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Alcatel-Lucent : Arnaud Montebourg a-t-il eu raison d’incriminer Free ?

Si la pression concurrentielle s’est accentuée sur les opérateurs et leurs équipementiers, les maux d’Alcatel-Lucent ne datent pas de l’arrivée de Free.

En incriminant indirectement Free et en accusant le gouvernement Fillon d’avoir déstabilisé Alcatel-Lucent par l’introduction d’un quatrième opérateur mobile, Arnaud Montebourg a t-il eu raison ? Il est vrai qu’une des causes des maux d’Alcatel-Lucent en France est la forte pression concurrentielle qu’y subissent les opérateurs, laquelle se répercute sur les équipementiers télécoms. Pour bâtir son réseau cellulaire, Free Mobile a opté en 2010, pour Nokia-Siemens, en difficulté sur le marché français et prêt à se battre sur les prix pour conquérir ce contrat d’opérateur.

Mais, Alcatel-Lucent pâtit aussi d’un désamour des opérateurs français qui n’est pas forcément lié aux pressions sur les prix provoquées par l’irruption de Free Mobile et de ses forfaits à prix « cassés ». L’industriel franco-américain a aussi fort à faire sur le plan technique, face à Ericsson et à Huawei.

Devenus des références mondiales en matière d’innovation dans la téléphonie mobile 3G et 4G, avec des antennes-relais plus économes en énergie et multi-technologies en radio, le Chinois et le Suédois engrangent les succès chez les opérateurs. C’est sur Huawei et Ericsson que continue de s’appuyer Bouygues Telecom pour l’infrastructure de son réseau, Alcatel-Lucent n’ayant jamais réussi à s’imposer au sein de la filiale du groupe de BTP.

Alcatel-Lucent continue de payer les conséquences de la fusion

Et, si Orange a retenu Alcatel-Lucent pour son réseau 4G sur la région marseillaise, rien ne dit que sur d’autres régions, ce choix sera confirmé. De même, SFR viendrait aussi de préférer Nokia-Siemens à Alcatel-Lucent, pour remplacer des antennes-relais existantes dans son réseau mobile.

Même si la France, berceau de la partie française d’Alcatel-Lucent, reste pour celui-ci une vitrine, l’Hexagone ne représente qu’une fraction des 30 % des revenus que le groupe réalise encore en Europe. Et, son centre de gravité penche de plus en plus vers l’Asie et la Chine, où l’équipementier connaît quelques succès majeurs chez les opérateurs mobiles, contrairement à l’Europe où il s’apprête à licencier des centaines de salariés (1480 rien qu’en France).

Enfin, même si la fusion date de 2006, Alcatel-Lucent continue de mal digérer les conséquences financières de ce rapprochement qui a coûté en 2008 leur poste aux deux dirigeants qui en étaient à l’origine, l’américaine Patricia Russo et le français, Serge Tchuruk.

Depuis cette fusion, l’action du groupe se traîne à un niveau très bas, les pertes trimestrielles sont légion et l’équipementier « brûle » de la trésorerie d’où la nécessité de cessions régulières d’activités apportant de l’argent frais. Où s’arrêtera cette spirale « descendante » ? La réponse ne se trouve pas forcément dans l’état de concurrence exarcerbée du marché français des opérateurs mobiles.

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Frédéric Bergé