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Amazon.com dans la tourmente boursière

L’icone de la nouvelle économie vacille sur ses fondations après les avis alarmants de certains analystes. Résultat, les investisseurs doutent et le vendeur en ligne américain a perdu vendredi 20% de sa valeur boursière.

La tourmente qui a emporté Boo.com ne pouvait continuer à épargner Amazon, le leader américain de la vente en ligne de livres et autres biens de consommations. Vendredi dernier, un analyste financier de Lehman Brothers soulignait dans son rapport les insuffisances de trésorerie et le fort endettement d’Amazon.com. “Le site sera à court de liquidités d’ici à un an, à moins de sortir un lapin financier de son chapeau magique “, explique Ravi Suria, l’auteur de cette bombe.Dans la foulée, Mary Meeker, de Morgan Stanley, et Anthony Noto, de Goldman Sachs, deux stars de Wall Street qui recommandaient jusqu’alors le titre Amazon, ont tiré le signal d’alarme. Les deux analystes s’accordent à dire que les résultats de l’entreprise seront en demi-teinte pour les deux prochains trimestres.
Le site, qui a déjà perdu 70 % de sa valeur en Bourse depuis six mois, se serait bien passé de cette ” publicité “.

Les prochains mois seront décisifs

Jusqu’à présent, Amazon pouvait compter sur sa forte image de marque et le soutien des investisseurs. Mais l’e-krach du printemps est passé par là. Selon les critères d’analyse traditionnels appliqués aux entreprises brick and mortar, les résultats d’Amazon ne sont guère brillants. Désormais, analystes et marchés punissent ceux qui perdent de l’argent. Amazon n’échappe plus au lot commun.Pourtant, le site perd de l’argent depuis ses débuts. Pour le trimestre clos le 31 mars dernier, il a enregistré un chiffre d’affaires de 573 millions de dollars (+ 95 %) et une perte de 308 millions de dollars, contre une perte de 61 millions de dollars pour la même période de 1999. La hausse du chiffre d’affaires reflète l’accroissement du nombre de consommateurs faisant leurs achats chez Amazon.Le site continue à creuser ses pertes à mesure qu’il augmente le nombre de ses centres de distribution. Autant dire que les prochains mois seront décisifs. Amazon, qui développe son réseau international ?” son arrivée en France est prévue dans les prochains mois ?” devra investir pour bâtir son infrastructure ou nouer des partenariats. Or, sa capacité à lever des fonds pour financer son expansion vient de recevoir une douche froide.

Des analyses divergentes

Depuis son entrée en Bourse, en 1997, le site a fait par trois fois appel à la communauté financière. D’abord à travers l’émission de junk bonds, puis à travers deux émissions d’obligations convertibles. Ces dernières sont considérées comme hautement spéculatives par la firme de notation financière Moody’s. Autant dire qu’aujourd’hui l’idée d’un nouvel appel à la Bourse pour financer le développement de ses activités est hautement improbable. Parier sur un crash d’Amazon s’avère aussi risqué.Chez Amazon, on rappelle que, pour le trimestre clos le 31 mars dernier, le site dispose d’environ 1 milliard de dollars en liquidités. Certains analystes financiers mettent en avant sa forte base de clients : ils seraient plus de 20 millions dans le monde.Enfin, les analystes financiers manient le paradoxe à merveille. Tout en tirant le signal d’alarme, ils prévoient un fort redécollage des ventes au dernier trimestre 2000, avec les ventes de fin d’année. Pour sa part, Ravi Suria, chez Lehman Brothers, continue à recommander l’achat du titre.
Il est vrai qu’analyser les dettes dune entreprise et ses perspectives à long terme sont deux exercices différents.

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Pierre Bouvier