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Danse avec les robots

Des colosses de 7 mètres de haut ballottent les visiteurs du Futuroscope. Leur ballet a été programmé par un chorégraphe de la Star Ac’.

Dix robots géants de 7 mètres de haut se sont évadés des usines Citroën et Renault. Leur boulot était inhumain : plier des tôles 24 h/24 pour fabriquer des Laguna et autres C3. Où se cachent-ils désormais ? Au
Futuroscope de Poitiers, dans le pavillon ‘ Danse avec les robots ‘. Leur nouveau métier ? Donner des frayeurs aux visiteurs qui montent sur leur dos. Facile pour les Kuka KR-500 – c’est leur nom
-, des robots industriels parmi les plus puissants au monde. Ils sont capables de manipuler des charges de 500 kg. Ces monstres consomment jusqu’à 45 kW – environ 200 fois la consommation d’un gros téléviseur -, et coûtent 240 000
euros pièce.Pour monter sur leur dos, les volontaires font trente minutes de queue. Puis, ils prennent place à l’extrémité des bras articulés, solidement attachés. Top départ : le robot les ballotte énergiquement pendant une minute et demie.
L’agilité du KR-500 est étonnante, ses puissants moteurs tournent sur six axes, donnant des possibilités gestuelles infinies. Impossible d’anticiper les mouvements de la bête : on perd rapidement ses repères. Sébastien témoigne :
‘ Au bout d’un moment, difficile de savoir si on a la tête à l’envers ou à l’endroit. ‘Pourtant, les KR-500 secouent leurs prisonniers avec retenue. Dans leurs bras, les visiteurs du Futuroscope encaissent des accélérations de ‘ seulement ‘ 3,5 G, alors que les robots
pourraient facilement monter à 5 G, ce qui correspond à l’accélération encaissée par les pilotes de formule 1. Ils pourraient même monter à 6 G, c’est-à-dire l’accelération subie par les pilotes d’avion de chasse. Seulement voilà, à partir de 5 G,
il faut être entraîné, sous peine de s’évanouir. Que les personnes sensibles se rassurent : avant de monter sur le robot, une hôtesse propose de ralentir le mouvement du KR-500. Trois niveaux d’intensité sont proposés. Le niveau 1 offre une
paisible balade, le niveau 2 un rodéo corsé, le 3 des sensations fortes. Et c’est ce dernier mode qui inflige des accélérations de 3,5 G.

Plutôt rock, salsa ou valse ?

Quid de la sécurité ? Le robot peut-il se rater, et provoquer un accident ? C’est peu probable : doté d’un embryon d’intelligence artificielle, le KR-500 évite spontanément les mouvements dangereux.
‘ Le robot de Kuka est équipé d’une butée logicielle : il analyse ses accélérations en permanence, anticipant la position finale du bras. Il empêche les accélérations qui ne permettraient pas de freiner le bras à
temps ‘
, détaille Jean-Pierre Joyaux, chef du projet. La précision du KR-500 est redoutable. Il exécute ses mouvements au dixième de millimètre. Il connaît la position de son bras en temps réel, grâce aux capteurs placés dans
ses moteurs. Pour parfaire le tout, des techniciens de Kuka prennent son pouls chaque matin. Ils vérifient les ceintures de sécurité de chaque nacelle, et contrôlent la pression des accumulateurs.Cela étant, un fait divers récent (dû à la rupture d’une pièce d’un manège rapide) a montré que le risque zéro n’existe pas. C’est Kamel Ouali, chorégraphe connu pour ses comédies musicales et ses cours de danse à la StarAc’, qui a
programmé cette danse des robots. Il leur a enseigné cinq techniques : Salsa, Rock, Hip Hop, Raï, Valse. Mais difficile au final d’y reconnaître un quelconque pas de danse. Le bras articulé du robot imite mal les mouvements du corps humain. En
outre, il ne bouge pas parfaitement en rythme. Pour programmer les KR-500, Kamel Ouali a donné ses instructions à un ingénieur chargé de transformer ses indications en mouvements.Les danses ont été créées sur PC : le logiciel Kuka Sim Viewer permet de simuler les mouvements des robots en 3D. Manquent trois paramètres importants : accélérations, décélérations, dérive maximale autorisée. Des paramètres
à programmer directement sur le robot. Au siège de Kuka, en Allemagne, les danses ont été exportées dans un KR-500, afin d’être fignolées à l’aide du programme Kuka Sim Pro. Ce logiciel permet de piloter le robot dans les moindres détails. Il est
installé sur un PC de contrôle directement relié au robot, un Pentium III hyperventilé tournant avec Windows 2000. Cet ordinateur se pilote via une grande télécommande dotée d’un écran tactile de 15 cm.Mais impossible de s’amuser avec la télécommande. Le logiciel Kuka Sim Pro est incompréhensible pour le commun des mortels, avec beaucoup de commandes en mode texte. Fort heureusement, les programmeurs de Kuka connaissent l’outil sur
le bout des doigts. Avant que les dix robots ne débarquent au Futuroscope, les cinq chorégraphies des Kamel Ouali étaient fin prêtes.Les parcs d’attraction gardent souvent leurs secrets de fabrication. Voilà au moins une attraction qui nen a plus pour nous

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Nicolas Six