Vendredi 17 mars 2006, à 20 h 30 au théâtre des Deux Anes à Paris. Les trois coups de la pièce Villepy et Sarkozin retentissent. Au même moment, dans la salle de cinéma de Montjean-sur-Loire, petite commune du Maine-et-Loire, environ 150 personnes voient le rideau se lever. Le rideau du cinéma ? Non, celui du théâtre. En effet, la pièce parisienne est retransmise en direct dans le cinéma. Jean Amadou, Jean Roucas, Jacques Mailhot et leurs complices chansonniers se succèdent sur la scène.Depuis Paris, les rires fusent dans le public. A Montjean, c’est plus tempéré, comme si la distance donnait de la retenue aux spectateurs. Mais au fond de la salle, dans la cabine de projection, un homme a le sourire aux lèvres.Georges Viaud, responsable de l’association Montjean-Cinéma, savoure ce qui prend des allures de succès. Il y a dix ans, il avait tenté de monter une opération similaire avec la société VTHR. Des dysfonctionnements techniques trop nombreux l’avaient conduit à renoncer. Aujourd’hui, ce ‘ miracle ‘ est possible, grâce aux satellites.
Un équipement spécial
Car c’est bien de l’espace que viennent les images projetées sur l’écran du cinéma. Ce service est commercialisé par la société CielEcran, qui a entre autres repris l’activité de VTHR lorsque celle-ci a dû l’arrêter. Bruno d’Isidoro, ancien de VTHR, aujourd’hui directeur des programmes de CielEcran, était déjà en contact avec Georges Viaud il y a dix ans.‘ A l’origine, CielEcran proposait un catalogue de spectacles vivants à des petites collectivités locales géographiquement éloignées des centres culturels régionaux, explique-t-il. Pour Montjean, c’est la première fois que nous passons un accord directement avec le cinéma. ‘ Pour que l’opération soit possible, il fallait s’équiper. ‘ Ça tombe bien, indique Georges Viaud. En 2005, nous avions doté le cinéma d’un lecteur de DVD et surtout d’un vidéo projecteur numérique, pour passer les bandes-annonces et les publicités en haute définition. ‘Il ne restait plus qu’à placer une parabole sur le toit du bâtiment et à installer un décodeur satellite dans la cabine de projection. C’est un installateur local, agréé par CielEcran, qui est venu faire le travail. Les retransmissions pouvaient commencer.
Mieux qu’au théâtre !
Après la diffusion d’une première pièce de théâtre en différé ?” Si c’était à refaire, de Laurent Ruquier ?”, la première expérience en direct est tentée avec la pièce des chansonniers.Bruno d’Isidoro explique : ‘ Nous avons exactement le même découpage qu’une chaîne de production et de retransmission télévisée. Les images sont codées en Mpeg-2 de bout en bout. Il n’y a pas de conversion intermédiaire. ‘Les essais techniques réalisés jusqu’à la veille du jour J avaient de toute façon rassuré toutes les parties prenantes de ce projet : ‘ Même en cas de mauvais temps, voire d’orage, on peut assurer la retransmission. ‘Désormais, le troisième vendredi de chaque mois, les habitants de Montjean-sur-Loire et de ses environs peuvent aller au théâtre pour 5,50 euros… Dans d’excellentes conditions qui plus est, comme le fait remarquer un spectateur à la sortie de la pièce Villepy et Sarkozin : ‘ En fait, on voit mieux qu’au théâtre. La salle des Deux Anes est petite, les spectateurs sont ramassés. Ici, on voit le spectacle en grand. ‘
Spectateurs et supporters
Et si les retransmissions en direct sont pour l’instant limitées (une ou deux par semestre), tout cela va s’accélérer à partir du 9 juin avec le début de la Coupe du monde de football. ‘ Nous comptons développer notre partenariat avec CielEcran pour retransmettre des matchs en direct ‘, explique Georges Viaud. Après le théâtre au cinéma, le stade au cinéma : voilà qui promet de chaudes ambiances à l’ombre de la parabole
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