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Vinton Cerf (IAT) : “Le foisonnement de terminaux Internet justifiera le déploiement d’IPV6”

Vinton Cerf, vice-président de l’Internet Architecture and Technology (IAT) pour MCI Worldcom, a inauguré cette semaine à Hawaï la septième conférence de l’IEEE, NOMS 2000.

Quels sont les grands enseignements de ce septième rendez-vous annuel de l’IEEE, NOMS 2000 (Network Operations and Management Symposium) ?

Deux points majeurs : tout d’abord, nous assistons à l’émergence de réseaux informatiques sophistiqués, dotés de capacités de haut niveau, comparables au réseau téléphonique actuel. Et les systèmes de gestion des réseaux sont en train d’évoluer pour supporter ces mécanismes. Ensuite, on voit arriver les terminaux Internet du futur. Il ne s’agit plus seulement de connecter les grands systèmes, les serveurs et autres PC portables, mais aussi une vaste gamme de périphériques comme les pagers, les téléphones ou les assistants personnels. Par un effet de boule de neige, ces périphériques vont se multiplier, et ce sous des formes aussi variées que des capteurs de température ou des systèmes de sécurité. C’est à ce niveau que le déploiement d’IPV6 se justifiera.Vous êtes président honoraire du Forum IPV6. A quelle échéance prévoyez-vous le déploiement à grande échelle de ce protocole ?L’IPV4, toujours utilisé aujourd’hui, a un espace d’adressage permettant de connecter réellement un milliard de systèmes et de périphériques. L’utilisation de l’IPV6 se généralisera avec la commercialisation des périphériques de téléphonie et autres boîtiers de type set top boxes. Chez MCI Worldcom, nous utilisons depuis deux ans des réseaux IPV6 expérimentaux du nom de VBNS. De leur côté, Cisco et Microsoft s’engagent à fournir l’année prochaine des versions commerciales, basées sur IPV6. Aujourd’hui, la question véritable est non pas de déployer IPV6, mais d’être prêt à le faire. Mais les opérateurs ne bougeront pas avant d’y être forcés en raison des limitations de l’espace d’adressage de l’IPV4, mises en évidence par l’accès des mobiles au protocole IP.En ce qui concerne le déploiement à proprement parler, l’IPV6 sera implanté d’abord au niveau des extrémités des réseaux (les réseaux capillaires) avant d’atteindre les dorsales. Qu’en est-il de l’Internet 2 ?Le terme d’Internet 2 prête souvent à confusion. Il ne s’agit pas d’un nouveau projet de réseau Internet, mais d’un programme mis au point par cent cinquante universitaires et industriels travaillant sur l’évolution des fonctions d’Internet afin de les déployer dans le monde entier. A noter, parmi ces travaux en cours, la bande passante et la qualité des services applicatifs spécifiques, telle la vidéo sur demande. Car, de plus en plus, les particuliers, comme les entreprises, veulent transporter leurs informations (données, voix, vidéo, audio) dans des délais très courts. Plus en détail, deux projets Internet 2 sont à l’étude et devraient, à terme, fusionner : il s’agit du projet Abilene, géré par plusieurs partenaires, dont le groupe universitaire Ucaid (University Corporated for Advanced Internet Development) et des opérateurs et constructeurs, tels Qwest ou Nortel. Le deuxième projet est celui de MCI Worldcom, nommé VBNS.Tout le monde parle de la révolution WAP (Wireless Application Protocol). Quel sera l’impact de ce protocole sur Internet ?Oui, bien sûr, la technologie WAP aura un impact considérable sur la communauté Internet. Aux Etats-Unis, nous utilisons déjà des technologies de réseau sans fil, comme le LMDS, au travers desquelles les données sont transmises au bureau ou chez soi, et qui sont très prometteuses. Mais il faudra encore au moins deux ans pour obtenir une qualité de service acceptable sur des systèmes à base de WAP.Vous avez créé l’an passé un nouveau comité de direction Internet au sein de l’IEEE. Quel est l’objectif de cette initiative ? Il s’agit pour l’IEEE de présenter les technologies et les services Internet de la même manière que dans les divers domaines des télécommunications. Ce comité mettra au point des recommandations pour la communauté Internet. Mon travail consistera aussi à identifier les opportunités de publications, de séminaires et de groupes de travail liés à Internet. Cette nouvelle initiative comporte également un volet éthique. Notamment une mission d’éducation. De nombreux pays ne savent pas comment fonctionne le réseau Internet, comment le construire et comment le maintenir. Mais il s’agit d’un processus assez lent, et les premiers résultats ne seront pas immédiats.

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Propos recueillis par Clarisse Burger