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Apple a-t-il ouvert la boîte de Pandore avec son système anti-tracking ?

Les nouvelles règles mises en place par Apple visent à mieux protéger la vie privée des utilisateurs. Mais d’autres conséquences insoupçonnées pourraient advenir.

Avec le déploiement d’iOS 14.5, Apple met en place son nouveau système anti-tracking. Les développeurs doivent désormais recueillir votre approbation pour vous suivre en ligne. Les défenseurs de la vie privée y voient un progrès pour les utilisateurs. Mais il y aurait bien d’autres bouleversements potentiels à venir, comme le détaille le Financial Times.

Davantage de revenus pour Apple ?

Le marché de la publicité numérique, dominé par Google et Facebook, est estimé à près de 400 milliards de dollars par an. 84% des applications seraient gratuites, d’après Apple. Avec ces nouvelles conditions, il est possible que les développeurs décident de facturer davantage les achats et les abonnements intégrés aux consommateurs. Des modèles sur lesquels Apple prend une commission allant de 15 à 30%. Ce ne serait donc pas une mauvaise affaire financièrement pour le fabricant d’iPhone.

Par ailleurs, Apple est en train de développer sa propre activité publicitaire. Des publicités personnalisées sont effectivement activées par défaut à destination de ses utilisateurs. Devant les esprits critiques qui dénoncent une forme de suivi, Apple affirme que les données sont regroupées en segments et qu’elles ne partagent pas d’informations personnellement identifiables avec des tiers.

Google et Facebook renforcés ?

Au lieu d’affaiblir les géants du numérique qui dominent le marché publicitaire, les nouvelles règles d’Apple pourraient aussi les renforcer. Certes, ils vont perdre l’accès aux données des applications tierces. Mais ce sera aussi le cas de tous leurs concurrents.

Et cela ne remettra pas les compteurs à zéro, car les annonceurs pourraient acheter davantage de publicité directement sur les plus grosses plates-formes. Google dispose d’une vraie mine d’or avec les profils de ses utilisateurs qui ont recours à son moteur de recherche, Maps, Chrome, Gmail ou YouTube. Facebook se trouve dans la même situation avec son réseau social, mais aussi Instagram et WhatsApp. Google et Facebook en sortiraient donc renforcés.

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Apple impuissant à faire la police ?

Les développeurs tentent déjà de détourner ce nouveau système anti-tracking. Apple doit faire la police dans son store. Mais ce n’est pas une mince affaire. Des applications intrusives seraient passées entre les mailles du filet. Certaines d’entre elles pourraient modifier leur comportement après avoir été approuvées. Car Apple ne contrôle pas ce qui se passe au niveau des serveurs des applications et où tournent des algorithmes. La protection de la vie privée des utilisateurs deviendrait alors une simple illusion.

Enfin, en termes d’image, pas sûr que tout cela se fasse au bénéfice d’Apple. L’article du Financial Times souligne qu’en affrontant Google, Facebook, Tencent ou encore TikTok et en gagnant, Apple fait la démonstration de son immense pouvoir. Un argument qui pourrait nourrir les accusations de position antitrust à son égard. Même si l’Union européenne a validé le système anti-tracking, de nombreuses procédures restent en cours pour abus de position dominante, comme celle initiée par Spotify.

Source : Financial Times

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Amélie CHARNAY