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Test du Polaroid Now+ : l’instantané argentique qui se pilote en numérique

S’il est mécaniquement similaire à ses aïeux 100% argentiques, le Now+ de Polaroid dispose d’une partie électronique qui lui permet d’être piloté par une app smartphone. Une manière efficace de dépasser quelques limites de l’appareil sans trahir sa simplicité.

À un bouton près, le Polaroid Now+ est en apparence la copie conforme du Now déjà lancé. Mais la différence est dans le « plus » et le bouton qui prend cette forme. Car sous sa carlingue déjà connue cache une nouvelle carte électronique. Équipée d’une liaison Bluetooth, cette électronique permet de dépasser les limites de cet appareil un peu basique en mettant à portée de main la double exposition, les débrayages manuels, le retardateur, etc.

À portée de main ou plutôt à portée de smartphone : aucun nouveau bouton, aucun écran ne permet de tirer parti des nouvelles fonctionnalités. Tout se passe dans votre terminal quotidien au travers d’une app.

Une app aux commandes

Certains pourraient regretter que les enrichissements ne puissent pas tous être accessibles sans application. Mais il s’agit pourtant d’un bon choix qui résulte d’une équation financière. Le Now+ ne coûte que 20 € de plus que le Now classique (150 € au lieu de 130 €). Or, ajouter des composants (boutons, molettes, écran) aurait nécessité de nouveaux développements, de nouveaux moules pour la plasturgie, une électronique plus indépendante (donc plus complexe), etc. Ce qui aurait eu pour effet de faire exploser la facture.

En prenant en compte que les films coûtent déjà cher – 2€ l’image – et que chaque recharge ne contient que 8 images, on est ici sur un marché de niche, de photos théoriquement un peu plus réfléchies que les rafales à 60 images par seconde des hybrides numériques. Le passage par le téléphone ne devrait donc pas trop entraver les artistes que vous êtes.

Du côté de l’app en elle-même, rien à reprocher : elle détecte l’appareil dès que celui-ci est allumé sans même à avoir à passer par des menus Bluetooth, elle est jolie, claire et efficace. Et elle explique chaque mode opératoire de l’appareil. Seul regret : si l’appairage est si rapide, c’est au prix de la sécurité. Le choix de la simplicité a en effet poussé les ingénieurs de Polaroid de se passer d’authentification entre le terminal et l’appareil photo. N’importe qui peut donc théoriquement contrôler votre appareil sans authentification. Pour un appareil argentique sans données dedans, on ferme les yeux.

Polaroid ou Fujifilm : l’artisanat contre l’industrie

Avant de parler de la qualité d’image, il faut faire un point technique et comparer Polaroid au géant de l’instantané : Fujifilm. Les émulsions des films de Polaroid et Fujifilm sont différentes, autant en rendu des couleurs qu’en comportement sur le long terme. Pour en parler, il faut rappeler qui sont ces deux entreprises : Polaroid est une petite marque ressuscitée d’entre les morts, dont le cœur de métier initial a toujours été le film instantané. Un avantage de Polaroid contre Fujifilm ? Pas vraiment : quand Polaroid était tendance dans les mains d’Andy Warhol, Fujifilm était déjà un gros groupe de chimie industrielle.

Le japonais était déjà le concurrent volumique de Kodak dans la période argentique. Et il est désormais un puissant conglomérat produisant aussi bien des appareils photo numériques, des minilab d’impression photo, des logiciels de scan médicaux ou encore des films chimiques dédiés à l’industrie de la production d’écran plats.

Lire aussi : Test du Fujifilm Instax Mini 40, l’appareil photo qui fait rimer instantané et sobriété

Cette différence de dimensions explique grandement celle de la chimie des films qu’on pourrait résumer de manière caricaturale. À gauche, Fujifilm Instax est un film aux couleurs réalistes, fiables d’une recharge à l’autre et dont la tenue de la chimie dans le temps est excellente. À droite, la chimie de Polaroid évolue plus dans le temps, s’avère sensible aux écarts de températures et produit des images dont les rendus sont bien plus aléatoires d’un film à l’autre.

L’avantage technique est donc très (très) largement à Fujifilm. Car outre la grande maîtrise des couleurs et de la qualité du film en lui-même, certains appareils permettent d’avoir un certain contrôle artistique – notamment grâce au renfort des appareils de Lomography. Alors que l’approche « réaliste » est hors de portée de Polaroid. Mais on ne parle pas ici de mire, de graphs ou de mesures : la photographie est l’une des rares sphères « tech » qui invite à la subjectivité et à l’art. Donc n’importe qui a le droit de préférer les rendus Polaroid.

Qualité d’image… Polaroid

Cette différence de structure avec Fujifilm étant posée, le spectateur un peu neutre ne peut que constater que les rendus de Polaroid sont très aléatoires, la qualité des films beaucoup moins constante (effet de peeling sur certains films), les expositions moins précises, le niveau de détails inférieur, les couleurs complètement à l’ouest.

Au rang des « surprises » on a une exposition parfois très aléatoire qui a cramé quelques clichés en forêt, des distances de netteté difficiles à maîtriser, des défauts de chimie, etc.

Ce côté artistique ne conviendra absolument pas au quidam, aux familles, aux groupes de copains lors d’une soirée, aux vacanciers à la recherche de clichés immortalisant ce qu’ils voient, etc. La vraie cible est un public déjà un peu connaisseur des limites (et du potentiel créatif) des chimies Polaroid.

Micro USB et batterie non amovible

On termine sur la conception du boîtier qui, si elle est tout à fait convenable du point de vue du design – qui est objectivement joli et bien caractérisé – n’est pas pragmatique dans son approche. Outre l’absence de miroir en façade pour les autoportraits bien cadrés et un viseur vraiment très petit, la partie énergétique déçoit quelque peu.

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Primo parce que la batterie est annoncée comme non amovible. En cas de mort de la batterie (cela peut arriver), il faudra bricoler ou jeter l’appareil puisque son changement n’est pas prévu. Et pour l’alimentation, la prise Micro USB a de quoi interroger. En 2021, alors que l’USB-C est le standard informatique de facto et qu’il s’avère plus solide et plus facile à brancher que le Micro USB, la présence de ce format fait tache. Pas une faute majeure, mais cela nuit à l’expérience de devoir se coltiner un de ces vieux câbles.

Bon point énergétique cependant : la batterie tiendrait 20 recharges (soit 160 photos et donc 320 euros !). Et pour les shootings intenses, l’appareil peut fonctionner de manière continue en étant alimenté par la prise… Micro USB.

Le Polaroid Now+ est une très intéressante évolution à la gamme Polaroid puisqu’il permet de conserver la rusticité et la simplicité du boîtier original tout en profitant de contrôles supplémentaires. Sans trop grever le prix, puisque pour 150 euros, les plus artistes d’entre vous et autres amoureux de la chimie « Pola » profitent d’un boîtier bien plus riche en fonctions.

Cela étant, il est bien moins intéressant en tant qu’appareil photo instantané pour la famille ou entre copains. Son coût élevé à l’image et la qualité aléatoire des rendus le pénalisent par rapport à l’excellence technique des films Instax de Fujifilm.

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Adrian BRANCO