon plus explicite chez Carrefour, dont le dernier service s’appelle Carrefour-direct.com.Lancé d’emblée sous la bannière Auchan, le supermarché en ligne veut également éviter les erreurs repérées chez ses concurrents, comme les ruptures de stocks. Auchandirect choisit de livrer ses clients à partir de deux centres uniquement dédiés à la préparation des commandes. ” Le modèle logistique fait la synthèse de nos expériences espagnole et auvergnate “, explique Claude Palmieri.

Centres logistiques dédiés

Depuis seize mois, le site Alcampo.es dessert Madrid en pratiquant le picking, c’est-à-dire la constitution du colis directement dans les rayons du magasin. En revanche, dans le Puy-de-Dôme, les commandes sont prises par téléphone depuis mars 2000 et sont assemblées dans un centre de préparation, en l’occurrence celui de Cournon. D’ici à quelques semaines, cette région sera, après la couronne parisienne, la deuxième zone desservie par Auchandirect.fr et les commandes s’y feront naturellement par internet.Pour son lancement sur le Sud parisien, le cybermarché d’Auchan a installé son centre névralgique à Chilly-Mazarin. Mais avec ses 2 500 m2, le site fait encore figure de poids plume face aux 15 000 m2 de l’entrepôt de Pantin, inauguré par Télémarket la semaine dernière. Lancé sur le créneau de la vente à distance par téléphone, fax et minitel dès 1983, Télémarket fait le pari du surdimensionnement de l’outil. Son PDG, Christian Marchandise, n’en fait pas mystère.Et d’expliquer que la capacité de traitement du site est de 7 500 colis par jour, pour un rythme actuel de 2 000 commandes quotidiennes sur la région pari- sienne. Détenu à 70 % par les Galeries Lafayette, Télémarket a donc ouvert sa plateforme de préparation à d’autres cybermarchands du groupe, comme, par exemple, le BHV.En choisissant une formule moins pharaonique, Auchan mise sur l’approvisionnement de ses centres de préparation en flux tendu à partir des entrepôts du groupe existants. Il s’agit d une position intermédiaire entre picking et entrepôts dédiés. Le choix du modèle logistique n’est pas neutre dans la mesure où il conditionne la capacité de réponse sans dégrader la qualité du service.Casino et Carrefour qui avaient fait le pari d’entrepôts dédiés, testent aujourd’hui le picking sur certains de leurs sites. Le modèle logistique idéal peine à s’imposer sur un secteur qui n’en n’est qu’à ses prémices et sur lequel les plus gros acteurs, Télémarket et Ooshop, ont réalisé un chiffre d’affaires avoisinant les 200 millions de francs en 2000, soit l’équivalent de celui d’un seul supermarché.

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Maxime Rabiller