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Apple : « le sideloading est le meilleur ami des cybercriminels », selon Craig Federighi

Au cours d’une intervention lors du Web Summit 2021, Craig Federighi, patron du logiciel pour Apple, est revenu sur les risques du sideloading, que pourrait imposer le Digital Markets Act européen. Une faille béante dans son système de sécurité, qui pourrait faire profondément ébranler cet écosystème verrouillé.

Alors qu’un feu roulant semble se rapprocher du jardin clos qu’est l’App Store, Apple revient régulièrement à la charge pour décrire le monde post-apocalyptique que pourrait devenir son kiosque de téléchargement si une décision de justice ou une loi lui imposait de s’ouvrir au sideloading, aux magasins applicatifs tiers.

Le DMA, un vrai danger pour Apple…

Après le document, publié le mois dernier, et qui usait de la situation sous Android pour défendre le bilan de l’App Store et de son écosystème clos, c’est Craig Federighi, grand patron du logiciel chez Apple qui revient à la charge.

À l’occasion de sa participation au Web Summit 2021, qui se tient actuellement à Lisbonne, le vice-président senior d’Apple a repris l’argumentaire déroulé depuis quelques mois par sa société. Acheter un iPhone revient à acheter « une superbe maison avec un système de sécurité vraiment très bon ». Un havre de paix et de tranquillité qui pourrait être mis à mal par le Digital Markets Act européen dévoilé en décembre dernier.

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Ce texte de loi en gestation entend en effet redéfinir en profondeur le cadre des App Store et celui des applications préinstallées sur les appareils comme l’iPhone. Dès lors, il est évident que la participation au Web Summit n’est pas un hasard. L’urgence est de protéger la maison qui risque de brûler, du point de vue d’Apple. Une maison, un modèle économique, technologique et commerciale qui représente l’essentiel de ses revenus.

… et pour vous ?

Car si cette loi devait passer, le modèle de sécurité d’iOS serait évidemment profondément ébranlé. Toute sa base technologique, mais aussi son positionnement mercatique serait à revoir. Apple joue beaucoup de cette stratégie pour mettre en avant la sécurité et la protection de la vie privée.

« La maison sûre que vous avez choisie a maintenant une faille fatale dans son système de sécurité et les voleurs sont vraiment bons pour l’exploiter », a ainsi poursuivi Craig Federighi. Avant de prononcer une phrase qui fait mouche et qu’on a déjà entendue dans la bouche d’un représentant d’Apple :

« Le sideloading est le meilleur ami des cybercriminels ».

Or, justement, les cybercriminels sont de plus en plus nombreux, et si on leur facilite la vie en leur ouvrant en grand les portes de cet écosystème, on devrait assister « à une ruée vers l’or dans l’industrie du malware ».

https://www.youtube.com/watch?v=iwstKnhWs6k?start=27080

Craig Federighi est également revenu en deux temps et avec habilité sur la question de la liberté du choix offert aux utilisateurs. Premier temps :

« En tant qu’ingénieur, qui veut que l’iPhone demeure aussi sûr que possible pour nos utilisateurs, il y a une partie [de cette loi, NDLR] qui m’inquiète, et c’est l’obligation d’autoriser le sideloading sur les iPhone. Au nom de la liberté d’offrir le choix aux utilisateurs, cette décision retirerait aux utilisateurs le choix d’une plate-forme plus sûre. »

Second temps :

« Je ne suis clairement pas un fan du sideloading, mais je veux répondre à un argument que j’entends beaucoup : « laissez les gens choisir s’ils sideloadent ou non. Laissez les juger des risques, afin qu’ils décident eux-mêmes ». Et il est facile de voir l’attrait de cet argument, mais l’histoire nous montre que cela ne fonctionne pas jamais de la façon qu’on souhaite parce que même si vous n’avez aucune intention de sideloader, les utilisateurs sont régulièrement obligés ou trompés pour le faire. Et c’est vrai partout, même sur une plate-forme comme Android où le sideloading est d’une certaine manière difficile. »

Pour le patron du logiciel chez Apple, alors que les régulateurs et législateurs européens ont souvent été en avance sur leur temps, notamment avec le RGPD, « imposer le sideloading sur iPhone serait un grand pas en arrière. ».

Cela reviendrait à ouvrir « une boîte de Pandore de logiciels non vérifiés, bourrés de malwares, et nierait à tous l’option de bénéficier d’une approche sûre de l’iPhone ».

La fin d’un monde, sans doute, sauf à laisser s’échapper, cette fois-ci, l’Espérance.

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Pierre FONTAINE