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Très attendu, Itanium ne fera qu’un rapide passage

Considéré comme un point d’entrée dans le 64 bits, le nouveau processeur d’Intel n’adressera qu’un public restreint, à savoir ceux qui veulent porter, tester et valider leurs applications sous IA64. Mais le véritable démarrage de cette architecture se fera en 2002 avec l’arrivée du processeur McKinley.

Initié en 1994, dévoilé en 1999 et promis pour 2000, le projet IA64 voit enfin le jour, avec la disponibilité en volume du processeur Itanium. Mené par Intel, ce projet consiste en un processeur de nouvelle génération utilisant un jeu d’instructions 64 bits, appelé Epic (Explicitly parallel instruction computing) et codéveloppé par HP et Intel. Il s’agit, pour le géant des semi-conducteurs, d’un premier pas dans l’univers 64 bits, là où Sun Microsystems, avec l’UltraSPARC III ; IBM, avec son Power ; HP, avec son PA-Risc ; et Compaq, avec ses processeurs Alpha, ont déjà une certaine expérience.

Itanium empiétera, à terme, sur le marché du Xeon

Avec cette nouvelle architecture, Intel s’attaque de front aux marchés des serveurs Risc, présents notamment sur la partie back-office des entreprises. Toutefois, bien que jugé comme “complémentaire et non concurrent” par Jamel Tayeb, responsable du programme technique pour l’Europe de l’Ouest et du Sud chez Intel, Itanium risque surtout d’empiéter sur les parts de marché du Xeon.IDC prévoit que le point de bascule entre IA64 et IA32 s’opérera en 2004. Les ventes en 2002 ne devraient pas dépasser 9 milliards de dollars contre 28 milliards pour les architectures 32 bits, 2001 ne voyant qu’un décollage en douceur du fait, entre autre, de la non-disponibilité de systèmes d’exploitation et d’applications idoines.“Les machines Itanium ne sont pas destinées à une commercialisation forcenée”, précise Jean-Paul Simoen, chef produit xSeries chez IBM. Il s’agit essentiellement d’un point d’entrée dans le 64 bits et d’une plate-forme de portage d’applications. Et, c’est son successeur, McKinley, prévu pour courant 2002, qui sera la plate-forme 64 bits de production destinée aux clients finaux.Itanium n’est dévolu qu’à un public restreint. Éditeurs et ISV s’intéressent à ses capacités d’adressage mémoire, et la communauté scientifique est sensible à sa puissance de calcul en virgule flottante. Mais il est surtout question, pour eux, d’accélérer le portage de leurs applications en 64 bits afin que leur disponibilité coïncide avec la sortie de McKinley.

Des processeurs obsolètes d’ici à un an

Se pose alors la question de la pérennité des investissements, matériels du moins, autour des processeurs Itanium. Vendus entre 1 177 $ (Itanium 733 MHz, 2 Mo de cache) et 4 247 $ (Itanium 800 MHz, 4 Mo de cache) par mille unités, ces processeurs seront visiblement obsolètes d’ici à un an. François Argouges, responsable produit chez HP France, enfonce le clou en affirmant que le processeur McKinley sera deux fois moins cher et deux fois plus performant. Ce discours ne peut rassurer que les clients qui peuvent attendre que le sous-ensemble, matériel, système d’exploitation et applications migre en 64 bits et fasse la preuve de sa stabilité et de ses performances. “Les ventes en volume d’architecture 64 bits se feront sur McKinley et non sur Itanium”, conclut François Argouges.Les bénéfices de ce processeur en termes de performances, d’adressage mémoire et de calcul flottant reposent sur le triptyque 64 bits processeur, système d’exploitation et applications. Et c’est là que le bât blesse. Si les plates-formes matérielles sont prêtes, ce n’est pas le cas des nombreux systèmes d’exploitation 64 bits capables d’exploiter Itanium. Qu’il s’agisse de Linux ou de Whistler, on est encore loin de la version finale. Alors, pour pallier ce retard, les uns comme les autres proposent des versions bêta de leur système. C’est le cas de Red Hat avec une version 64 bits, Red Hat 7.1 ; et de Microsoft, avec une version limitée non finalisée, Whistler Advanced Server Limited Edition 64 bits. Des versions qui n’ont pas d’autre objectif que de “permettre aux développeurs de commencer à travailler sur le portage des applications”, affirme Alexis Oger, chef de produits chez Microsoft.HP se vante d’avoir un système d’exploitation finalisé en version 64 bits, HP-UX 11i v. 1.5, mais il ne s’agit que d’une recompilation des sources visant à tirer parti du jeu d’instructions Epic.

La guerre entre les systèmes Unix 64 bits

IBM, de son côté, vante les mérites de sa plate-forme AIX 5L, ex-projet Monterey. “Ce système d’exploitation a été conçu spécifiquement pour les environnements 64 bits, et tournera aussi bien sous IA64 que sous les puces PowerPC d’IBM. AIX 5L est notre OS Unix stratégique “, affirme Christine Lhoste, chef de produits Unix chez IBM.La guerre est bel et bien lancée entre les deux systèmes Unix 64 bits. HP soutient que son Unix a déjà fait la preuve de sa robustesse et de ses performances, alors que AIX 5L est un système entièrement nouveau avec tout ce que cela peut impliquer. “ Nous avons un souci de continuité et d’évolution en douceur très fort, rétorque Christine Lhoste. C’est pour cela que nous avons toujours souhaité conserver une parfaite compatibilité binaire entre AIX 4.3 et AIX 5L.” IBM se targue également d’avoir un système d’exploitation intégrant toutes les API Linux, ce qui permet par simple recompilation de faire tourner toute application Linux sous AIX 5L. Avec l’arrivée d’Itanium, il est urgent que les chantiers autour des systèmes d’exploitation se concrétisent rapidement, sinon c’est même McKinley qui risque d’en pâtir.

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Nicolas Belot