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Tristes tropismes

Trois lettres majuscules dominent la littérature économique ces temps-ci : U, V, W. Il s’agit, vous l’avez compris, de caractériser la nature des cycles que nous…

Trois lettres majuscules dominent la littérature économique ces temps-ci : U, V, W. Il s’agit, vous l’avez compris, de caractériser la nature des cycles que nous subissons (on est toujours victime d’un cycle, jamais acteur !) et la qualité de la reprise qui peut s’ensuivre.En U, la descente est brutale, l’économie reste longtemps au fond, puis ça repart doucement avant de s’accélérer. En V, la chute est vertigineuse, mais le rebond tout aussi rapide. En W ?” le plus mauvais scénario ?”, ça s’en va et ça revient, comme dirait la chanson. Cette simplicité des signes cache le désarroi profond des esprits.En une semaine, on peut lire tout et son contraire dans la presse quotidienne : un jour, les Américains perdent confiance ; le lendemain, ils retrouvent le sourire grâce aux prévisions légèrement optimistes d’Alan Greenspan, le patron de la FED (la Banque fédérale centrale des Etats-Unis), célèbre pour son adresse à des journalistes lors d’une conférence de presse : ” Si vous m’avez bien compris, c’est que je me suis mal exprimé. “Pauvre Greenspan ! Il ne peut plus froncer un sourcil sans que cela déclenche des mouvements de fonds hystériques. A l’origine boursier, le yo-yo est devenu un art de vivre et de penser. Il faut s’habituer à vivre souplement dans un monde où tout change tout le temps, nous préviennent les sociologues.Peut-être. Mais on peut aussi rétorquer que les bonnes vieilles règles paraissent immuables, comme l’actualité nous le prouve tous les jours : on ne trafique pas ses comptes impunément ?” n’est-ce pas, Enron ? ?”, on ne garde pas ad vitam aeternam des actifs survalorisés ?” Vivendi ?”, on ne se fabrique pas un avenir serein à coups d’endettement colossal ?” France Télécom ?”, etc.L’informatique d’entreprise, qui est par définition structurante, va avoir du mal à se développer dans un tel environnement. Mais gardons l’espoir ! Car, comme le disait avec raison Francis Blanche : “Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement.”

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Luc Fayard, directeur de la rédaction