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Bienvenue au marché policier

Au dernier salon Milipol sur la sécurité publique, l’informatique tenait une place de choix. Tour d’horizon des technologies qui débarquent en France pour nous protéger et… nous surveiller.

Equipements dignes de James Bond, panoplies façon Robocop, radars et ‘ automates d’intervention en milieu hostile ‘ : nous sommes au salon Milipol, qui s’est
tenu du 18 au 21 novembre dernier au parc d’expositions de Paris-Le Bourget. Réservé aux professionnels et interdit aux mineurs, ce salon attire les responsables de sécurité, les services de renseignement et toutes les polices d’Europe, venus faire
le tour des nouvelles technologies de lutte contre la fraude, la criminalité et le terrorisme. Une ambiance Matrix règne dans les travées. Des hommes en costume sombre discutent devant un écran géant ou manipulent d’étranges
boîtiers.

Renifleurs électroniques

Parmi les visiteurs, un responsable technique d’un centre pénitentiaire de la région parisienne explique: ‘ Je viens repérer l’équipement qui nous servira à filtrer les entrées/ sorties de manière quasi
automatique. ‘
Depuis le 11 septembre 2001 et la chaussure ‘ piégée ‘ de Richard Reid, les sas de détection d’explosifs et de drogue ont la cote. En vedette, le portique de
l’anglais Smiths Detection, qui coûte la bagatelle de 200 000 euros. Il est déjà en service aux Etats-Unis, aux aéroports d’Heathrow (Londres) et de Dakar (Sénégal), dans les prisons grecques, à l’entrée du gratte-ciel CN Tower de Toronto
(Canada) et dans certaines centrales nucléaires. Selon son fabricant, il serait en voie d’homologation en France ‘ en complément des équipements existants de détection d’armes ‘.

Des caméras ‘ intelligentes ‘

Un peu plus loin : la vidéo-surveillance. Internet vient chambouler ce grand classique de la sécurité avec des caméras dites intelligentes. En cas d’intrusion, ces yeux numériques repèrent la personne, enregistrent la scène dans
de grosses bases de données et alertent l’agent de surveillance. Celui-ci consulte les images et la cartographie des lieux avec l’emplacement des caméras à partir de n’importe quel PC, via un navigateur Web. Une souplesse inconnue des anciens
systèmes analogiques. Les progrès techniques sont réels : les flux d’images en provenance de ces webcams professionnelles arrivent en streaming plein écran et sont analysés en temps réel. Les applications s’en trouvent décuplées.
‘ Les sociétés d’autoroute peuvent ainsi repérer une voiture roulant à contresens ou faire un zoom sur un poids lourd arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence ‘, explique Thomas Leostic, de VisioWave. Plus
loin, arrêt au stand de Nice Ltd, spécialiste des systèmes d’écoute multimédias. Sa solution de ‘ monitoring ‘, NiceTrack, fonctionne comme une oreille numérique géante capable de repérer, d’archiver et
d’analyser tous types de communications : Web, courriels, fax, chat, SMS, téléphonie fixe et mobile… Associée à un logiciel de cartographie, elle indique même d’où proviennent les appels !

Biométriquement vôtre

La tendance au ‘ tout sécuritaire ‘ profite à une autre star du salon : la biométrie. Aujourd’hui, même le visage maculé de boue ou les doigts pleins de cambouis, vous pouvez être
identifié ! ‘ En environnement ” sale “, la reconnaissance 3D de la main est le système le plus fiable ‘, indique Alain Choukroun, directeur de Zalix Biométrie. Derrière
l’appareil capteur, un PC costaud fait en deux secondes le rapprochement avec le modèle enregistré et donne le feu vert ou pas. Non loin de là, le Monsieur Sécurité d’une chaîne d’hypermarchés tend l’oreille : ‘ Nous
n’avons pas encore le budget, mais je me renseigne sur ces nouveaux systèmes alliant biométrie faciale et vidéosurveillance pour repérer dans le flot des clients des individus connus de nos services. Je veux soulager les yeux de nos
vigiles. ‘
A l’origine autorisés pour le contrôle d’accès aux locaux sensibles ou classés à risque, les équipements de reconnaissance digitale ou faciale s’étendent aux casinos, aux stades, aux aéroports. Des expérimentations
sont en cours chez ADP (Aéroports de Paris). Sous l’étroite surveillance de la Cnil (Commission nationale informatique et libertés), qui veille en France au respect des libertés individuelles. Et tout cela n’est qu’un début : protection de son
portable, démarrage de sa voiture, ouverture de son casier à la piscine, les applications devraient se ‘ démocratiser ‘ en 2004www.milipol.com

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Pierre Lorimy