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Xavier Niel attaque un professeur d’économie pour un rapport qu’il juge « orienté »

L’étude de Bruno Deffains sur l’impact de l’arrivée de Free a-t-elle été commandée par la concurrence ? C’est ce que pense Xavier Niel qui l’a attaqué en justice pour dénigrement.

L’arrivée de Free sur le marché des opérateurs mobile n’a pas fini de faire couler de l’encre. Arrivé il y a un peu plus d’un an avec des forfaits « low cost », le quatrième opérateur est suspecté d’avoir eu un impact négatif sur l’économie des télécommunications.

Cette argumentation se base, entre autre, sur le rapport de Bruno Deffains, professeur d’économie à l’université de Paris-II Panthéon-Assas. L’auteur précise que Free a provoqué une baisse de chiffre d’affaires estimée à 6,5 milliards d’euros ainsi que la destruction de 55 000 emplois sur deux ans.

Xavier Niel estime que son groupe a été volontairement « dénigré » dans ce document et a attaqué en justice son auteur. Le Nouvel Observateur explique que « Xavier Niel n’a pas digéré l’article de M. Deffains intitulé « Free: quand l’idéologie de la concurrence dessert l’économie », publié dans Les Échos du 11 juin »

Selon Le Nouvel Observateur, avant cette procédure, Xavier Niel et Maxime Lombardini directeur général d’Iliad ont lancé, « une série de sommations interpellatives à partir du mois de juillet », donnant lieu à la visite d’un huissier « à cinq reprises » chez M. Deffains.

Un rapport “commandé par un tiers”

Pour le Nouvel Observateur, « les dirigeants de Free sont persuadés que Bruno (Deffains) n’a pas eu spontanément l’idée de la rédaction du rapport, mais qu’il lui a été commandé par un tiers. Autrement dit, un concurrent cherchant à salir l’image de Free », et ils l’accusent de « manquer d’impartialité ».

À cette accusation, Bruno Deffains réplique en niant formellement avoir été payé pour réaliser cette étude. Il affirme qu’elle a été menée « dans le cadre de [ses] recherches universitaires ».

« Ne parvenant pas à obtenir les aveux de l’économiste, Free Mobile a demandé au tribunal de grande instance (TGI) de Paris d’avoir accès à son ordinateur en vue d’engager une procédure pour dénigrement. Ce que le juge, de manière fort surprenante, a accepté », souligne le Nouvel Observateur.

Estimant l’instruction « disproportionnée et entachée d’irrégularités », l’universitaire et son conseil ont demandé la rétractation de l’ordonnance et la destruction des fichiers saisit, selon l’hebdomadaire qui précise que la décision sera rendue le 1er mars.

Un « climat malsain » dans les télécoms

Cette action renvoie au rapport parlementaire de Laure de la Raudière (UMP) et de Corinne Erhel (PS) dans lequel elles évoquaient un « climat malsain » dans les télécoms. Selon les deux députées, « le secteur des télécommunications connaît depuis de nombreux mois une situation de crispation […] ». Pour preuve, elles ont relevé la multiplication des actions en justice entre opérateurs et vis à vis des commentateurs.

Sur l’affaire « Derrains », elles se sont déclarées « stupéfaites d’apprendre qu’un professeur d’économie avait reçu une sommation interpellative portée par un huissier de justice à la suite de la publication de quelques feuillets d’une étude intitulée “choc sur les marchés des communications mobiles : l’impact sur l’emploi” ».

 

Lire aussi sur le sujet : L’impact de Free Mobile serait positif pour la création d’emplois.

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Pascal Samama (avec AFP)