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Worldcom sur les traces d’Enron

Après le courtier en énergie Enron, c’est au tour de Worldcom de découvrir un trou d’environ 3,85 milliards de dollars dans ses comptes. Le deuxième opérateur télécoms américain a peu de chances d’échapper à la faillite.

L’imagination des directeurs financiers américains pour transformer des dettes en chiffre d’affaires semble sans limite. Après Qwest Communications, Global Crossing puis Enron, en février dernier, c’est la société Worldcom qui, cette fois-ci, en fait les frais. L’opérateur télécoms américain a publié hier un communiqué annonçant que ses comptes de l’année 2001 et du premier trimestre 2002 comportaient des erreurs.” Suite à un audit interne des dépenses d’investissements réalisées par la société, il est apparu que certains transferts de lignes de dépenses opérationnelles vers des comptes d’investissements durant cette période n’ont pas été faits en accord avec les règles comptables en vigueur (GAAP) “, peut-on lire sur ce communiqué.En clair, une partie des dépenses courantes des cinq derniers trimestres ont été comptabilisées comme des investissements, amortis sur plusieurs années. Avantages de la man?”uvre : une réduction du montant des pertes et une augmentation du cash flow publié par la société !

Démissions et plan de restructuration en vue

Worldcom a également annoncé le licenciement de son directeur financier, Scott Sullivan, et a accepté la démission de David Myers, senior vice-président, chargé du contrôle des comptes. Dans la foulée, l’opérateur a averti la commission des opérations de bourse américaine (SEC) et annoncé une série de mesures visant à réduire ses pertes.L’opérateur américain entame, dès ce vendredi, un plan de réduction de ses effectifs avec le licenciement d’environ 17 000 employés. Worldcom espère en tirer 900 millions de dollars d’économie sur un an. La société prévoit de vendre certains actifs, relatifs aux technologies sans fil, afin de réaliser une économie d’environ 700 millions de dollars avec ces ventes.Sans entrer dans les détails, Worldcom reconnaît que, sans ces transferts illégaux, la société aurait enregistré des pertes en 2001 et sur le premier trimestre 2002. Pour mémoire, Worldcom a précédemment publié un profit d’environ 1,5 milliard de dollars pour 2001 et d’environ 130 millions de dollars pour le premier trimestre 2002.

Endettement et irrégularités financières plombent la société

Le cabinet d’audit chargé du contrôle des comptes de Worldcom sur la période incriminée était Arthur Andersen, dont la responsabilité est mise en cause dans la faillite du courtier en énergie américain Enron. Pour l’instant, Andersen ne semble pas inquiété par cette découverte.Ces irrégularités comptables risquent d’aggraver encore les déboires financiers de Worldcom. Selon le rapport financier du premier trimestre 2002, Worldcom affiche un endettement d’environ 29,3 milliards de dollars. Cette dette va s’alourdir une fois les comptes de la société proprement révisés.Un premier scandale financier avait touché Worldcom en avril dernier, entraînant le renvoi de Bernard J. Ebbers, le charismatique PDG de la société. Celui-ci s’était octroyé plus de 366 millions de dollars de prêts sur le dos de Worldcom !

Issue probable : la faillite

L’avenir de Worldcom est plus qu’incertain et de nombreux observateurs évoquent une faillite pure et simple de l’opérateur. Ainsi, l’agence de notation financière Standard and Poor’s a abaissé la note de Worldcom, délivrant à l’opérateur un statut de ” junk bond ” ou titre hautement spéculatif.” Ces événements accroissent la probabilité d’une restructuration de la dette ou d’une mise sous la protection de la loi sur les faillites, juge ainsi Rosemarie Kalinowski, analyste pour SP, lors d’une interview accordée à l’Agence France Presse. Qui plus est, la révision des résultats et une enquête de la commission des opérations de bourse pourraient faire fuir les clients et avoir un impact négatif sur les négociations actuelles avec les banques pour obtenir de nouvelles liquidités “, a-t-elle ajouté.En juin 1999, alors au sommet de sa gloire, Worldcom affichait une valorisation d’environ 115,3 milliards de dollars, le cours de son action atteignant 62 dollars. A l’ouverture du Nasdaq, la cotation de l’action Worldcom a été interrompue, le titre ne valant plus que 0,83 dollar pour une valorisation d’environ 2,5 milliards de dollars…Avant même l’annonce de cette nouvelle irrégularité financière, le titre Worldcom avait déjà perdu 94 % de sa valeur depuis le début de lannée. Les analystes pensent que, à court terme, la valeur du titre devrait être nulle, synonyme de faillite.

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Antonin Billet