Cela faisait quinze ans que Qualcomm attendait de percer sur ce marché : début janvier, la Chine a inauguré un réseau de téléphonie mobile utilisant la norme CDMA développée par l’Américain, qui peut désormais compter sur de solides retombées financières. Objectif de la compagnie China Unicom, qui a investi 24 milliards de yuans (3,35 milliards d’euros) dans la construction de ce nouveau réseau : 8 millions d’abonnés la première année, 50 millions sous trois ans. Un pari qui est loin d’être gagné, d’abord parce que le prix des combinés proposés sur le marché est quasiment le double de celui des appareils GSM fabriqués en masse depuis des années en Chine. Ensuite parce qu’il n’y a aucune incitation financière à préférer le réseau CDMA au GSM, établi depuis plus longtemps et jouissant d’une meilleure couverture du territoire : les prix de l’abonnement et des communications, fixés par l’autorité gouvernementale, ne changent pas.Unicom, deuxième opérateur de téléphonie mobile du pays après China Mobile, axe sa campagne de promotion sur une meilleure qualité du son (qui semble une réalité) et sur de moindres radiations, donc moins de risques pour la santé (ce qui semble moins sérieux). Mais l’argument choc, celui des revendeurs dans les boutiques Unicom, est celui du snobisme : le CDMA vise l’élite, celle qui peut se le permettre… Dans un pays où les nouveaux riches veulent que ça se voie, un téléphone CDMA risque de devenir une signature sociale, au même titre que la voiture haut de gamme ou des vêtements siglés.Un opérateur étranger qui a acheté un de ces appareils pour le tester reconnaît volontiers une bonne qualité de son, mais critique vertement Unicom pour la faible qualité de son service aux clients, et surtout pour sa publicité mensongère. Aucun des services vantés par les vendeurs n’existe encore, mais il faut essayer l’appareil pour s’en rendre compte… Un vendeur a même affirmé que le CDMA correspondait déjà à la troisième génération de mobiles, ce qui n’est évidemment pas le cas.Dans ces conditions, les analystes sont sceptiques sur la réussite commerciale rapide de ce nouveau réseau, et le cours de l’action Unicom à la Bourse de Hong-Kong s’en est ressenti. D’autant, souligne un opérateur étranger, que le numéro 2 du portable chinois a été obligé de doubler son réseau technique, commercial et marketing, pour faire face à cet autre système : un gaspillage d’argent et d’énergie. “Aucune autre société de télécoms au monde n’opère deux systèmes différents “, souligne cet opérateur.
Un réseau diplomatique
Pourquoi la Chine, qui compte déjà 145 millions de portables GSM, a-t-elle jugé utile de créer un nouveau réseau utilisant une autre norme ? La réponse est avant tout diplomatique : selon la plupart des experts à Pékin, il s’agit d’une concession faite aux Américains lors de la négociation de l’entrée de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Bill Clinton a fait lourdement pression sur la Chine et décroché ce beau cadeau fait à Qualcomm, qui en avait bien besoin… CDMA ou CQFD ?
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