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Sésame numérique pour l’autoroute

S’abonner au système de paiement automatique Liber-t permet d’éviter de longues minutes d’attente au péage. Mais derrière le badge se glisse beaucoup de technologie.

Pour bénéficier du télépéage sur les autoroutes, il suffit de souscrire un abonnement Liber-t auprès d’une société autoroutière émettrice de badge. Ce système de paiement et de voies réservées est disponible sur l’ensemble du réseau français mais aussi pour certains ouvrages tels que le pont de Normandie ou le viaduc de Millau… Il vous en coûtera de 10 à 30 euros par an selon le type d’abonnement et le mode de facturation choisis (Internet ou papier).

Sur la voie de péage

Le badge est en fait un petit boîtier plastique baptisé OBU (On Board Unit). Il se fixe en haut du pare-brise derrière le rétroviseur intérieur. Sur les pare-brise athermiques (ne laissant passer qu’une partie de la chaleur à l’intérieur de la voiture), cette zone est conçue pour ne pas bloquer les ondes émises ou reçues (GPS, télépéage, etc. ). L’OBU se compose d’une carte électronique, d’une pile et d’une antenne. Il contient plusieurs données, certaines fixes, d’autres s’inscrivant au cours de la transaction. Parmi les données fixes figurent l’identifiant porteur (société émettrice, client), l’identifiant produit (conditions commerciales de l’abonné) et l’identifiant du badge (utile pour la gestion technique, y compris la date de mise en place des piles d’alimentation). En ce qui concerne les données modifiées, elles comprennent le dernier point de passage, l’historique des seize derniers, l’éventuelle mise en liste noire, etc.Dès lors que l’OBU est positionné dans le véhicule, l’usager n’a plus qu’à se présenter dans une voie de télépéage, en général à gauche de la gare de péage. Tout est transparent pour lui. Le véhicule passe tout d’abord sous un portique de limite de gabarit. Avant ce portique, et à même le sol, figure une boucle de présence électromagnétique qui permet de détecter le véhicule et d’activer une balise (ou antenne) positionnée un peu plus loin, à côté de la barrière de contrôle. Lorsque la balise est activée, elle crée un champ de communication électromagnétique en émettant des ondes hautes fréquences à 5,8 GHz. C’est dans ce champ, situé entre le portique et la barrière de contrôle, que la transaction Liber-t va s’opérer.Le premier échange entre la balise et le badge correspond à une phase d’initialisation. La balise lance des interrogations cycliques afin de rechercher la présence d’un badge dans la zone de communication. À la réception d’une réponse, elle vérifie que l’opérateur est autorisé. Si c’est le cas, un second échange s’opère pour que la balise puisse lire les données contenues dans le sésame et lance la transaction. Lors d’un troisième échange, l’écriture des données relatives à la transaction est effectuée dans le badge. Une fois le cycle achevé, celui-ci émet un bip signalant que la transaction a bien eu lieu. Dès que la voie de péage reçoit l’information stipulant que l’écriture des données dans le badge s’est bien déroulée, l’instruction est donnée à l’automate de passer le feu au vert et de lever la barrière de contrôle. La voie est libérée, la voiture reprend sa route. Ces opérations s’effectuent en un laps de temps compris entre 300 et 500 ms.‘ Tout n’est pas fini pour autant pour la société autoroutière qui doit traiter et conserver la transaction notamment pour établir la facturation mensuelle du client ‘, rappelle Thierry de Camaret, chef de département chez APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône).

L’envers du décor

Dans une transaction apparaissent diverses informations (badge, émetteur, identifiant, lieu d’entrée jour et heure, lieu de sortie jour et heure, classe du véhicule). Ces données sont générées par l’unité de contrôle de voie (UCV), à laquelle est reliée la balise hyperfréquence. Cette UCV est en fait un ordinateur doté d’une application spécifique et situé dans une cabine de télépéage ou un coffret extérieur. Chaque télépaiement donne lieu à une ligne de transaction transmise à un serveur central. Ces informations transitent par plusieurs sous-systèmes dans la gare d’exploitation afin de subir divers contrôles. La transmission vers le système central, ou échangeur de données péage (EDP), s’opère par lien filaire (fibre optique dédiée autoroute). L’EDP récupère ainsi toutes les données des péages dont les transactions télépéages. Tous les jours, elles sont extraites et traitées dans une application qui va procéder aux échanges de données entre les sociétés d’autoroutes. Le fichier doit être conforme au standard d’échange TIS (Télépéage intersociétés) édicté par la profession. En fin de mois, chacune procède à une opération de clôture et intègre les transactions dans son outil de facturation. Les factures indiquent le relevé de trajet (entrée, sortie, prix) et la consommation par concessionnaire. Le prélèvement bancaire a lieu dix jours après l’émission de la facture. Enfin, les sociétés procèdent entre elles à une compensation financière, tout comme le font les organismes bancaires.Reste l’harmonisation européenne qui ouvrira l’abonnement Liber-t à toute la communauté. Le chantier est en cours.

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Rémi Langlet