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Un nouveau protocole pour le web par satellite

Retenez cet acronyme : UDLR, ou Unidirectional Link Routing. Ce protocole, mis au point en France et devenu un standard, va permettre de faire décoller la diffusion internet par satellite.

Vendredi 12 avril 2002, 20 h 45. Noyé dans le tunnel publicitaire qui suit le journal télévisé, le spot du dernier jeu pour la X-box retient pourtant l’attention des détenteurs de la console de Microsoft. Une heure plus tard, ils seront un bon millier à le télécharger, en connectant la X-box directement à l’antenne satellite du foyer, celle-là même qui assure la réception des programmes de télévision. À court terme, ce scénario de fiction pourrait bien devenir réalité.
Le satellite n’a pas encore été utilisé au maximum de ses possibilités pour internet, car tout ce qui a été fait jusqu’ici relève du bidouillage“, s’amuse Luc Ottavj, directeur scientifique d’UD Cast. Cette entreprise, qui émane de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), est née en juin 2000, sous l’impulsion de quatre chercheurs. Ces derniers sont à l’origine d’une norme adoptée fin mars par l’IETF (Internet Engineering Task Force, organisme de normalisation des protocoles utilisés sur internet) : l’UDLR, ou Unidirectional Link Routing, qui permet d’émuler une liaison bidirectionnelle dans les voies d’accès satellitaires.

Un seul émetteur, une multitude de récepteurs

Certes, l’accès à internet par satellite est déjà une réalité. Depuis quelques années, la réception des messages émis par le satellite se fait via une parabole, l’émission des données tran- sitant par une ligne téléphonique classique. De son côté, “ l’UDLR n’implique pas de modification dans l’équipement de base, et l’on conserve une ligne téléphonique pour la voie de retour “, explique Emmanuel Duros, directeur réseau chez UD Cast. Pour ce cofondateur de la société, “ c’est au niveau 2 du modèle OSI que nous intervenons [la couche liaison de données, ndlr], sous la couche IP, pour introduire la bidirectionnalité“. L’intérêt de l’UDLR ne réside donc pas dans l’accès à internet, pour lequel il ne modifie quasiment rien. En revanche, il autorise le déploiement d’offres de services de type multicast, c’est-à-dire la diffusion de contenus d’un seul émetteur vers une multitude de récepteurs.Ainsi, “ l’usage du protocole UDLR permet la mise en ?”uvre d’applications de transfert de données en multicast totalement fiables et ceci quelque soit le nombre de receveurs“, précise Emmanuel Duros. La différence se situe au niveau de la voie de retour : un plus grand nombre de données ?” notamment, des informations sur l’état des documents reçus ?” peut être transmis directement vers l’émetteur. Ces informations permettent de fiabiliser les transferts en se reposant sur un usage optimisé de codes de correction d’erreur. Les briques logicielles d’UD Cast, dont le développement pourra être confié ultérieurement à d’autres sociétés (l’UDLR est un protocole normalisé), transforment les équipements de réception dans lesquels ils sont installés en véritables routeurs. Ces derniers peuvent ainsi distribuer le contenu reçu sur un réseau local. Les applications sont multiples. Les acteurs des Content Delivery Networks, chargés du transport et de la diffusion de contenus audiovisuels, sont les premiers concernés. Le multicast permet la distribution et l’actualisation de logiciels à une grande échelle.Un groupe pourra ainsi assurer sa communication (documents, visioconférence), ou la mise à jour de ses applications, en une seule émission auprès de l’ensemble de ses filiales à travers le monde. La duplication de sites web, via le multicast par satellite, deviendra plus rapide et moins gourmande en ressources. Qui plus est, le diffuseur n’aura plus l’obligation de subir les coûts liés à l’augmentation de bande passante, nécessaire pour assurer un grand nombre d’émissions. L’e-learning, la vidéo à la demande, les jeux vidéo en ligne, comptent au nombre des diverses applications directement concernées par le déploiement de produits basés sur l’UDLR. Selon Didier Tymen, PDG d’UD Cast, l’enjeu peut également être d’ordre politique : “ Par exemple, la bande passante disponible en Tunisie est de 14 megabits pour l’ensemble du territoire ! Des pays de ce type sont [donc] exclus des beaux discours sur le haut débit. Or, à un moindre coût, les services “multicast” leur sont accessibles grâce à internet par voie satellitaire.

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Christophe Dupont