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Une solution différente des offres existantes

Les premiers systèmes de virtualisation symétrique voient enfin le jour en France. Datacore ?” de loin le fournisseur le plus avancé dans ce domaine ?” compte…

Les premiers systèmes de virtualisation symétrique voient enfin le jour en France. Datacore ?” de loin le fournisseur le plus avancé dans ce domaine ?” compte déjà plusieurs clients. Pour son concurrent le plus proche, Falconstor, cela ne saurait tarder. Mais ces “jeunes” éditeurs ne sont pas les seuls concernés par ce marché : les constructeurs de stockage s’y engouffrent également, à grand renfort d’acquisitions ou de partenariats. Si Compaq a bâti sa propre solution Versastore (attendue pour la fin 2002), HP et Sun ont respectivement racheté StorageApps et HighGround Systems, MTI s’est associé à Falconstor, Digital Storage à Datacore, etc.Pourtant, certains constructeurs résistent. Ils sont au nombre de trois, tous portés sur le haut volume : IBM, Hitachi Data Systems (HDS) et EMC. Leur réticence est, somme toute, compréhensible : les architectures proposées par Datacore ou Falconstor sont incompatibles avec les outils de gestion qu’ils livrent avec leurs baies.La virtualisation pratiquée par ces nouveaux acteurs consiste à présenter à l’administrateur des espaces logiques, en s’appuyant sur des emplacements physiques potentiellement éclatés à travers plusieurs baies hétérogènes. Leur solution se distingue des offres déjà existantes ?” de celle de Veritas, Volume Manager, notamment ?” en ce que toutes les données sont virtualisées par le biais d’une plate-forme placée entre les serveurs et les unités de stockage. Mais, outre l’allocation des ressources, ce système de virtualisation, dit symétrique, offre d’autres fonctions ?” par exemple, le snapshot (copie instantanée), la réplication à distance ou le miroir. Et c’est là que le bât blesse. Car IBM, HDS et EMC proposent chacun des outils équivalents associés à leurs baies. Des outils qui se retrouvent totalement court-circuités par le modèle de Datacore. Il semble logique, dans ces conditions, que les constructeurs soient hostiles à toute idée de virtualisation de leurs baies par un tiers. D’autant que les revenus engendrés par les logiciels de gestion de stockage sont en très nette hausse, comme en témoigne la croissance de 54 % réalisée par EMC au dernier semestre dans les ventes de logiciels. Ces nouveaux éditeurs risquent donc de priver certains constructeurs d’une manne financière non négligeable…D’un autre côté, pour IBM et HDS, deux des challengers du stockage haut volume dans le monde des systèmes ouverts, la virtualisation constitue une arme idéale pour pénétrer des réseaux de stockage “monoconstructeurs “. Cible déclarée : EMC, bien sûr. “Ces outils permettront de simplifier une administration rendue particulièrement complexe lorsque cohabitent des baies issues de constructeurs différents “, explique Michel Gacem, directeur de la branche stockage de l’intégrateur Morse.

IBM et HDS prendront la voie de l’asymétrique

Conscients du fait que les outils de virtualisation rendraient inutiles leurs logiciels propriétaires, les deux constructeurs ont décidé de collaborer pour concevoir un système de virtualisation associant les outils de chacun d’eux. En juin dernier, IBM et HDS ont donc signé un accord, aux termes duquel le premier fournit au second les spécifications de PPRC (réplication de données à courte distance) et de Flash Copy (snapshot) en vue de les intégrer dans les Sysplex (clustering de mainframes). Quant à HDS, il livre à IBM les API de Shadow Image (copie instantanée) et de son module Asynchrone Remote Copy, outil de réplication asynchrone longue distance (supérieure à 40 km).“Dans un premier temps, IBM et HDS proposeront sûrement des outils de virtualisation symétrique qui seront, de fait, un minimum propriétaires, mais qui intégreront des technologies communes de snapshot, de réplication ou de mirroring “, prévoit Michel Alliel, directeur des systèmes de stockages chez HDS. Mais ces solutions offriront des débits bien supérieurs à ceux proposés aujourd’hui.” A l’avenir, pourtant, les deux constructeurs s’orienteront vers des architectures asymétriques. “Ces systèmes dits outband devraient faire l’objet d’une normalisation. Les travaux de la SNIA (Storage Networking Industry Association) visent actuellement à standardiser toutes les interfaces rencontrées dans ce type de virtualisation.” Reste que ces échanges technologiques impliquent également HP et Sun, tous deux revendeurs de baies HDS. L’idée d’un pôle formé par ces quatre constructeurs n’est donc pas exclue.Pourtant, la situation est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Plusieurs paramètres risquent, en effet, de freiner la formation de cette alliance. Les récentes acquisitions de HP, d’abord : le constructeur vient de racheter StorageApps, une société spécialisée dans la virtualisation symétrique. Il disposera, par ailleurs, de Versastore, le système de virtualisation asymétrique en cours de développement chez Compaq. Pourra-t-il concilier ces deux architectures, voire en adopter une troisième ? L’une des solutions consisterait à segmenter ces offres de virtualisation.

Alliance pour mettre EMC sur la touche

Ensuite, fidèle à sa stratégie d’investissement dans toutes les technologies émergentes ?” quitte à créer des conflits entre ses divisions ?”, IBM ne refuserait pas, lui, l’idée d’une association avec Datacore et Falconstor. Ces partenariats seraient même sur le point d’être officialisés. Une chose est sûre : Big Blue a déjà testé Datacore sur ses baies Shark, et il expérimente actuellement la solution de Falconstor. Laquelle a, par ailleurs, déjà été certifiée par Tivoli. Ces différentes associations permettraient à IBM de mieux vendre ses baies Shark dans des environnements ouverts (hors AIX). Un objectif que le constructeur s’était fixé il y a deux ans, sans jamais l’atteindre. “La virtualisation lui permettrait de pallier le manque de souplesse de Shark lors de la configuration des espaces disques “, indique Michel Gacem, de Morse. Encore une fois, il ne s’agit que de court terme. Car IBM développe sa propre solution de virtualisation asymétrique, baptisée Storagetank et attendue dans le courant de l’année prochaine.Un système de virtualisation associant des outils communs à IBM, HDS, Sun et HP-Compaq n’est donc pas pour demain. Les échanges visant à rendre interopérables les baies HDS et celles d’IBM n’en sont encore qu’au stade des intentions. Par ailleurs, les quatre constructeurs ne seront pas forcément prêts à s’échanger leurs API pour que leurs baies dialoguent facilement. Les tabous perdurent. Et, en attendant, les nouveaux “virtualiseurs” comme Datacore et Falconstor prennent de l’avance. Mais, qu’il aboutisse ou non, ce jeu d’alliance entre IBM et HDS vise, une nouvelle fois, à mettre sur la touche EMC. Peu importe, rétorque le géant du stockage, qui ne croit pas à la virtualisation ?” en tout cas, pas lorsqu’elle est pratiquée par un tiers. “L’administrateur veut savoir où sont physiquement stockées ses données. Car, en cas de problème, il fait valoir un contrat de service auprès de son fournisseur. Ce schéma est en partie remis en cause avec la virtualisation, rappelle Alain Le Prado, directeur marketing chez EMC. Et si effectivement les utilisateurs gagnent leur indépendance vis-à-vis d’un constructeur, c’est pour la perdre au profit d’un éditeur de virtualisation.”

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Vincent Berdot