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Affaire Emulex: Internet attise la guerre économique

Victime d’un faux communiqué de presse, le cours de l’action Emulex a chuté de 57 % en un jour. Cette attaque ultrarapide, qui met en cause la fiabilité des informations sur le Net, est la cinquième depuis un an.

Guerre économique, désinformation, contrefaçon, les attaques sur l’image des sociétés se multiplient sur Internet. Au grand dam des entreprises qui deviennent la cible de prédilection de ces déstabilisations ultrarapides. Dernière en date, vendredi 25 août, la diffusion d’un communiqué de presse alarmiste ?” et faux ?” par Internet Wire, puis Bloomberg et repris par le Nasdaq, qui a fait chuter de 57 % l’action du constructeur Emulex, passant de 103 à 43 dollars avant que la cotation ne soit arrêtée.
En un jour, la valorisation de la société a perdu plus de 2,5 milliards de dollars, avec 2,3 millions de titres échangés, et laissant ainsi nombre de petits investisseurs sur la touche.Le coupable présumé, un étudiant américain de 23 ans, a empoché près de 250 000 dollars de plus-value, mais celui-ci risque quinze ans de prison ferme. Même si l’affaire Emulex est la cinquième fraude du genre perpétrée sur Internet depuis un an ?” après celles de Pairgain, d’Aastrom Biosciences, de Bid.com et de Lucent ?”, elle a surpris par la vitesse avec laquelle les événements se sont enchaînés.

Comme une traînée de poudre

Cette nouvelle attaque pose le problème de la fiabilité des informations sur le Net. Ici, pas d’enjeu sur la technologie mais sur le contenu. En effet, la guerre économique n’est pas en-soi une nouveauté, seule la rapidité et la diffusion du Web permettent d’en attiser les braises. Vraie ou fausse, avec Internet, une information se répand comme une traînée de poudre.La multiplication des sites d’entreprise et des fils d’informations à base de communiqués de presse qui se copient et se recopient sans contrôle accroît l’effet de diffusion instantané. L’effet est exponentiel, les réactions en Bourse instantanées. Qui est responsable ? D’abord, bien sûr, le faussaire, mais aussi, solidairement peut-être, le diffuseur de l’information. C’est en tout cas ce que pense Ron Hart, un retraité de Floride qui intente un procès à Bloomberg et Internet Wire pour avoir ‘ imprudemment diffusé une information trompeuse et matériellement erronée ‘.A moins que les journalistes et les investisseurs ne doivent vérifier leurs sources avant de s’en servir. BusinessWire et PRNewswire proposent cinq indices pour démêler le vrai du faux : se méfier des mauvaises nouvelles du vendredi, vérifier les contacts cités, croiser l’information de plusieurs sources, vérifier que le titre et le contenu correspondent, et, en cas de doute, appeler la compagnie.Une leçon qu’Internet Wire aurait d’ores et déjà compris : la société dit avoir renforcé sa sécurité. ‘ A l’avenir, ceux qui voudraient réussir cette supercherie devront tromper deux personnes dans des services séparés ‘, a déclaré Michael Terpin, PDG du site de diffusion de communiqués financiers. Habituellement, dans ce type de société, une seule personne relit les communiqués pour s’assurer de leur authenticité.

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Jean-Baptiste Su, Stéphanie Chaptal, Hubert d'Erceville