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Andy Müller-Maguhn (candidat à l’Icann): “La démocratie de l’Icann me rappelle le régime est-allemand”

Porte-parole du Chaos Computer Club, Andy Müller-Maguhn, 28 ans, est le pirate allemand le plus connu d’outre-Rhin. Cet étudiant berlinois part favori pour l’élection du poste européen au comité At Large de l’Icann.


01net. : Pourquoi avez-vous posé votre candidature aux élections de l’Icann (The Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) ?
Andy Müller-Maguhn : L’Icann intervient dans des secteurs qui influenceront la structure et l’avenir d’Internet. Depuis que le gouvernement américain a créé cet organisme, en 1998, on a vraiment l’impression que les décisions sont prises en fonction des intérêts des industriels et des gouvernements.Vous avez de bonnes chances d’être élu. Qu’allez-vous faire de votre mandat ? Il faut apporter plus de transparence, afin que le maximum d’internautes puisse être informé des décisions de l’Icann. Les utilisateurs du Net doivent être en mesure de remettre en cause certaines décisions et ne pas laisser l’industrie décider de tout. On l’a vu à l’occasion des conflits sur les noms des domaines : les internautes n’ont pas eu droit à la parole.Un pirate comme vous peut-il avoir sa place au sein de l’Icann ?Je suis porte-parole du CCC, une sorte de forum des pirates d’Internet. Mais je ne suis pas seulement intéressé par la technique. Les conséquences des nouvelles technologies sur la société font aussi partie de mes réflexions.Pourquoi les internautes doivent-ils être représentés à l’Icann ?Les statuts de cet organisme sont clairs : il est dit que les décisions doivent être prises de manière démocratique. Or, on sait que le conseil d’administration qui régit l’Icann depuis 1998 n’est absolument pas légitimé par les utilisateurs, mais par le gouvernement américain. C’est pourquoi on a été obligé d’organiser cette élection At Large.La faible participation, l’opacité des décisions ne font-elles pas de ces élections une farce ?J’ai l’impression que l’Icann simule une élection et que les responsables ne prennent pas cela au sérieux. L’Icann n’a pas montré beaucoup d’enthousiasme pour mobiliser tous les surfeurs de la planète. Ils se sont contentés d’une information sur leur home page. C’est tout.Les candidats français ont-ils échoué par manque d’information ?Sans doute. En Allemagne, contrairement à ce qui s’est passé en France, la presse a mobilisé les internautes, notamment les deux sites préférés des surfeurs (heise.de et spiegel.de).L’Icann souffre-t-elle d’un déficit démocratique ?Le conseil d’administration n’est pas comme un parlement où l’on peut débattre des sujets. De plus, la structure n’est pas du tout transparente. L’Icann prend des décisions sans que personne ne sache comment.? Retrouvez demain l’interview de l’autre candidate allemande, Jeanette Hofmann.

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Christophe Bourdoiseau, à Berlin