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Au Japon, l’Internet mobile est déjà concurrentiel

Trois opérateurs japonais vendent déjà leurs services Internet nomades à un public fin prêt pour la 3G.

Près de 50 millions d’abonnés à l’internet mobile ! Ce seul chiffre montre l’avancée considérable du Japon, où les premiers services et combinés de troisième génération (3G) sont disponibles depuis le mois d’octobre, date du lancement de Foma, l’internet mobile par NTT Docomo.Les 30 000 à 40 000 utilisateurs du service font certes figure de précurseurs aux yeux d’un étranger, quand, par exemple, perdus dans un Tokyo tentaculaire, ils se retrouvent grâce à la fonction vidéo en temps réel, qui permet à deux individus de visualiser sur leurs combinés respectifs la position de l’autre. Mais au pays du mobile roi, les nouveautés technologiques, y compris le passage à la W-CDMA, alias 3G, constituent des évolutions plutôt que des révolutions.Certes, NTT Docomo jouit de sa position de pionnier sur le marché, avec ses 30 millions d’accros à l’I-Mode, le premier service d’internet mobile, précurseur de la 3G. Pour passer à la vitesse supérieure et bâtir les réseaux à large bande qui supportent le transfert de grands volumes de données, notamment vidéo et audio, le numéro 1 japonais de la téléphonie mobile prévoit d’investir 1000 milliards de yens (11 milliards d’euros) pour couvrir 97 % du territoire d’ici à mars 2004.

Des ambitions mondiales

NTT Docomo espère attirer 1,5 million d’abonnés sur l’exercice fiscal 2002-2003. L’entreprise, qui a réalisé en début d’année une augmentation de capital de 11 milliards d’euros pour financer son expansion internationale, compte la réaliser par des investissements minoritaires chez des partenaires étrangers ?” AT&T Wireless (États-Unis), Hutchison (Grande-Bretagne et Hong Kong), KPN Mobile (Pays-Bas), KG Telecom (Taïwan), Telecom Italia (Italie) ?” et par son alliance avec AOL.Car au Japon, NTT Docomo doit compter avec deux concurrents, les opérateurs J-Phone et KDDI, qui, s’ils ont aujourd’hui des parts de marché inférieures, disposent cependant d’atouts certains.Ainsi, J-Phone, dans lequel le britannique Vodafone est désormais majoritaire (66,7 %), offre des services plus aboutis que les autres : des portables qui permettent de prendre des photos pour les envoyer par internet, de trouver les horaires des trains… et le chemin de la gare grâce au GPS intégré. De vrais petits bijoux technologiques qui intégreront bientôt le vidéo-mail. En quatorze mois d’existence, J-Phone a vendu 3 millions de ces appareils, et ce malgré leur prix : entre 40 000 et 50 000 yens (de 348 à 435 euros).Les Japonais ne s’y sont pas trompés : ils sont plus de 9 millions (un taux de croissance mensuel supérieur aux autres) à utiliser ces services précurseurs de la 3G. Et le lancement de cette dernière est prévu pour juin 2002 chez l’opérateur, avec des appareils compatibles sur double réseau. Un avantage pour l’opérateur comme pour les utilisateurs japonais qui, pragmatiques, se préoccupent des services avant de penser technique. L’opérateur Vodafone, avec ses quelque 210 millions de clients dans 28 pays, représente le principal atout international de J-Phone.

Combinés subventionnés

Pour KDDI, la transition vers la 3G a aussi commencé. Un virage qui se fait en douceur. L’opérateur, qui compte 8,8 millions d’abonnés à son service d’internet mobile, l’EZ Web (qui fonctionne sur un système dénommé CDMA One), lance WAP2 pour étoffer sa gamme de services. Le premier de ces services, sorti en décembre 2001, est EZ Navigation, qui permet la localisation par GPS, en association avec du contenu.Les prochaines phases (EZ Plus et EZ Movie) permettront la distribution de vidéo et s’appuieront sur les standards HTML, MPEG4 et MP4, pour permettre aux utilisateurs d’EZ Web d’aller naviguer sur les sites I-Mode. “Prévu pour avril, CDMA 2000 permettra des transferts de données à 144 kilobits par seconde puis, plus tard, à 2,4 mégabits par seconde”, précise KDDI. Chez les trois concurrents, la politique consiste à séduire un maximum d’utilisateurs, en conservant des prix faibles.Les transferts de données ne sont pas encore suffisants pour couvrir le déclin des recettes de la téléphonie classique. Mais avec la 3G, Java et les communications à grande vitesse, la tendance s’inversera : “À l’horizon 2010, les échanges de données représenteront 70 à 80 % du marché japonais”, selon Shiro Tsuda, vice-président exécutif de NTT Docomo. En attendant, les opérateurs de téléphonie mobile subventionnent à perte la fabrication des combinés. Et ne se préoccupent guère du roaming (linterconnexion) international.

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Dominique Hoeltgen, à Tokyo