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Ils tracent la route

Deux sociétés numérisent les routes d’Europe pour mettre à jour les cartes des navigateurs GPS. Ils nous ont invités à bord de leurs véhicules.

Avec un million et demi de kilomètres, l’importance du réseau routier français est synonyme de pain sur la planche pour les fabricants de cartes GPS.Pour quadriller les routes, des dizaines de géographes circulent dans des voitures bardées d’électronique. Leur mission ? Relever des centaines d’informations sur chaque tronçon de route : panneaux routiers (limite de vitesse, sens de circulation, nom de rue, etc. ), indications structurelles (hauteur des ponts, nombre de voies, radars) ou points d’intérêt (pharmacies, stations-service, restaurants, etc. ), autant d’éléments qui seront à la disposition des usagers.Deux poids lourds se partagent le marché français de ce relevé topographique. Le néerlandais Teleatlas, qui fournit Google Earth Europe, Mappy et Tom-Tom, et l’américain Navteq qui compte parmi ses clients Peugeot, Renault et Citroën.

Une surveillance quotidienne

Navteq disposerait d’un parc d’une trentaine de monospaces Scenic équipés de PC qui parcourent en permanence le territoire à la vitesse de l’escargot. Dans chaque véhicule, un géographe prend des notes manuscrites et sonores pendant qu’une petite caméra filme la route. Plusieurs fois par semaine, les données sont rapatriées dans les bureaux de Navteq pour les mises à jour.Teleatlas réalise ses relevés de façon similaire, mais avec des véhicules roulant encore plus lentement, et il utilise rarement plus de dix véhicules simultanément, également des modèles Scenic pour la plupart. A la différence de son concurrent, les géographes de Teleatlas modifient les cartes en temps réel dans leur véhicule, via l’écran tactile d’une tablette PC. Ce dispositif est complété par deux vans équipés de six caméras numériques, tel celui de notre photo. Ces vans peuvent rouler beaucoup plus vite que les voitures et sont donc capables de récolter plus d’informations à l’heure.Mais leur encombrement les oblige à rester sur les grandes routes et donc à fréquenter le quart seulement du réseau français. Les données collectées de cette façon sont traitées à l’autre bout de la planète, en Inde, où 150 cartographes se chargent de remettre les cartes à jour. Ce qui explique parfois quelques erreurs de traduction ! D’ailleurs, Teleatlas et Navteq avouent que leurs cartes sont loin d’être parfaites. Outre quelques erreurs dues à la saisie ?” elles restent rares ?”, des différences sur les tracés ou les sens de circulation peuvent être notées. En effet, le réseau routier est en mutation permanente.

Des données qui changent

Les constructeurs conseillent de ne pas suivre aveuglément les indications du GPS, et de toujours garder un ?”il sur la signalisation qui a pu être modifiée ponctuellement ou définitivement. Navteq et Teleatlas estiment qu’en une année, 15 % des données collectées sur le terrain changent. La fraîcheur des cartes devient alors l’argument commercial qui permet, chaque trimestre, de vendre des mises à jour.Presque toutes les chaussées françaises ont été ‘ roulées ‘ au moins une fois. Manquent seulement les petites routes sans habitations et les chemins de terre, qui ne seront vraisemblablement jamais intégrés.Pour être plus performantes, les deux sociétés travaillent en collaboration avec La Poste, les mairies et les directions départementales de l’équipement qui leur fournissent des informations sur les voies modifiées ou en passe de l’être. Ainsi, lorsqu’une nouvelle route ouvre, ils disposent souvent des plans depuis plusieurs mois. Mais, si ces informations sont fiables pour les zones urbaines, elles demeurent plus parcellaires pour les zones rurales. La vérification sur le terrain est donc incontournable. Les communes les plus habitées sont visitées chaque année. Les autres ne le sont que tous les trois à cinq ans

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Nicolas Six