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Uber veut imposer ses taxis volants comme moyen de transport quotidien

La concurrence fait rage pour développer un système de transport aérien électrique à la demande dans les centres urbains. Uber entend tirer son épingle du jeu grâce à une approche globale et un service accessible financièrement.

Uber ne veut pas se laisser distancier dans la course effrénée qui se joue désormais sur le terrain des taxis volants. Il vient d’annoncer ce jeudi qu’il lancerait prochainement un nouveau centre dédié aux « technologies avancées » à Paris. La mission des ingénieurs sera notamment de plancher sur les systèmes de gestion de l’espace aérien dans le cadre de son programme Uber Elevate. Le PDG d’Uber Dara Khosrowshahi s’est également rendu à Polytechnique pour inaugurer dans ce cadre un partenariat avec la célèbre école d’ingénieurs. L’enjeu est de mettre au point le service UberAir, un nouveau type de transport électrique et aérien à la demande destiné à décongestionner les centres urbains. Après la tenue d’un cycle de conférences sur le sujet au début du mois où il a dévoilé le design de plusieurs concepts, Uber entend donc occuper le terrain médiatique.

Dara Khosrowshahi, le PDG d'Uber, s'est rendu à l'Ecole Polytechnique cette semaine pour annoncer un partenariat avec l'Ecole d'ingénieurs.
Uber – Dara Khosrowshahi, le PDG d’Uber, s’est rendu à l’Ecole Polytechnique cette semaine pour annoncer un partenariat avec l’Ecole d’ingénieurs.

Pas encore de test

Il faut dire qu’il est loin d’être le seul sur ce terrain : la société chinoise Ehang a commencé à faire tester ses vols autonomes par de vrais passagers, la start-up allemande E-volo a fait son show lors du dernier CES avec le vol de son Volocopter lors d’une keynote… et Airbus n’est pas en reste avec ses premiers vols d’essai effectués par son prototype Vahana au mois de février dernier.

Et pendant ce temps, pas d’expérimentation de la part d’Uber. Alors, est-il en retard par rapport à ses concurrents ? Lorsqu’on lui pose la question, le directeur des programmes d’aviation d’Uber Eric Allison, répond très sereinement.  « D’une part, nous pensons fondamentalement que ce n’est pas un marché qui peut être développé par un seul acteur », nous a-t-il confié. « D’autre part, notre stratégie est de penser global, avec tout un écosystème en tête. Nous nouons donc des partenariats avec différents fournisseurs et constructeurs pour développer plusieurs prototypes à la fois et développer parallèlement tout un réseau de transport », ajoute-t-il.

Le directeur des programmes d’aviation d’Uber Eric Allison.
01net.com – Le directeur des programmes d’aviation d’Uber Eric Allison.

Au lieu de se précipiter sur le développement rapide d’un modèle fonctionnel de drone capable de transporter des passagers en toute autonomie comme l’a fait Ehang, Uber préfère faire progresser ensemble tous les aspects du service : les infrastructures, l’intégration dans le trafic aérien, la sécurité, le système de navigation et même la politique commerciale. Tout en s’appuyant dans chaque domaine sur des partenaires spécialisés : la NASA pour la gestion du trafic, l’armée américaine pour les rotors, Embraer et Karem Aircraft pour les véhicules, E-Moli pour les batteries ou encore Pipistrel pour le système de propulsion… Rien que pour concevoir les Skyports, les sites d’où décolleront et atterriront les véhicules, Uber a sélectionné six concepts de cabinets d’architecte.

Un exemple de ce à quoi pourrait ressembler un Skyport dans le futur.
Uber/Gannett Fleming – Un exemple de ce à quoi pourrait ressembler un Skyport dans le futur.

Plusieurs modèles de référence

Même chose pour les véhicules. Le cahier des charges, c’est de concevoir ce que les professionnels de l’aviation appellent un eVTOL (electric vertical take-off and landing), soit un aéronef électrique avec décollage et atterrissage vertical comme un hélicoptère. Le modèle dévoilé par CNBC au début du mois est un quad tiltrotor baptisé Butterfly avec quatre rotors montés sur les ailes et la queue permettant une ascension efficace et un vol relativement silencieux, si l’on en croit le communiqué. Mais Uber se montre très prudent sur le sujet.

Le modèle de référence Butterfly développé par Karem Aircraft.
Uber/Karem Aircraft

« Nous ne considérons pas cela comme un prototype. A ce stade, nous préférons parler de modèle de référence et nous en avons plusieurs », nous explique Eric Allison. « Il faut les envisager comme l’équivalent de concepts cars pour l’automobile. L’idée n’est donc pas de construire le véhicule avec ce design exact ni de l’utiliser tel quel pour faire les tests mais de s’en servir comme un démonstrateur », nous prévient-il encore. Les spécifications techniques sur le poids, la taille, l’autonomie et le nombre de passagers sont donc amenées à évoluer. Dans les premiers temps, ces drôles de drones seront pilotés mais le but est bien de les faire circuler à terme de manière autonome.

Les véhicules ne seront pas autonomes au début. Un pilote sera encore à bord pour le lancement du service.
Uber – Les véhicules ne seront pas autonomes au début. Un pilote sera encore à bord pour le lancement du service.

Uber a des idées très précises sur la façon dont les gens pourront utiliser le service. Comme on peut le voir dans cette vidéo ci-dessous, mise en ligne l’année dernière, vous commanderez un UberAir depuis la même application mobile que pour un chauffeur de voiture. Cette dernière vous indiquera l’itinéraire et le mode de transport le plus adapté (à pied, en voiture, en transports en commun) pour vous rendre au Skyport le plus proche. Même chose depuis le Skyport de votre arrivée jusqu’à votre destination finale.

Pas question d’en faire un service de luxe. « UberAir sera un service de tous les jours. Nous espérons à terme pouvoir faire baisser les prix de manière à ce que cela ne coûte pas plus cher qu’un trajet en Uber », promet encore Eric Allison. Dallas et Los Angeles feront partie des premières villes à inaugurer le service, ainsi qu’une troisième cité ailleurs dans le monde. Uber a lancé un appel à candidatures pour la sélectionner.

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Amélie CHARNAY