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Surface SQ1 : Microsoft redonne sa chance à ARM en adoptant le Snapdragon 8cx de Qualcomm

Conçu autour du Snapdragon 8cx de Qualcomm, le processeur de la Surface Pro X marque le retour d’ARM quelques années après l’échec de Windows RT. Microsoft estime ainsi ARM assez mature pour écarter Intel dans un produit phare. Le début du déclin du x86 ?

Les rumeurs avaient vu juste : lors de sa soirée annuelle de lancement de produits Surface, Microsoft a bien dévoilé un modèle équipé d’une puce ARM. Appelé Surface Pro X, ce concurrent de l’iPad Pro est propulsé par un system on chip (SoC, puce tout-en-un) conçu autour d’une architecture ARM, le Microsoft SQ1.

Si les ingénieurs de Microsoft ont infusé le SoC de leur savoir-faire (ajout d’unités de calcul dédiées à l’IA notamment), la base de travail est une puce dont nous vous avons déjà abondamment parlé : le Qualcomm Snapdragon 8cx. Avec son Surface Pro X, Microsoft est le premier fabricant de PC à intégrer la puce que Qualcomm avait annoncé en décembre 2018 dernier.

CPU un poil surcadencé…

Selon un ingénieur de Microsoft qui a parlé à nos confrères de The Verge, la partie CPU du SQ1 – un Kryo 495 – fonctionnerait à 3,0 GHz. Une fréquence supérieure aux spécifications initiales que nous avions relevé sur les différentes versions du 8cx que nous avons eu en main. Il s’affichait à 2,75 GHz en décembre 2018 lors de l’annonce et à 2,84 GHz en juin 2019 au Computex.
Etant donné qu’aucun autre constructeur ne propose pour l’heure de PC portable sous SD8cx, il est difficile de savoir si cette fréquence de fonctionnement plus élevée sera réservée au SQ1 ou sera déclinée sur les autres 8cx. Un second scénario probable puisque les deux puces sont annoncées pour la même enveloppe thermique de 7 watts.

… et GPU un peu remanié

Nous avons déjà eu la démonstration de la puissance de l’Adreno 680 intégré au Snapdragon 8cx, que ce soit lors de l’annonce du 8cx en décembre 2018 dernier ou lors d’une présentation de performances durant le Computex de Taipei en mai dernier.
Ces deux prises en main montraient que la puce en avait sous la pédale. Pas assez pour Microsoft qui a travaillé avec Qualcomm pour pousser la puce un peu plus loin afin de devenir un « Adreno 685 ».

L’Adreno 680 classique du Snapdragon 8cx émargeant à 1,84 téraflops quand le SQ1 s’affiche à 2,1 téraflops, les 14% de perfs théoriques supplémentaires de l’Adreno 685 permettront sans doute à la machine de Microsoft de se différencier des appareils concurrents propulsés par un Snapdragon 8cx de base. D’autant plus que Panos Panay, chef de la division Surface, assure que d’autres améliorations graphiques ont été apportées à la puce, « sans pouvoir donner plus de détails ».

IA : made by par Microsoft ou recyclage de l’Hexagon 690 ?

La puce SQ1 se distinguerait d’un 8cx de base grâce à une partie dédiée à l’accélération de calculs liés à l’IA. Comme à l’accoutumée pour toutes les annonces de ces « coprocesseurs d’intelligence artificielle » – en fait, des puces spécialisées dans l’exécution de certains algorithmes – aucun détail n’est communiqué. Aucune indication n’a été donnée sur le nombre de transistors, de FLOPS, la fréquence, etc. Même pour une éventuelle comparaison avec un processeur précis dans une tâche. Rien.

Est-ce bien Microsoft qui a développé cette partie « IA » ? Possible, mais il peut aussi s’agir du DSP du Snapdragon 8cx, l’Hexagon 690. Un Digital Signal Processor (DSP, processeur de signal numérique) qui provient du Snapdragon 855 et qui intègre différentes unités de calcul (scalaires, vecteurs, etc.) dont des Tensor Processing Unit. Ces TPU (unités de traitement de tenseur) ont originellement été développées par Google et servent notamment dans l’apprentissage machine.

Microsoft a-t-il rebrandé l’Hexagon 690 ? A-t-il demandé à Qualcomm d’ajouter des unités de calculs ? Ou carrément développé un autre co-processeur qui se greffe aux différents éléments intégrés par le SoC (Kryo, Adreno, Hexagon, Spectra, etc.) ? Il faudra attendre que Microsoft se livre un peu pour en savoir plus. 

ARM et Windows : cette fois-ci, c’est la bonne ?

Qualcomm travaille de longue date avec Microsoft, les premiers Windows Phone lancés en 2011 fonctionnaient en effet avec les puces ARM de l’américain.
Si l’architecture ARM – et notamment celle de Qualcomm grâce à notamment à ses très bons modems – a su s’imposer dans les smartphones Android, le chemin a été plus difficile dans les ordinateurs.
On se souvient ainsi de Surface RT, un appareil lancé en 2012 qui intégrait des puces ARM Nvidia et fonctionnait sous Windows RT, une version allégée de Windows 8.
Pauvre en logiciels ARM, incompatible avec les apps Win32 et offrant des performances déplorables, Surface RT fut un échec retentissant. Cette infidélité de Microsoft aux processeurs x86 d’Intel et AMD semblait d’ailleurs avoir mis un terme à l’expérience ARM sous Windows.

Jusqu’à ce mois de juin 2017 où Qualcomm a décidé de relever le défi, aidé par un Microsoft qui cherche, depuis un moment, une autre source que les seuls processeurs x86 pour motoriser Windows.
Entre 2012 et 2019, les budgets R&D sur les puces mobiles sont devenus colossaux, ce qui a permis aux puces ARM d’accélérer au point de dépasser, sur certains plans, les processeurs d’ordinateur. Suffisamment pour convaincre Microsoft de consacrer une partie de ses forces à compiler un Windows 10 ARM pour Snapdragon, porter ses applications et offrir les outils aux développeurs pour enrichir au plus vite l’écosystème. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?

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Adrian Branco