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Pas si petit que ça

À la rédaction de Micro Photo Vidéo, tous les mois nous nous répartissons les différents appareils à tester. Cette procédure a pour but d’éviter que l’un…

À la rédaction de Micro Photo Vidéo, tous les mois nous nous répartissons les différents appareils à tester. Cette procédure a pour but d’éviter que l’un d’entre nous ait à tester de façon répétitive des appareils semblables et finisse par s’habituer à telle ou telle disposition ou fonctionnalité.Au final, l’intérêt est de regarder chaque appareil d’un ?”il quasi neuf, celui que vous, lecteur, allez poser sur lui. Pourquoi cette – longue – explication sur notre cuisine interne ? Juste pour dire que, chez Nikon, je connais bien le D70 (je l’utilise à titre personnel) et le D200, mais que je ne connais bien ni le D80 ni le D40, et que c’est donc sans aucun préjugé que j’ai abordé ce petit D40x. Une précision importante, car le D40x est mécaniquement identique au D40 de base que nous avons déjà testé dans le magazine. La différence touche à l’électronique, dérivée de celle du D80, et à l’obturateur, qui est celui du D80.

Un drôle de gabarit

Au premier regard, le D40x affirme nettement sa lignée et possède toute la signalétique Nikon : le petit triangle rouge sous la poignée, le bouton de mise en route, la disposition de touches au dos et à gauche de l’écran, etc. Dès que l’on prend ce tout petit boîtier dans la main, une impression saute immédiatement aux… doigts : le D40x a un tout petit gabarit. La surprise vient presque plus de la taille que du poids. Le D40x est certes léger (à tout point de vue, tant en grammes qu’en ce qui concerne l’impression très ‘ plastique ‘ qu’il dégage), mais pas tellement plus qu’un D70. C’est curieux, mais mon D70, équipé du 18-70 mm mieux construit que le 18-55 mm du kit du D40x, n’est pas beaucoup plus lourd mais nettement plus gros.Cela étant, j’avoue être resté un brin dubitatif devant le gabarit du D40x. Il n’est pas suffisamment petit pour que le gain de place soit réellement conséquent (contrairement à l’Olympus E500, par exemple) et il n’est pas non plus assez gros pour bien tenir en main. Concrètement, je suis droitier, et mon petit doigt passe sous le boîtier du D40x qui, de fait, n’est tenu qu’avec deux doigts, le majeur et l’annulaire, l’index étant occupé avec le déclencheur et le pouce avec la molette arrière. On doit pouvoir s’y faire mais, au départ, cette prise en main est vraiment déconcertante.

Vive la photo en visant !

Avec le D70 et son viseur exigu et sombre, Nikon avait inauguré le règne de la photo à tâtons (principe largement repris par d’autres entre-temps). Glisser l’?”il derrière le viseur du D40x est donc une excellente surprise. Si vous êtes venu à la photo avec le numérique, cette idée ne vous paraîtra pas forcément naturelle, mais il faut se souvenir qu’une des raisons d’être du reflex, c’est précisément la qualité de sa visée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les premières générations de reflex grand public ont largement dérogé à cette règle. Sur ce plan, le D40x est une bonne surprise. Dire que le viseur est large et clair serait excessif mais, au moins, on voit ce que l’on vise, ce qui n’a pas toujours été le cas avec les générations précédentes.

Un vrai poste de pilotage

En comparaison avec la génération précédente (D70/70s/50), le D40x a fait des progrès considérables pour tout ce qui touche au pilotage de l’électronique du boîtier et à l’affichage des commandes. Tout d’abord, l’écran arrière unique (il n’y a pas de petit écran de rappel sur le dessus du boîtier) est d’une taille confortable et surtout d’une lisibilité exemplaire. À cela, on pourrait dire que le D40x est, dans l’esprit, une sorte de mélange de gros compact et de petit reflex. Concrètement, l’accès aux réglages est limpide. D’une pression sur le bouton ‘ info ‘ (situé en arrière et à gauche du déclencheur de façon à tomber facilement sous l’index), toute la configuration de l’appareil s’affiche sur l’écran arrière. Si l’on ajoute à ce bilan flatteur, pour un appareil d’entrée de gamme, le viseur raisonnablement clair, en termes d’ergonomie des menus, le D40x frise le sans-faute… et c’est heureux. C’est heureux parce qu’en contrepartie il impose un recours systématique à son menu. À l’usage, cela frise parfois le pénible. Pour prendre un exemple courant, sur la majeure partie des reflex, le changement de réglage de la balance des blancs se fait en pressant une touche dédiée puis en actionnant une molette qui fait défiler les options. Simple, rapide et efficace. Sur le D40x, pour effectuer cette opération pourtant basique, il faut presser la touche menu pour accéder aux configurations, puis aller au menu de prise de vue et faire défiler les options jusqu’à la balance des blancs et, enfin, sélectionner l’option qui convient. L’appareil propose bien une touche d’accès direct qui peut être paramétrée mais, comme une seule fonction est paramétrable, ce n’est qu’un pis-aller.L’appareil ne dispose pas de molette avant, uniquement une sous le pouce. Conséquence : certaines opérations de base confinent à l’exercice acrobatique. Par exemple, en réglage manuel de l’exposition, le temps de pose se modifie en tournant la molette, et le diaphragme en pressant le bouton qui sert, par ailleurs, à l’accès au correcteur d’exposition, tout en tournant la même molette. En clair, les deux éléments se règlent l’un après l’autre mais pas simultanément (l’un avec l’index, l’autre avec le pouce). Après quelques essais, je suis arrivé à la conclusion que le réglage manuel était exclusivement réservé aux photographes ayant suivi des études poussées de yoga des doigts. Blague à part, c’est sur ce point que se fait sans doute la plus grosse différence entre le D40x et le D80. Le D80 assume son statut de reflex (et la petite complexité afférente) et propose un ensemble de touches d’accès direct qui rend son utilisation intuitive et rapide. Le D40x, lui, est représentatif de la nouvelle génération de reflex d’entrée de gamme, qui cible les utilisateurs éduqués au compact et doit faire le grand écart entre, d’un côté, la nécessité d’apparaître le plus simple possible (et donc le moins boutonneux possible) et, de l’autre, l’obligation de proposer une foule de fonctionnalités qui fait chic dans les fiches techniques, et qui se retrouve ensuite enfouie sous des strates de menus.

Des images de qualité

L’expression ‘ l’électronique du D80 dans le boîtier du D40 ‘ qui sera, à n’en pas douter, avancée comme argument de vente, est un rien leste, car l’électronique du D40x est ‘ dérivée ‘ de celle du D80. Cependant, en pratique, la différence entre les deux appareils, s’il y en a une, n’est que très peu sensible. En clair, le D40x est une remarquable machine à faire des photos. Le système d’exposition plus modeste que celui des Nikon de classe supérieure s’acquitte très bien de sa tâche, tout comme l’autofocus à trois zones.Mieux encore, il semble que la réduction de bruit est au moins aussi bonne que celle du D80 (excellente) voire, dans certains cas, visuellement meilleure. En clair, le D40x produit des images excellentes jusqu’à 800 ISO et avec un niveau de bruit modéré au-dessus. Une performance remarquable : fans désargentés de photos de concert, le D40x est une option extrêmement crédible. Le dernier petit Nikon dispose de fonctions de traitement intégrées étonnantes. Il peut enregistrer en Raw ou en JPeg et, mieux encore, il hérite des fonctions de traitement avancées du D80, dont un menu d’optimisation des images permettant d’affiner la couleur, la netteté ou le contraste, la fonction D-Lighting qui améliore les ombres ou encore une correction logicielle des yeux rouges. Pour les amateurs de manipulations sophistiquées, le D40x est même capable de traiter un fichier enregistré en Raw sur la carte et de la réenregistrer en JPeg. Il est peu probable qu’aucun propriétaire de l’appareil n’utilise jamais cette fonction, mais force est de reconnaître qu’elle devrait produire son petit effet sur les comptoirs de magasin.

Pour qui ce D40x ?

La réponse n’est pas simple. À priori, le D40x est plutôt destiné aux débutants souhaitant acheter un appareil sérieux. Certes, sauf que, pour 270 euros de moins, ils peuvent avoir un D40 de base, avec une électronique moins sophistiquée et qui génère des images de 6 millions de pixels au lieu de 10, ce qui est un désavantage assez mineur. Autre ‘ cible ‘ potentielle, les amateurs avertis qui verraient dans le D40x une façon astucieuse de contourner le D80. À ceux-là, je recommanderai d’économiser un peu pour s’offrir un ‘ vrai ‘ D80. Le recours incessant au menu et la petite taille du boîtier, qui n’est pas toujours un avantage, risquent de les frustrer sur la longueur et ne valent pas les 160 euros d’écart. D’ailleurs, le Pentax K10D, quand même autrement plus enthousiasmant à tout point de vue que le D40x, est vendu en kit à un prix à peine supérieur (environ 100 euros de différence).Et c’est toute l’ambiguïté de ce petit appareil intrinsèquement excellent, mais dont il n’est pas simple de définir clairement à quel public il s’adresse.

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Luc Saint-Élie